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Édition du lundi 23 mai 2022
Fonction publique

Les agents publics se sont sentis plus sollicités pendant la crise sanitaire, mais aussi plus « utiles »

La DGAFP a publié, vendredi, une étude sur les conséquences de la crise sanitaire sur les conditions de travail des agents publics. Les agents ont constaté, globalement, une intensification de leur charge de travail, mais y trouvent « plus de sens ». 

Par F.L.

L’enquête a été réalisée au premier trimestre 2021, à travers « 23 questions »  posées à 15 000 agents des trois versants de la fonction publique. Elle indique, sans surprise, que les agents de la fonction publique ont davantage ressenti une aggravation de « l’intensité du travail »  que les salariés du privé : « La continuité de service des agents (…), le travail sous pression des personnels des hôpitaux et les évolutions des modes d’enseignement expliquent en partie ce taux élevé d’intensification du travail » , explique la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP). 

« Exigence émotionnelle » 

52 % des agents, tous versants confondus, estiment que « l’exigence émotionnelle »  de leur fonction a évolué durant la crise, et 49 % que l’intensité du travail a augmenté. Un quart d’entre eux a connu une augmentation des horaires décalés et une difficulté plus grande à concilier vie personnelle et vie professionnelle. 

Ces difficultés sont toutefois plus marquées dans la fonction publique de l’État (et en particulier dans le corps enseignant) et dans l’hospitalière que dans la fonction publique territoriale. 

De façon contre-intuitive, l’enquête révèle que ce sont les enseignants qui ont le plus souffert de la crise, professionnellement, davantage encore que les personnels soignants – peut-être plus habitués à des conditions de travail dégradées. La part des agents ayant ressenti une aggravation de l’intensité du travail s’élève à 74 %, quand elle n’est « que »  de 51 % dans la FPH. Autrement dit, la moitié des personnels de santé n’ont pas eu l’impression que leur rythme de travail s’est aggravé pendant la crise, ce qui en dit long sur ce qu’elles étaient avant.

Dans la fonction publique territoriale, 39 % des agents déclarent que l’intensité du travail a augmenté pendant la crise, et 43 % que les « exigences émotionnelles »  ont été plus fortes. « Cet indicateur regroupe deux phénomènes : les tensions avec le public et les situations de vulnérabilité. Les agents se sentent pour 29 % d’entre eux davantage bouleversés, secoués, émus qu’avant », ce qui représente « 9 points de plus que dans le privé ».

Un tiers des agents de la FPT a souffert d’un accroissement du « contrôle hiérarchique » , et un quart de la mise en place d’horaires décalés. 

« Plus utiles » 

S’il y a, en revanche, un effet positif de la crise, c’est d’avoir donné à un certain nombre d’agents davantage de « sens »  à leur travail, les faisant se sentir « plus utiles » . Ce ressenti est particulièrement présent chez les agents de l’hospitalière (42 % des agents estiment que leur travail a pris plus de sens, un peu moins chez les territoriaux (28 %). Un quart des agents de la FPT a ressenti une plus grande « autonomie »  et une amélioration de ses « marges de manœuvre » 

Télétravail, pas si confortable

Les enseignants ont été, plus que les autres, affectés par une « augmentation de la durée du travail »  (29 % l’ont ressentie), du fait notamment de l’obligation d’enseigner à distance. « La moitié des enseignants déclarent devoir penser à trop de choses à la fois, la moitié travailler sous pression et la moitié recevoir des indications contradictoires plus souvent qu’avant la crise. »  À noter également que « près de deux enseignants sur cinq rencontrent des difficultés avec leur équipement informatique, sont mal formés au numérique et peuvent être confrontés au manque d’équipement de certains de leurs élèves ». 

Enfin, il ressort de l’enquête – et ce n’est pas la première fois – que le télétravail entraîne un sentiment de dégradation des conditions de travail chez de nombreux agents : « Le fait de déclarer une dégradation des conditions de travail croît avec le fait de télétravailler au moins un jour par semaine. En effet, 44 % des agents qui télétravaillent au moins une journée déclarent avoir connu une dégradation contre 34 % pour les agents qui ne télétravaillent jamais. »  Un résultat, là encore, contre-intuitif, mais qui pourrait être une intéressante piste de réflexion dans les négociations locales, en cours ou à venir, sur les accords de télétravail dans la fonction publique territoriale. 

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