Maire-info
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Édition du mercredi 15 février 2023
Fonction publique

Fonction publique : 30 % des jeunes envisagent leur avenir dans l'emploi public

Une étude de la Direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) a été publiée hier. Elle porte sur le rapport qu'entretiennent les jeunes diplômés en 2017 avec la fonction publique. Les résultats montrent en arrière-plan les atouts et défauts de l'emploi public perçus par cette génération.

Par Lucile Bonnin

À l’heure où le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a lancé début février des discussions avec les représentants des employeurs et des syndicats sur les conditions de travail des agents publics et sur l'attractivité de la fonction publique, cette étude tombe à point nommé (lire Maire info du 6 février). 

Sous le titre Quelle expérience et quelle perception ont les jeunes de la fonction publique ?, la DGAFP fait le point sur la situation en 2020 de 764 000 jeunes qui ont obtenu leur diplôme de fin d'études en 2017.

Un « vivier important » 

Plusieurs constats intéressants ressortent de cette étude. D’abord, la fonction publique attire toujours les jeunes, même si la marge de progression reste forte. Les jeunes perçoivent des avantages non négligeables à travailler dans la fonction publique, tout en pointant un certain nombre d’inconvénients. 

Trois ans après avoir obtenu leur diplôme, 20 % des jeunes de cette génération ont eu une expérience professionnelle dans la fonction publique. 11 % de ces jeunes travaillent encore dans la fonction publique en 2020, « soit en tant que contractuels (11 % en CDI, 49 % en CDD), soit en tant que fonctionnaires (40 %). » 

D’autres jeunes n’ont encore jamais travaillé dans la fonction publique mais ont tenté de l’intégrer (13 %) ou l’envisagent pour leur carrière future (12 %). La majorité (55 %) de ces diplômés en 2017 n’ont « jamais travaillé dans la fonction publique, n’ont jamais tenté de le faire dans le passé et ne l’envisagent pas pour l’avenir. » 

Cependant, les auteurs de l’étude considèrent qu’au sein de cette même génération, « le vivier, au sens large, des jeunes susceptibles de travailler pour la fonction publique est important »  notamment parce qu’un jeune sur trois (30 %) a une « proximité assez forte avec la fonction publique, soit qu’il y travaille, soit qu’il y a travaillé, soit qu’il a tenté d’y travailler. » 

D’ailleurs, l’étude montre aussi que « l’attrait pour la fonction publique semble donc se former assez tôt, possiblement avant même l’orientation »  car un jeune agent public sur deux avait une préférence pour la fonction publique à la sortie des études.

Difficultés d’accès 

La relation entre les jeunes et la fonction publique n’est pas uniquement à regarder à travers le prisme de l’envie. En effet, l’étude met aussi en lumière indirectement les difficultés d’accès à la fonction publique pour certains jeunes. Par exemple, parmi les jeunes de la génération 2017 « qui n’ont jamais travaillé dans la fonction publique » , un sur cinq a déjà passé un ou plusieurs concours, sans succès.

Au-delà du concours administratif, les jeunes qui intègrent la fonction publique ont des caractéristiques plutôt semblables. Ainsi, « les jeunes qui travaillent dans la fonction publique trois ans après la fin de la formation initiale sont plus souvent des femmes (63 %) et ont plus fréquemment un parent fonctionnaire (43 %).» 

Il est aussi à noter que « l’accès à la fonction publique est plus rare pour les moins diplômés : 9 % des jeunes qui travaillent dans la fonction publique trois ans après la fin de leurs études ont un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat, quand 32 % possèdent un diplôme de niveau Bac +5 ou plus. »  On apprend aussi qu’en 2020, 70 % des 37 500 « agents recrutés par voie de concours externe l’ont été sur des postes de catégorie A, dont une des conditions d’accès est de disposer d’un diplôme de niveau Bac + 3 ou plus »  et que « quatre jeunes fonctionnaires sur dix ont un diplôme de niveau Bac + 5 ou plus contre trois jeunes sur dix pour les contractuels. » 

Motivations et réticences 

Les jeunes qui travaillent dans la fonction publique déclarent à 94 % que leur travail permet de développer des compétences, qu’ils ont aussi une meilleure connaissance du fonctionnement de la fonction publique (84 %), que leur emploi leur apporte un épanouissement personnel (81 %) et que, dans une moindre mesure, ils peuvent développer leur réseau professionnel (66 %).

« Toutefois, un jeune sur cinq déclare souhaiter quitter la fonction publique dans les prochaines années : 30 % sont fonctionnaires, 10 % sont en CDI et 60 % sont en CDD. »  Ce qui motive le plus cette décision pour ces jeunes agents est le manque d’évolution professionnelle et salariale. C’est ce que déclarent 33 % d’entre eux, et 22 % critiquent  en parallèle les conditions de travail. D’autres veulent tout simplement changer de métier (25 %). 

Mais l’atout majeur de la fonction publique réside pour beaucoup de jeunes dans « la sécurité de l’emploi » . Ce sont surtout les jeunes qui n’ont jamais travaillé dans la fonction publique qui perçoivent ce facteur comme principale motivation (68 %). 

Encore faut-il savoir comment intégrer la fonction publique. Deux jeunes sur trois qui ont envisagé la fonction publique se sentent mal informés, et parmi ceux qui n’ont pas encore essayé, 63 % déplorent l’absence d’information sur les opportunités de carrière dans la fonction publique. Toujours parmi ces jeunes qui ont envisagé de travailler dans la fonction publique sans jamais faire de tentative, 57 % trouvent les conditions de candidature trop compliquées et 34 % jugent les conditions de travail et de salaire peu attractives.

Consulter l'étude dans son intégralité. 

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