L'État renouvelle totalement sa communication visuelle
Les circulaires du Premier ministre avec, en en-tête, les mots « Le Premier ministre » inscrits en élégantes lettres cursives bleues ont vécu. Place désormais à un graphisme plus efficace, plus moderne, et surtout harmonisé pour l’ensemble de la communication de l’État. C’est ce que le gouvernement appelle « la nouvelle stratégie de marque » de l’État : toute la communication, depuis les ministères jusqu’aux préfectures, mais aussi « les administrations centrales, leurs directions, les délégations interministérielles, les ambassades et l’ensemble des services déconcentrés » doit désormais se faire selon la même charte graphique.
Objectif, selon une note du Premier ministre : « Rendre l’action de l’État et de ses opérateurs plus lisible » : « Partout où l’État est présent, agit et finance, quelle que soit l’administration responsable, sa présence doit être clairement indiquée ».
L'idée d'un « logo » commun pour les services de l'État n'est pas nouvelle : elle a été instaurée à la fin des années 1990. Mais, d'une part, elle ne s'est pas imposée dans tous les services (par exemple ceux du Premier ministre). Et, d'autre part, il restait permis aux ministères qui disposaient de leur propre logo de l'apposer en dessous de celui de la République. Par ailleurs, les polices de caractère utilisées pouvaient varier d'une administration à l'autre. Tout cela est terminé : toutes les administrations et structures – à part la présidence de la République – seront traitées à la même enseigne.
Nouveau « bloc-marque »
Le plus visible dans cette réforme de la communication de l’État sera le nouveau « bloc-marque » qui devra obligatoirement figurer en haut à gauche de tout document émanant de ses services, composé d’une Marianne, d’un intitulé et de la devise de la République.
L'en-tête du Premier ministre, avant et après. © Maire info
Le « logo » de la République française, le profil de Marianne sur fond de drapeau tricolore, a été refait : il a été agrandi, ses couleurs sont plus vives. Le profil de Marianne, jusqu’ici coupé au niveau du cou, est désormais visible presque jusqu’à l’épaule, pour le rendre « plus dynamique » et « accentuer son humanité ».
Sous la Marianne figurera l’intitulé de la structure dont émane le document (ministère, direction, préfecture, etc.), en lettres capitales et grasses, utilisant une police de caractères « propriétaire », c’est-à-dire spécialement conçue pour cet usage et utilisable par les seuls services de l’État. Cette police est baptisée, elle aussi, Marianne. Avec un peu de retard sur le reste de la société, le gouvernement adopte enfin une police de caractère dont les lettres capitales sont accentuées.
Une graphie particulière, réalisée « à la main », « entre héritage et modernité, marque d’audace en même temps que marque d’élégance et d’excellence à la française » … Ce n’est pas une publicité pour un article de haute couture, mais bien la description de la nouvelle graphie que l’État utilisera désormais pour la devise de la République. Elle figurera désormais toujours sur trois lignes (« pour être plus lisible et fonctionnelle » ) et non plus sur une seule comme aujourd’hui. Les mots « République française » ne figurent plus dans ce « bloc-marque ».
L'en-tête du ministère de l'Intérieur, avant et après. © Maire info
Réseaux sociaux
Sur un site internet dédié, le gouvernement donne l’ensemble de sa nouvelle charte graphique et tous ses usages : courriers, documents, powerpoints, mais aussi réseaux sociaux, de twitter à Instagram.
La refonte ne concerne pas seulement les aspects graphiques. Le gouvernement veut aussi que les services de l’État soient mieux identifiés sur les réseaux, et fixe des règles précises sur les noms des comptes, par exemple twitter, de ces services. Tous les comptes des préfets devront s’appeler uniformément @prefet suivi du numéro du département (@prefet06 ou @prefet77). Tous les comptes des directions générales des adminisitrations centrales devront se composer du sigle DG suivi « de la fonction principale de leur administration en un mot » (@DGTresor, @DGFinances).
Le seul chapitre qui n’est pas abordé sur ce site est celui des adresses mail – ce qui constituera peut-être un autre chantier. Il y aurait pourtant beaucoup à faire en la matière tant les adresses mail des ministères sont souvent incompréhensibles et génératrices d’erreurs du fait de leur complexité.
Rédaction
Enfin, le gouvernement dispense à tous les services de l’État – ministères compris – un certain nombre de conseils – voire de préconisations – en matière de rédaction, sous la forme d’une nouvelle « charte des grands principes rédactionnels ». Partant du constat que « les Français ont exprimé des difficultés à identifier et comprendre l’action gouvernementale », il est demandé à chacun de faire un effort de rédaction pour « plus de simplicité, de clarté et de proximité ». « Pas de conditionnel, pas de forme passive, pas de phrase ambigüe, pas de termes imprécis ! », prône le gouvernement. Les formes impersonnelles doivent être proscrites : la charte préconise ainsi de ne plus écrire « il est recommandé » mais « M. X, directeur général, vous recommande… ».
La charte recommande aussi de suivre les préconisations du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes en matière de féminisation, c’est-à-dire de féminiser, notamment, les fonctions à chaque fois que c’est possible : « Mme la cheffe de bureau, la ministre, la sénatrice ». Donc, naturellement : Mme la maire.
Enfin, le gouvernement demande instamment que soient évitées les tournures complexes, le jargon et les mots incompréhensibles du commun des mortels. Une dernière recommandation : « Évitez les mots étrangers sauf s’ils sont bien connus ». Une préconisation qui n’est pas encore totalement intégrée par les ministres, semble-t-il : hier, dans la presse, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a décrit l’épidémie de coronavirus comme « un game changer dans la mondialisation ».
Franck Lemarc
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