27 % des agents territoriaux veulent travailler plus pour gagner plus
Par Emmanuelle Quémard
Un agent territorial sur quatre souhaiterait travailler plus afin de gagner davantage. En outre, 15 % des personnes employées dans les collectivités formulent explicitement le vœu de changer l’orientation de leur carrière professionnelle. Ces deux données extraites de la dernière enquête Emploi publiée le 28 mars par la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) mettent en lumière l’insatisfaction d’une part non négligeable des agents de la fonction publique territoriale (FPT). Un constat lourd de sens au moment où le gouvernement s’apprête à rouvrir une série de négociations avec les employeurs publics et les organisations syndicales sur les salaires, les rémunérations et les conditions de travail au sein de la sphère publique.
Décryptant les attentes exprimées en 2021 et 2022 par l’ensemble des agents (1), l’étude de la DGAFP montre d’abord que la volonté de travailler plus est partagée par une proportion significative (20 %) des fonctionnaires et des contractuels exerçant leur activité dans les trois versants de la fonction publique. Une aspiration qui reste globalement inférieure à celle formulée par les salariés du secteur privé (23 %), mais qui atteint un sommet dans la territoriale (27 %). Pour la DGAFP, la volonté très marquée des agents territoriaux de travailler davantage « s’explique pour partie par l’exercice de métiers en moyenne moins qualifiés et moins rémunérateurs, et par une plus forte proportion d’emplois en contrat à durée déterminée, souvent associés à une durée hebdomadaire de travail faible ».
En revanche, l’étude indique que les agents de la fonction publique de l’État (FPE) et ceux de la fonction publique hospitalière (FPH) semblent légèrement moins enclins à voir augmenter leur volume d’heures travaillées (respectivement 16 % et 17 %). À noter qu’à l’opposé de cette tendance, une petite partie de l’ensemble des agents publics (5 % contre 4 % chez les salariés du secteur privé) se déclare prête à travailler moins, même si cette réduction d’activité doit s’accompagner d’une baisse des rémunérations.
Un souhait d’abord exprimé par les jeunes, les parents isolés et les agents peu qualifiés
Dans le détail, l’étude de la DGAFP souligne que la volonté de travailler davantage est sensiblement plus forte chez les agents les plus jeunes (29 % des moins de 30 ans) alors qu’elle est moins marquée au sein des effectifs plus âgés (15 % pour les personnels âgés de 50 ans et plus). Par ailleurs, l’augmentation du temps de travail et des rémunérations qui en découle s’exprime plus nettement au sein des familles monoparentales (28 %). Ce souhait concerne un peu plus les hommes (22 %) que les femmes (19 %), qu’ils soient seuls ou en couple, avec ou sans enfants.
Autre enseignement mis en exergue : l’inclinaison des agents à vouloir travailler davantage parait directement liée au volume horaire dans lequel ils exercent leur activité présente. Ainsi, 34 % des contractuels bénéficiant d’un CDD souhaiteraient une augmentation de leur temps de travail et des revenus qui en découleraient. Une proportion deux fois plus élevée que celle observée chez les agents titulaires et chez les contractuels en CDI (respectivement 17 % et 18 %). Sur ce point, la DGAFP remarque que « 31 % des agents de la fonction publique travaillant habituellement moins de 35 heures par semaine souhaitent augmenter leur volume horaire, contre 19 % des agents qui travaillent entre 35 et 40 heures, et seulement 12 % de ceux qui travaillent plus de 40 heures » .
Au sein de la territoriale, cette tendance est encore plus marquée puisque 42 % des agents travaillant moins de 35 heures par semaine expriment leur volonté de travailler davantage.
En outre, le métier exercé par l’agent constitue également un élément déterminant dans son aspiration à exercer sa mission dans un cadre horaire étendu. Ainsi, les personnels les moins qualifiés (et donc les métiers les moins rémunérateurs) sont les plus nombreux à espérer un volume de travail accru. À l’échelle de toute la fonction publique, ce sont par exemple 29 % des ouvriers, 26 % des agents de service ou des employés administratifs et 25 % des aides-soignants qui voudraient travailler davantage. Un souhait exprimé a contrario par seulement 13 % des cadres et des enseignants.
13 % des agents publics voudraient changer de métier
Si la part des agents publics aspirant à travailler plus est loin d’être marginale, celle de ceux qui souhaiteraient changer d’emploi constitue également un indicateur suivi de près par la DGAFP. Tout en notant que « souhaiter un autre emploi est moins répandu dans la fonction publique que dans le privé » (13 % contre 17 %), l’étude montre que 5 % des personnes interrogées déclarent avoir effectué des recherches dans ce sens au cours des quatre dernières semaines et 8 % souhaitent un nouvel emploi sans toutefois avoir effectué de recherches récentes. Ce sont les agents territoriaux et hospitaliers qui expriment le plus fortement cette volonté de changement de cap professionnel (15 % dans les deux cas) alors que seulement 12 % des agents de la FPE manifestent cette intention. En outre, un agent sur cinq exerçant son activité dans les professions intermédiaires de la santé et du travail social souhaite trouver un autre emploi. Là encore, ce sont les agents en CDD (22 %) et à temps partiel (19 %) qui sont les plus nombreux à souhaiter un autre emploi. À l’opposé, seuls 10 % des contractuels en CDI et 12 % des fonctionnaires voudraient quitter leur emploi pour améliorer leurs conditions de travail.
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