Gérald Darmanin veut donner des moyens aux élus pour « prendre leurs responsabilités » face aux « séparatismes »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et sa ministre déléguée, Marlène Schiappa, donnent ce matin, dans une longue interview au Parisien, leur programme d’action pour les mois à venir. Lutte contre la drogue, présence policière renforcée, projet de loi contre le séparatisme, interdiction à venir de la vente des cartouches de gaz hilarant… tour d’horizon des projets du ministère de l’Intérieur.
Lutte contre les stupéfiants : « l’alpha et l’oméga »
« La drogue, c’est de la merde. » L’ancien maire de Tourcoing ne mâche pas ses mots pour évoquer ce fléau qui « finance le crime organisé et tue la vie [sic] de milliers de personnes ». Aussi la lutte contre les stupéfiants sera « l’alpha et l’omega » de la politique du ministère, en allant « des gros réseaux jusqu’au bout de la chaîne, c’est-à-dire le consommateur ». Gérald Darmanin fait un premier bilan de l’expérimentation (dans cinq communes) d’une amende forfaitaire de 200 euros pour les consommateurs de cannabis, généralisée depuis le 1er septembre : en deux mois « 558 amendes » ont été dressées, bilan jugé « très probant ». Le ministre estime que cette mesure, destinée à « désengorger les tribunaux » , devrait être étendue à « d’autres faits », comme « l’occupation illégale des halls d’immeubles ».
Bilans mensuels
Les deux ministres insistent sur leur volonté de « remettre du bleu dans la rue », c’est-à-dire de multiplier le nombre de policiers en tenue. « La France est malade de son insécurité », estiment-ils, et c’est « ce que disent les Français ». Pour mieux communiquer sur les actions du ministère de l’Intérieur en matière de sécurité, un bilan chiffré mensuel sera désormais effectué, lors d’un point presse, à la fin de chaque première semaine du mois. Lors de ce point presse, des chiffres seront donnés sur « la lutte contre les stupéfiants, les chiffres des violences conjugales et intrafamiliales, les heures de patrouilles pédestres sur la voie publique, le nombre de dérives sectaires… ». « Si on met en place des dispositifs mais que les gens ne le savent pas, ils ne peuvent pas y avoir recours », martèle le ministre.
Protoxyde d’azote : bientôt la fin
Sur un sujet qui empoisonne la vie de nombreux maires, le ministre de l’Intérieur se montre clair : l’utilisation des cartouches de protoxyde d’azote (gaz hilarant) va être « purement et simplement interdite ». Le Sénat, rappelons-le, déjà proposé l’interdiction de la vente de ce produit aux mineurs, en décembre dernier. Mais le gouvernement a soulevé un problème juridique : le protoxyde d’azote n’est, à ce jour, pas illégal. C’est probablement cela qui va changer – le ministre attend sur ce sujet les « propositions » de son administration.
« Séparatismes » : de nouvelles armes pour les élus
Les deux ministres s’expriment également sur le projet de loi sur le « séparatisme » annoncé au printemps dernier . Première mesure : le gouvernement veut faire en sorte que « plus un euro d’argent public » ne soit versé à des associations « ennemies de la République ». Les associations (« sportives, culturelles ou autres » ) devraient désormais être contraintes de signer un « contrat d’engagement sur la laïcité » pour pouvoir obtenir des subventions. Il s’agit, pour Gérald Darmanin, de « donner un vrai cadre législatif » à « des élus qui ont tenté de mettre en place des chartes pour empêcher le financement public de certaines associations ».
Plus généralement, le ministère de l’Intérieur souhaite « permettre aux élus de prendre leurs responsabilités par rapport au séparatisme dans les territoires ». Estimant que certains élus sont « très courageux » mais que d’autres « font preuve d’une grande lâcheté » sur ces sujets, le ministre veut que tous soient « outillés juridiquement » pour agir. Il compte également serrer la vis sur certaines décisions d’élus locaux jugées attentatoires aux règles de la laïcité et de l’égalité entre les femmes et les hommes : « On va mettre clairement dans la loi qu’aucun élu ne pourra prendre de dispositions pour favoriser l’inégalité entre les femmes et les hommes afin de mettre en place des pratiques communautaires, comme réserver des horaires de piscine à un sexe plutôt qu’un autre ».
Le projet de loi contre le « séparatisme » devrait être présenté à l’automne.
F.L.
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