Maire-info
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Édition du jeudi 18 avril 2024
Fonction publique

Le CNFPT choisit Yohann Nédélec comme nouveau président

Le vice-président de Brest Métropole, adjoint au maire de Brest, a été élu président du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) ce mercredi 17 avril. Le conseil d'administration s'est prononcé en sa faveur à l'unanimité. Le Breton prend la suite de François Deluga, ancien maire du Teich (33), qui a choisi de quitter le poste qu'il occupait depuis quinze ans.

Par Bénédicte Rallu

Une nouvelle page se tourne au sein de la fonction publique territoriale (FPT). L’un de ses acteurs les plus emblématiques tire sa révérence. Cette dernière année, François Deluga s’était retiré peu à peu de ses mandats de maire (du Teich en Gironde), de co-président de la commission FPT-RH, du bureau exécutif et de trésorier de l’AMF. Le 28 février dernier, l’élu girondin avait annoncé son intention de quitter également la présidence du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) tout en soutenant l’unique candidat en lice, le Finistérien Yohann Nédélec. 

À 46 ans, ce marin dans la marine marchande a déjà une grande expérience à la fois d’élu local et de la FPT. Il est adjoint au maire de Brest depuis juillet 2020, vice-président de Brest Métropole depuis 2014, il a été maire de la commune de Relecq-Kerhuon de 2008 à 2020, il est président du centre de gestion du Finistère depuis 2014, délégué régional Bretagne du CNFPT, et membre du conseil d’administration de l’établissement public depuis dix ans. Il a repris la co-présidence de la commission FPT-RH de l’AMF au côté de la secrétaire générale, Murielle Fabre, en 2024.

Lors de ce conseil d’administration du CNFPT du 17 avril, les prises de parole « ont été pleines d’émotion » , a indiqué le nouveau président à Maires de France à l’issue de la réunion. François Deluga est resté 15 ans à la barre et a marqué le CNFPT de son empreinte. Son successeur souhaite s’inscrire dans la continuité, mais en « ouvrant »  encore davantage l’établissement. Entretien.  

Maires de France : Yohann Nédélec, qui êtes-vous ?

Yohann Nédélec : Je suis un élu local de terrain breton qui s'investit depuis de nombreuses années sur les questions de fonction publique territoriale et qui, au fur et à mesure, en s'intéressant au sujet, a pris beaucoup plus de plaisir à maîtriser ces sujets-là. Au sein du conseil d'administration du centre de gestion du Finistère d'abord, puis à la présidence du centre de gestion, au conseil d'administration du CNFPT, à la commission FPT RH de l’AMF. La présidence du CNFPT, ce n’est pas un aboutissement, mais c’est la présidence de la maison des territoriaux. C’est une réalité qu’il faut marteler. Donc c'est un parcours, somme toute, très intéressant.

Vous avez une profession plutôt étonnante pour un élu qui s’implique beaucoup dans la FPT puisque vous êtes marin dans la marine marchande. Comment passe-t-on d’un tel secteur à la FPT ?

En tant qu'élu, on a l'obligation d'avoir un intérêt pour la fonction publique territoriale. C’est devenu un centre d’intérêt depuis des années en tant qu’élu local. Avoir une activité professionnelle à côté apporte une réalité de terrain. La comparaison entre le public et le privé prend tout son sens. Je peux mesurer encore plus l'importance du service public et de la fonction publique territoriale. Sans cela, la boutique [collectivité locale] ne fonctionne pas. C’est une réalité. Nous l’avons vu pendant le covid-19. Tout le monde a frappé à la porte de la mairie pour savoir comment il fallait faire, pour trouver des masques, des repas, etc. Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Il appartient à tout le monde, c’est une grande richesse dont il ne faut surtout pas se défaire. Au contraire, il faut travailler pour elle.

Quels sont vos projets pour le CNFPT ?

François Deluga a ouvert de fantastiques chantiers, comme celui sur la transition écologique [l’une des lignes directrices des formations, ndlr]. C’est un marqueur et je vais le poursuivre. Je me mets dans les pas de François Deluga. Il n’y aura pas de révolution, mais il n’y aura pas de statu quo non plus. Nous allons ouvrir d’autres chantiers comme l’innovation, l’intelligence artificielle et la place qu’elle prend dans les collectivités. Je vais aussi me battre pour retrouver une cotisation à 1% [Toute collectivité territoriale paie cette cotisation en pourcentage de sa masse salariale pour financer la formation de l’ensemble des agents territoriaux. Cette cotisation est actuellement de 0,9% ndlr]. Parmi les axes de développement, nous travaillerons les relations avec les centres de gestion, l’expertise et le conseil aux collectivités, etc. Je souhaite faire sortir le CNFPT du CNFPT, répondre à tout le monde car les collectivités ont des besoins, pour que cette maison des territoriaux ne soit pas seulement un concept. Ce qui a été posé par François Deluga est déjà une bonne base.

Resterez-vous président du centre de gestion du Finistère ?

Oui car cela a du sens. Nous allons travailler ensemble, main dans la main, avec la Fédération nationale des centres de gestion. Chacun a sa compétence dans son domaine, mais nous travaillerons ensemble. Je le fais déjà sur le terrain puisque je suis président du CDG et également délégué régional Bretagne du CNFPT. Nous pouvons voir comment mettre en place ensemble des formations accélérées par exemple pour les secrétaires de mairie.

Comment abordez-vous cette période avec une nouvelle réforme de la fonction publique en vue et des sujets épineux pour le CNFPT (cotisation qui n’est plus à 1%, question toujours pas résolue du financement de l’apprentissage, menace de création d’une école nationale de police municipale) ?

Je l’aborde avec humilité car j’arrive dans la fonction. Je prendrai contact rapidement avec le ministre chargé de la fonction publique, Stanislas Guerini, pour voir comment nous pouvons avancer sur ces sujets. Le CNFPT restera à l’écoute, répondra présent, mais ne lâchera rien. Nous parlerons aussi d’une seule voix avec la coordination des employeurs territoriaux. Employeurs et organisations syndicales du conseil d’administration sont d’accord pour aller dans le même sens et montrer notre attachement au service public, au statut de la fonction publique, à une fonction publique de carrière et non de métiers. Il faut le marteler ! 

Ne craignez-vous pas que le débat soit un peu faussé ?

Pour faire dix milliards d’économies, on cogne sur les fonctionnaires. Ce débat est effectivement éculé. Il a déjà eu lieu sous les présidences de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Il arrive sous celle d’Emmanuel Macron. Mais la fonction publique a son utilité, sa présence est nécessaire et, non, nous n’avons pas trop de fonctionnaires. Ca suffit de dire que ça coûte trop cher. Ce n’est absolument pas vrai. Les collectivités n’empruntent pas pour payer leurs fonctionnaires, contrairement à l’État. Le gros problème aujourd’hui est l’attractivité. Il faut fédérer les énergies au niveau national sur ce sujet car les collectivités peinent à recruter. Or les besoins sont énormes. Le nombre de départs en retraite dans les années qui viennent est phénoménal. Nous allons devoir former 600 000 personnes. La population croît. Les services publics reculent. Il faut des moyens. Ce ne sont pas les collectivités qui coûtent cher. Les mairies ne servent pas seulement à faire l’état civil ou l’urbanisme, elles assurent le lien social ! Il y a donc urgence à maintenir la fonction publique territoriale en bon état. 

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