Les offres d'emploi proposées par les centres de gestion ont bondi en 2020
Par Emmanuelle Quémard
Des offres d’emploi à un niveau jamais atteint, des postes de plus en plus difficiles à pourvoir et une explosion des recrutements de contractuels alors que le nombre de fonctionnaires territoriaux reste stable. Tels sont les principaux enseignements de la 11e édition du Panorama de l’emploi territorial dont les chiffres ont été révélés à l’occasion du Congrès de la Fédération nationale des centres de gestion (FNCDG), la semaine dernière à Marseille. Réalisé par l’Association nationale des directeurs et directeurs-adjoints des centres de gestion (ANDCDG) et par la FNCDG, ce Panorama s’appuie sur des données recueillies par 91 centres de gestion (CDG) à partir des offres publiées au cours de l’année 2020 dans les bourses de l’emploi proposées dans chaque département.
« Ces chiffres constituent un matériau unique et particulièrement fiable, souligne Olivier Ducrocq, président de l’ANDCDG. Seuls les centres de gestion sont en mesure d’analyser l’évolution de l’emploi territorial dans un délai aussi court de 18 mois. En outre, cette 11e édition permet des comparaisons temporelles. »
L’attractivité des collectivités en berne
Le premier indicateur mis en évidence par le Panorama montre que les collectivités ont largement ouvert leurs portes en 2020, comme le prouvent les 123 688 offres d’emploi proposées par les CDG (+ 5,4 % en un an). « Cette tendance haussière confirme un mouvement amorcé depuis plusieurs années, indique Olivier Ducrocq. Le nombre des offres d’emploi a quasiment doublé depuis 2016 et devrait se poursuivre en 2021, avec 135 000 offres attendues ». Le besoin des collectivités de renforcer leurs équipes s’explique en grande partie par le vieillissement des effectifs territoriaux et notamment par l’ampleur du nombre des agents ayant atteint l’âge de la retraite. En 2020, ils étaient, en effet, 50 581 – dont 59 % de femmes – à faire valoir leurs droits à une fin de carrière active, contre 42 347 cinq ans plus tôt.
Si l’emploi territorial a longtemps constitué « un refuge en temps de crise », ce phénomène semble moins se vérifier depuis quelques années. « L’attractivité des collectivités est en berne », constate Olivier Ducrocq. Une situation que confirme l’évolution des métiers en tension. Pour un employeur territorial, recruter aujourd’hui un (ou une) secrétaire de mairie relève, par exemple, du parcours du combattant. Idem pour les postes d’animateur enfance-jeunesse, d’assistant en gestion administrative ou encore d’agent chargé de la propreté des locaux. « Pour la première fois, la fonction de directeur général des services intègre notre Top 10 des métiers en tension », s’inquiète le président de l’ANDCDG.
Le nombre de candidats aux concours en chute libre
Les difficultés de recrutement des collectivités, et plus généralement la perte d’attractivité de la territoriale, peuvent également se lire à l’aune des fluctuations du nombre de candidats aux concours. En 2020, 95 258 personnes étaient inscrites à l’un des concours (interne, externe ou de 3e voie) territoriaux alors qu’ils étaient 143 008 l’année précédente et 179 331 en 2016. Une chute préoccupante que confirme la courbe négative des candidats ayant réellement passé les épreuves (59 039 en 2020, contre 89 186 en 2019 et 123 247 en 2016). « Il faut tenir compte du fait que la crise sanitaire liée au covid 19 a perturbé l’organisation des concours », observe Olivier Ducrocq. Cette désaffection pour le mode d’accès de droit commun à un poste au sein d’une collectivité met en exergue la distorsion entre l’offre et la demande. En effet, au moment où les candidats boudent les concours, le nombre de postes ouverts progresse sensiblement (19 464 en 2020 contre 17 315 un an plus tôt). D’ailleurs, le taux des emplois pourvus à l’issue des concours organisés en 2020 s’élevait à 73 % alors qu’il était de 82 % en 2019 après avoir culminé à 90 % en 2016 et 2017.
Des contractuels toujours plus nombreux
Face à cette situation, les employeurs territoriaux ont eu recours aux contractuels pour pallier leurs difficultés de recrutement de nouveaux agents. S’appuyant sur les possibilités offertes notamment par la loi de transformation de la fonction publique du 6 août 2019, les collectivités recrutent, selon les données du Panorama, une proportion presque égale de titulaires de la fonction publique et d’agents sous contrat (53 % contre 47 %). Une réalité qui, comme le souligne le président de la FNCDG Michel Hiriart, « traduit à la fois les besoins sur certains métiers en tension, l’émergence ou la transformation d’autres métiers et corrélativement le besoin de souplesse des employeurs ».
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