Égalité femmes-hommes : un rapport recense les initiatives locales inspirantes
Par Lucile Bonnin
Le sexisme est encore largement présent dans la société. Oxfam, dans le cadre de la publication de son rapport dédié à « l’action locale comme levier essentiel de la réduction des inégalités femmes-hommes », rappelle quelques chiffres qui prouvent que beaucoup reste à faire en la matière.
Plus de 60 % des plus pauvres sont des femmes, à l’échelle mondiale le salaire des femmes ne représente que 77 % de celui des hommes, une femme sur 3 a déjà été victime de violences sexistes et sexuelles, les femmes consacrent toujours 2,5 fois plus de temps aux travaux domestiques…
Mais de nombreuses collectivités locales semblent avoir pris la mesure de cette problématique. C’est ce que met en lumière le rapport publié par l’ONG intitulé Territoires féministes : l’action locale comme levier essentiel de la réduction des inégalités femmes-hommes. Ce dernier « montre le rôle essentiel que les collectivités ont à jouer pour développer une approche féministe sur les territoires » par le biais d’initiatives concrètes qui font avancer le combat pour l’égalité.
Lutte contre les violences
« Les élus locaux sont souvent les premières personnes que les femmes victimes de violences sollicitent pour un logement, un emploi ou une aide », peut-on lire dans le rapport. L’échelon local est donc particulièrement pertinent pour agir contre ces violences faites aux femmes qui persistent et font de nombreuses victimes chaque année.
Les auteurs saluent le fait que plusieurs régions et départements ont mis en place des observatoires territoriaux des violences faites aux femmes (par exemple l’Île-de-France, les Pays-de-la-Loire, la Nouvelle-Aquitaine, la Seine-Saint-Denis et l’Allier).
D’autres initiatives intéressantes ont pu être prises à l’échelle d’une commune. Oxfam prend l’exemple de la municipalité de Nantes qui multiplie les actions : ouverture en novembre 2019 d’un lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences (plus de 3 200 femmes accueillies en deux ans) et organisation des « Assises nationales de lutte contre les violences sexistes » en novembre 2022.
Petite enfance
Selon Oxfam, « 20 % des femmes inactives le sont en raison des obligations familiales, 4 fois plus que les hommes les hommes inactifs ». Ainsi, la petite enfance est un enjeu crucial pour lutter contre les inégalités. En France, l’offre de places dans la petite enfance est insuffisante, « puisque 40 % des enfants de moins de 3 ans n’ont aucune solution de garde ». L’ONG tacle au passage « les promesses non tenues d’Emmanuel Macron qui avait annoncé la création de 30 000 places en crèche ».
Pour remédier à cette problématique qui pénalise directement les femmes, de nombreuses collectivités contribuent « à apporter des solutions aux parents ». Par exemple, la communauté de commune de Haute-Cornouaille dans le Finistère a créé « Loustic service », un système d’accueil relais qui permet une garde d’enfants en horaires décalés.
Les collectivités peuvent également jouer un rôle essentiel dans l’éducation « notamment dans la sensibilisation et la formation des personnels éducatifs et périscolaires, ou dans la mise à disposition de matériel pédagogique ne reproduisant pas des stéréotypes sexistes ». La ville des Lilas, en Seine-Saint-Denis a mis en œuvre un projet pour repenser « une cour d'école plus égalitaire », la ville d'Aubervilliers soutient des cycles d'interventions dans les écoles, collèges et lycées sur les discriminations, le sexisme, le racisme et l’homophobie… Les initiatives fleurissent et les maires peuvent faire que les espaces publics et surtout les établissements scolaires ne soient plus des lieux « de différenciation des comportements selon le genre ».
Représentation des femmes
« Je me sentais invisible à Sarcelles, avec ce comité je deviens plus grande que moi-même. » Le témoignage de cette citoyenne montre à quel point il est important de favoriser la participation des femmes à la vie publique. Il y a un an, la ville de Sarcelles a lancé un « Comité des femmes citoyennes » ayant pour objectif de promouvoir l’engagement et la participation des femmes qui sont le plus éloignées de la vie publique.
Le fameux exemple récent de la ville de Pantin, rebaptisée « Pantine » pour un an, est aussi cité dans le rapport. Si les critiques ont été nombreuses, dénonçant la portée uniquement symbolique de la décision du maire, les auteurs reconnaissant que ce type d’initiative témoigne tout de même « d’une volonté de prioriser la question du combat féministe » et de contribuer « à lutter contre l’invisibilisation des femmes ».
Malheureusement la bonne volonté des élus ne peut suffire, et c’est ce qui est pointé à la fin du rapport. En effet, « si les collectivités peuvent mettre en place et réalisent effectivement des actions féministes innovantes permettant de faire progresser l’égalité femmes-hommes, elles n’en ont pas moins des difficultés pour mener leur action. Étant donné l’importance de l’action locale pour l’égalité, la question de la marge de manœuvre, notamment financière, des collectivités, est cruciale ».
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