Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 24 septembre 2024
Gouvernement

Gouvernement : une nouvelle équipe aux manettes pour gérer la santé et le social 

Michel Barnier a choisi de mettre en place une nouvelle architecture pour gérer le secteur santé et social au sein de son gouvernement. Présentation des protagonistes. 

Par Franck Lemarc

Dans le gouvernement de Gabriel Attal, il avait été choisi de confier à Catherine Vautrin un super-ministère regroupant le travail, la santé et les solidarités. Catherine Vautrin était aidée de trois ministres délégués ou secrétaires d’État, pour la santé et la prévention, les personnes âgées et les personnes handicapées, et enfin l’enfance, la jeunesse et les familles. 

Ce super-ministère, comme toujours, présentait le risque de trop de dilution et de voir certains sujets moins bien traités que d’autre.

Retour des ministres de plein exercice

Michel Barnier a rebattu les cartes pour privilégier une organisation plus classique, où la santé et le travail, notamment, sont décorrélés. L’ancien ministère de Catherine Vautrin a été découpé en trois : il y a à présent une ministre de la Santé et de l’Accès aux soins (Geneviève Darrieussecq), un ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes (Paul Christophe) et une ministre du Travail et de l’Emploi (Astrid Panosyan-Bouvet). À quoi il faut ajouter une ministre déléguée chargée de la Famille et de la petite enfance (Agnès Canayer) et une secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes (Salima Saa). 

Les associations n’ont pas manqué de remarquer avec un certain désarroi que le dossier du handicap a totalement disparu de ce casting, ce qui est plus que surprenant au sortir des Jeux paralympiques qui ont tant fait pour donner une nouvelle image, plus inclusive, du handicap. 

Santé et solidarités : deux ministres expérimentés

Geneviève Darrieussecq (MoDem), qui écope de la Santé, est médecin de profession. C’est une des figures les plus constantes du paysage ministériel de ces dernières années, puisqu’elle a été ministre sans discontinuer de 2017 à juillet 2023. Ancienne maire de Mont-de-Marsan – où elle exerçait à l’hôpital de la ville –, elle a été présidente de la Fédération hospitalière de France de la région Nouvelle-Aquitaine.

Cette ministre jusqu’à présent plutôt discrète va être confrontée à des dossiers extrêmement sensibles et complexes : chargée de l’accès aux soins, elle hérite de la question des déserts médicaux, qui est au premier rang des préoccupations des habitants comme des maires. Et dans une période de disette budgétaire, où il est à redouter des économies massives sur le budget de la Sécurité sociale. Elle sera également comptable des promesses faites par le précédent gouvernement aux médecins libéraux, et devra gérer le conflit entre hôpitaux publics et privés sur les tarifs hospitaliers et à la récente fronde des laboratoires médicaux, qui étaient en grève ces jours derniers.

Quant à Paul Christophe (Horizons), ministre dont le portefeuille inclut les solidarités, l’autonomie et l’égalité femmes-hommes, c’est lui aussi un ancien maire (de Zuycoote, dans le Nord, pendant près de dix ans). Il a également été conseiller départemental et député. Paul Christophe connaît également de près le monde des collectivités d’un point de vue professionnel, puisqu’il a exercé comme directeur général des services dans la commune de Téteghem. Il ne manque pas d’expérience sur le sujet qui va l’occuper au ministère, ayant été un membre actif de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale (et même brièvement son président depuis les nouvelles élections). Il a été directement l’auteur de plusieurs propositions de loi dans ce champ, dont celle (adoptée) « visant à renforcer la protection des familles d’enfants touchés par une affection de longue durée ». 

Face aux protestations sur la disparition de l’intitulé du handicap dans son portefeuille ministériel, Paul Christophe a assuré hier qu’il a « toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive. Ce n’est pas demain que cela va changer. » 

Le dossier brûlant du service public de la petite enfance pour Agnès Canayer

Agnès Canayer a été chargée d’un ministère délégué de la Famille et de la Petite enfance. Chacun aura noté le changement de terme : les précédents gouvernements avaient des portefeuilles dédiés « aux familles », au pluriel, notamment depuis l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Ce n’est évidemment pas un hasard si le gouvernement Barnier revient sur cette évolution, préférant privilégier une expression marquant une vision plus traditionnelle de la famille.

La sénatrice LR de la Seine-Maritime a été adjointe au maire du Havre. Au Sénat, cette bonne connaisseuse des collectivités était vice-présidente de la délégation aux collectivité territoriales et à la décentralisation – elle s’est notamment beaucoup impliquée dans le dossier des communes nouvelles. 

Agnès Canayer hérite d’un portefeuille difficile, notamment sur le sujet de la petite enfance, au moment où se met en place le SPPE (service public de la petite enfance), sujet sur lequel elle sera extrêmement attendue par les maires. Elle sera également chargée de trouver une solution à la crise du recrutement dans ce secteur, où l’on estime qu’il manque quelque 10 000 professionnelles. Sa nomination, hasard du calendrier, intervient quelques jours à peine après la parution d’un livre sur les dérives des crèches privées, problématique qu’il lui échoira donc de déminer. 

Enfin, Salima Saa (LR), peu connue du grand public, a été placée comme secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Cette ancienne cadre supérieure des groupes Véolia et Transdev présente la particularité, rare dans ce gouvernement, de n’avoir jamais été élue. Elle a revanche été brièvement préfète de la Corrèze entre 2020 et 2022, période pendant laquelle est a été très appréciée par les élus. Salima Saa a également été présidente de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances entre 2011 et 2012. 

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