Fonds interministériel de prévention de la délinquance : les priorités pour 2024
Par Franck Lemarc
Les crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) sont en hausse de plus de 6 % cette année, avec un total de 87,4 millions d’euros (contre 82 millions l’an dernier). C’est ce qui ressort de l’instruction signée par Gérald Darmanin le 13 mars, non encore rendue publique mais publiée hier par nos confrères de la Gazette des communes.
Vidéo-protection
Les Jeux olympiques et paralympiques sont naturellement au cœur des priorités du ministère en matière de sécurité, dans la mesure où ils représentent « une élévation du niveau de menace » et exigeront « une sécurité renforcée », conforme à l’engagement de la France envers le Comité international olympique de garantir « une sécurité totale » pour les athlètes comme pour le public. Un important soutien aux collectivités territoriales reste donc nécessaire pour les aider à « se doter de nouveaux moyens de vidéo-protection en temps utiles ». Les préfets sont donc appelés à flécher « en priorité » les crédits de vidéo-protection « vers les projets associés aux JOP 2024 non finalisés en 2023 ».
En dehors de ces projets, les crédits vidéo-protection doivent principalement aller vers « le déport d’image vers les forces de sécurité, les centres de supervision urbains mutualisés pour les collectivités, le soutien aux dispositifs des contrats de sécurité intégrée, et l'extension du soutien aux lieux de régulation des flux de transport ». Il est rappelé que la règle, pour ces projets, est le co-financement (50 % collectivités, 50 % FIPD), en dehors des projets de déport d’image vers la police et la gendarmerie nationales, qui peuvent « être financés à 100 % ».
Lieux de culte
Autre priorité : la sécurisation des lieux de culte. Le ministre parle d’une action « tous cultes confondus », mais met néanmoins l’accent sur « la très forte hausse des actes antisémites » constatée depuis le 7 octobre dernier. Il convient donc de faire preuve d’une « vigilance renforcée à l’égard des sites de la communauté juive ». Mais les actes antimusulmans progressent également, souligne le ministre, bien que « plus faiblement », là encore particulièrement en novembre et décembre.
Il est demandé aux préfets d’accélérer le financement de la sécurisation des sites « particulièrement fréquentés ou sensibles », et « de veiller à l'équilibre territorial des projets remontés afin d'éviter la concentration des crédits sur une partie seulement des départements concernés ».
Lutte contre les violences
La prévention de la délinquance – dont la prévention « des infractions visant les élus » – reste également « un objectif prioritaire ». Les préfets sont invités à adopter une approche « réactive et ancrée dans les territoires ».
Concernant la prévention de la délinquance des mineurs et des violences collectivités, « les actions visant à rapprocher les jeunes des forces de sécurité, y compris les polices municipales et les services de secours, seront soutenues notamment par le biais de collaborations avec des associations telles que les centres de loisirs jeunes de la police nationale, les associations départementales de cadets de la gendarmerie, ainsi que d'autres associations novatrices ».
Autre action prioritaire : celle contre les violences intrafamiliales. Il est indispensable, pour Gérald Darmanin, de compléter le déploiement des intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie (ISCG), avec une minimum de « deux intervenants par départements » et un objectif de « 600 postes créés d’ici 2027 », soit six par département. Les nouveaux postes d’ISCG seront financés par le FIPD à hauteur de 80 % la première année, 50 % la deuxième et 33 % la troisième. « Une réserve budgétaire centrale sera dédiée pour soutenir les préfectures si les fonds déconcentrés se révèlent insuffisants pour ces deux types de postes », qui peuvent par ailleurs être cofinancés par les collectivités territoriales.
Radicalisation
Enfin, le ministre de l’Intérieur met l’accent sur la nécessité de ne pas baisser la garde sur la lutte contre la radicalisation et les dérives sectaires. « La lutte contre le séparatisme islamique demeure une priorité gouvernementale », et le FIPD peut permettre de financer des actions « de contrôle de la sphère séparatiste ». Les « communautés ou groupes antiautoritaires » doivent également être suivis de près « dès lors que des menaces à l’ordre public sont détectées ».
Les préfets devront également mobiliser des fonds du FIPD pour soutenir, en lien avec la Miviludes, « les projets des associations visant à la prévention ou à la lutte contre les dérives sectaires ».
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