Les absences ont diminué en 2023 dans la fonction publique
Par Emmanuelle Quémard
Publiée le 15 novembre par la Direction de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), l’édition 2024 du traditionnel et volumineux rapport sur l’état de la fonction publique arrive à point nommé pour cerner la réalité de l’absentéisme au sein de la sphère publique. Ce document, qui compile et analyse les données recueillies dans les trois versants de la fonction publique en 2023, apporte, en effet, un éclairage objectif sur l’absentéisme des agents au moment où le gouvernement souhaite réviser les règles des arrêts maladie dans les services et les administrations de l’Etat, les hôpitaux publics et les collectivités territoriales. Un projet dévoilé par le ministre de la Fonction publique Guillaume Kasbarian le 27 octobre dernier. Ce dernier prévoit notamment de faire passer de un à trois les jours de carence appliqués chez les fonctionnaires et les contractuels (pour aligner le nombre de journées non payées en cas d’arrêt maladie sur celui en vigueur dans le secteur privé) et réduire, ensuite, l’indemnisation journalière des agents publics à 90% de leur salaire.
Alors que ces propositions vont être prochainement débattues au Sénat – après un premier rejet de la version amendée par les députés dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) – le rapport de la DGAFP montre d’abord que les agents de la fonction publique se sont absentés 12 jours en moyenne en 2023, soit 1,7 jour de plus que les salariés du secteur privé (10,3 jours). Cependant, si la durée d’absence recule à la fois dans le privé et dans le public par rapport à 2022, ce recul est plus sensible dans la fonction publique (- 2,5 jours) que dans le secteur concurrentiel (-1,4 jour). Dans le détail, ce sont les personnels de la fonction publique d’Etat (FPE) qui s’absentent le moins. En dehors des enseignants, les absences pour raison de santé des agents de la FPE représentent en moyenne 8,4 jours (9,3 jours pour les enseignants) tandis que l’absentéisme atteint 14 jours dans la fonction publique hospitalière (FPH). Les agents territoriaux sont ceux qui font valoir le plus grand nombre d’arrêts maladie : en moyenne 14,7 jours d’absence ont été enregistrés en 2023 dans la fonction publique territoriale (FPT).
Les femmes plus souvent absentes que les hommes
Le rapport sur l’état de la fonction publique met, par ailleurs, en exergue le lien existant entre les profils des agents publics et leur niveau d’absence au travail pour raison de santé. Ainsi, il apparait que le nombre moyen de jours d’absence est plus élevé pour les femmes que pour les hommes, une donnée qui se vérifie dans les trois versants de la fonction publique (13,4 jours pour l’ensemble des agentes) et que l’on retrouve également dans le secteur privé (11,7 jours chez les salariées).
Concernant les hommes, les niveaux d’absentéisme pour raison de santé sont légèrement plus élevés dans la fonction publique (9,6 jours) que dans le secteur privé (9,1 jours). La DGAFP souligne toutefois que c’est chez les femmes que la durée des absences a le plus reculé entre 2022 et 2023 (-3,3 jours) alors que celle des hommes ne diminue que de - 1,2 jour en un an.
L’âge des agents et les métiers pénibles pèsent sur l’absentéisme territorial et hospitalier
Le document souligne également l’impact de l’âge des agents sur la courbe de l’absentéisme. Il apparait ainsi que les personnels de la fonction publique âgés de plus de 50 ans se sont absentés pour raison de santé 16,4 jours dans l’année, soit une durée deux fois plus importante que celle des agents de moins de 30 ans.
« Au sein de la fonction publique, c’est dans la FPH et la FPT que les femmes et les agents âgés de 50 ans et plus s’absentent le plus pour raison de santé. Les femmes travaillant dans la FPT et la FPH se sont absentées respectivement 15,3 jours et 15,7 jours contre 9,8 jours dans la FPE hors enseignants et 10,8 jours pour les enseignantes », notent les auteurs du rapport.
En se focalisant sur les données concernant spécifiquement les personnels hospitaliers et territoriaux, la DGAFP souligne que la fréquence plus élevée des absences pour raison de santé s’explique en grande partie « par des effets de structure » de ces deux versants qui concentrent un grand nombre de femmes et d’agents plus âgés. En outre, le document pointe les conditions de travail spécifiques et les métiers pénibles que l’on trouve en plus grand nombre dans les hôpitaux publics et dans les collectivités. Des particularités « qui influent sur les absences pour raison de santé : contraintes physiques, horaires de travail atypiques, risques psychosociaux… ».
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