Aucun déblocage de la situation politique à l'horizon
Par Franck Lemarc
François Bayrou s’est rendu deux fois à l’Élysée, hier, pour discuter avec le chef de l’État de la composition du gouvernement – ce dernier se montrant assez pressant sur le sujet. Les relations semblent déjà tendues entre les deux hommes, Emmanuel Macron n’ayant guère apprécié de s’être fait forcer la main par François Bayrou pour le nommer à Matignon, et ne pouvant que constater que le mandat du nouveau Premier ministre a commencé par l’épisode désastreux, pour l’opinion publique, du conseil municipal de Pau lundi soir.
François Bayrou, qui reçoit depuis lundi les responsables des formations politiques, a dit hier « espérer » pouvoir présenter un gouvernement « dans les jours qui viennent », avant de se reprendre en disant « je sais que ce sera dans les jours qui viennent ».
Positions bloquées
Mais avec qui ? La séance de « questions au Premier ministre » qui a eu lieu hier à l’Assemblée nationale ne laisse guère d’espoir de voir s’estomper les clivages qui ont précipité la fin du gouvernement Barnier – chaque camp restant fermement campé sur ses positions.
Les questions posées par les différents présidents de groupe, hier, sont finalement plus instructives que les réponses, très générales, données par le Premier ministre. Elles montrent que la situation n’a pas évolué d’un iota depuis la censure. Pour le RN, Laure Lavalette a lancé à François Bayrou : « Vous connaissez nos positions et nos lignes rouges. » Pour Les Républicains, Vincent Jeanbrun a confirmé que son parti s’opposerait à toute hausse de fiscalité et n’accepterait qu’un budget qui permette de « faire des économies ».
Pour le groupe Horizons, au centre droit, il est également hors de question « de taxer toujours plus » et il faut « trouver 60 milliards d’euros » d’économies. Dans ce contexte, « aucune ligne rouge ne doit être édictée ».
Seul le Parti socialiste, par la voix de Boris Vallaud, a fait montre d’une mince ouverture, au moins dans la forme : « Notre devoir est de chercher, dans l’intérêt du pays, un chemin de stabilité et de progrès, d’être des parlementaires adultes à la recherche de majorités texte par texte. (…) Serez-vous ouvert au compromis, disposé à autre chose qu’à la défense, ‘’quoi qu’il en coûte’’, du bilan d’Emmanuel Macron ? ». Autrement dit, les socialistes excluent toujours de participer au gouvernement ou même de le soutenir sans participation – Boris Vallaud a clairement dit que le PS serait « une force d’opposition » – mais n’excluent pas, au cas par cas, de voter des textes du gouvernement.
Dans ces conditions, la perspective du « gouvernement de coalition » souhaité par Emmanuel Macron est plus éloignée que jamais, et l’on a toujours le plus grand mal à imaginer comment il va être possible d’adopter un budget dans les mois qui viennent.
La chèvre et le chou
Quant aux réponses de François Bayrou, elles sont restées suffisamment générales pour ne froisser personnes – le Premier ministre a d’ailleurs insisté, dans sa réponse au Rassemblement national, sur le fait qu’il entendait « respecter chacune et chacun de ceux qui siègent sur ces bancs, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique ».
François Bayrou a dû plusieurs fois se justifier sur sa présence au conseil municipal de Pau, lundi soir, rappelant curieusement aux députés que « Pau, c’est en France », et commettant au passage un malencontreux impair pour justifier le fait qu’il ne se rende pas avec Emmanuel Macron à Mayotte : « Il n’est pas d’usage que le Premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national », a lâché François Bayrou, semblant oublier que Mayotte fait bien partie du « territoire national ».
Pour ce qui concerne le budget enfin, le Premier ministre n’a pas donné d’indications sur ses intentions. En répondant à un député « notre réussite ne peut passer uniquement par des impôts supplémentaires : nous devons envisager des économies », il a tenté de ménager la chèvre et le chou. Pas sûr que cela suffise à réconcilier une Assemblée nationale plus divisée que jamais.
On en saura plus sur ses intentions lors de son discours de politique générale, qui devrait être prononcé le 14 janvier. À condition, bien sûr, qu’un gouvernement ait été nommé d’ici là.
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