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Édition du mercredi 26 février 2025
Forêts

Préservation des sols forestiers : le plan d'action soumis à une consultation publique

« Priorité stratégique », la préservation des fonctionnalités des sols forestiers doit se faire grâce à une série d'« actions prioritaires » qui viennent d'être dévoilées. « De quoi planifier notre combat pour leur santé d'ici à 2030 », assure la ministre de la Transition écologique.

Par A.W.

« Il est plus urgent que jamais d’entretenir nos sols forestiers pour préserver leurs fonctionnalités. »  La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé, hier, lors de son déplacement au Salon de l’agriculture, le lancement d’une consultation publique sur le plan d’action pour la préservation des sols forestiers (PASF) et indiqué que le fonds pérenne de renouvellement des forêts sera « alimenté de 135 millions d’euros ». 

Mis en place lors des Assises de la forêt et du bois, en 2021, ce plan vise à « mieux protéger »  les sols forestiers et « garantir leur bonne santé », en fixant le cap pour leur gestion à « horizon 2030 ». Il doit ainsi contribuer à la mise en œuvre des objectifs de la stratégie nationale bas carbone et du plan national d’adaptation au changement climatique. La consultation est ouverte pour une quarantaine de jours, jusqu’au 6 avril prochain.

« Des fonctions vitales pour la société » 

Pourquoi préserver les sols des forêts françaises ? Tout simplement parce que ceux-ci remplissent « des fonctions vitales pour la société », telles que le stockage de carbone, la régulation du cycle de l’eau, la préservation de la biodiversité, tout en permettant la production de bois, comme le rappelle le ministère de la Transition écologique, dans un communiqué publié hier.

Les sols rendent ainsi « une multitude de services écosystémiques »  permettant également « la régulation du climat local et global, de la qualité de l’air, de l’érosion, des glissements de terrain, des maladies, des ravageurs », indique le dossier relatif au plan d’action.

A l’échelle mondiale, « les sols constituent le plus grand réservoir de carbone terrestre ». En France métropolitaine, ils contiennent « un stock moyen de 81 tonnes de carbone par hectare dans leurs 30 premiers centimètres et 9 tonnes de carbone par hectare dans la litière. C’est massif », expliquent les auteurs du dossier, soulignant que les sols forestiers contiennent en France « 2,5 fois plus de carbone organique que les sols cultivés ».

Les sols forestiers jouent ainsi « un rôle crucial pour l’environnement et plus largement pour notre souveraineté économique et énergétique », leur préservation permettant de « garantir une production durable de bois », de lutter contre l’effondrement de la biodiversité et de « soutenir l'atténuation des effets du changement climatique ».

Mais, pour bien remplir leurs « fonctions vitales », les sols doivent être en bonne santé. Ce qui n’est plus vraiment le cas, observent les auteurs de la consultation publique qui font le constat que, « depuis les dernières décennies, […] des transformations significatives affectent la santé des sols forestiers, sensibles à des processus de dégradation principalement liés aux activités humaines »  et au dérèglement climatique.

Les collectivités sollicitées

Pour y remédier et parvenir à préserver les fonctions des sols forestiers, quatre objectifs ont été fixés par le plan d’action : « promouvoir des méthodes de débardage à faible impact », « raisonner le travail du sol avant plantation », « maintenir sur place le feuillage et les souches »  tout en limitant « la récolte de menus bois »  et « garantir la pérennité du couvert forestier en assurant sa reconstitution ».

Ce plan fixe ainsi « le cap à horizon 2030 »  pour améliorer les pratiques de gestion afin de prévenir et réduire les pressions sur les sols forestiers. Pour cela, il identifie une série d’« actions prioritaires »  réparties en cinq axes.

Le premier vise à « connaître et surveiller les sols forestiers »  via la mise en place par l’Ademe d’un appel à projet de « recherche-action »  afin de « mieux comprendre les processus de dégradation ou de restauration et développer des outils d’aides à la décision ». L’objectif est notamment d’identifier les pratiques « à moindre impact ». « Pour passer de la recherche à l’action », l’implication des territoires pilotes et des collectivités est attendue.

Autre axe de travail intéressant les collectivités, l’accompagnement économique des pratiques sylvicoles et des investissements matériels les plus vertueux. « Dans le cadre des discussions sur les dispositifs d’aides relatifs à la planification écologique, que cela soit via des dispositifs État, établissement public ou des collectivités territoriales, l’enjeu sol même s’il ne constitue pas l’objet premier du dispositif d’aide visé, sera pris en compte », assurent les auteurs du dossier, qui demandent également aux collectivités de « développer les paiements pour services environnementaux forestiers dans les territoires »  en « accompagnant la mobilisation de fonds privés […] pour les systèmes permettant une meilleure préservation des sols ».

Les trois derniers axes doivent permettre de « mobiliser le bois avec des pratiques et équipements à faible impact », de « former et sensibiliser sur la gestion durable des sols forestiers »  ou encore d’« encadrer les facteurs de pressions dans les textes de planification forestière, les réglementations et les cahiers des charges ».

S’agissant des financements de ce plan d’action, le ministère rappelle simplement que « les crédits de la planification écologique, les crédits du programme Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales et les crédits du programme Paysage, eau et biodiversité, dans le budget de l’État et ses opérateurs, permettront [d’y] contribuer », en plus « des engagements financiers déjà déployés en faveur de la filière forêt-bois (France 2030, fonds vert, fond pérenne renouvellement forestier) ». Tout comme « la mobilisation des acteurs économiques de la filière forêt-bois, et des fonds de formation continue ».

Si une enveloppe de 135 millions d’euros sera consacrée au fonds pérenne pour le renouvellement des forêts, on peut rappeler que le Fonds vert a, lui, été amputé de moitié dans le budget 2025.

À noter, par ailleurs, que la ministre a annoncé le maintien en 2025 de « l’ensemble des dispositifs prévus et ouverts en 2024 » : « défenses des forêts contre les incendies, forêts en Outre-mer, exploitation et sylviculture performante et résiliente (ESPR) et graines et plants ».
 

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