Petites villes : l'APVF alerte sur une situation financière qui se fragilise
Par Franck Lemarc
La situation financière des petites villes « se dégrade », indique l’APVF dans son enquête annuelle, publiée hier, l’association pointant « une fragilisation sensible des budgets locaux » : plus de la moitié des petites villes prévoient « une baisse de leur épargne nette » en 2024, et cette année risque d’être « l’exercice de préparation budgétaire le plus difficile des cinq dernières années ».
« Exercice sous haute tension »
De plus en plus de petites villes risquent d’être en déficit en 2024 : qu’elles étaient 3 % dans ce cas l’an dernier, cette situation pourrait toucher 15 % d’entre elles en 2024. Plus de 40 % des maires de petites villes jugent que la situation se « dégrade », 7 % la jugeant même « très inquiétante ».
Plusieurs causes sont citées, au premier rang desquelles l’inflation qui continue de grever les dépenses de fonctionnement alors que les recettes fiscales progressent moins que l’année précédente. Davantage de maires sont donc contraints d’augmenter leurs taux d’imposition (15 % d’entre eux le feront en 2024).
Par ailleurs, davantage de maires vont voir leur DG diminuer en 2024 (presque un quart d’entre eux contre 14 % l’an dernier).
Pourtant, les élus font d’importants efforts pour maîtriser leurs dépenses de fonctionnement : « renégociation des contrats en cours ou arrivant à échéance, changement de fournisseurs, non remplacement de départs en retraite, fermeture de services… ». Résultat : alors que la presque totalité des petites villes avaient vu leurs dépenses de fonctionnement augmenter en 2023, elles ne seront plus que 79,5 % dans cette situation en 2024.
Néanmoins, les dépenses de fonctionnement « augmentant beaucoup plus vite que les recettes », notamment du fait de la hausse du point d’indice et du coût de l’énergie, alors que les dispositifs d’aide du gouvernement « s’éteignent », le bouclage du budget 2024 s’apparente à « un exercice sous haute tension ».
Ralentissement des investissements
La première conséquence de cette situation est le ralentissement des investissements : si les deux tiers des petites villes ont augmenté leurs investissements l’an dernier, elles ne seront qu’à peine la moitié à le faire en 2024 – alors qu’à mi-mandat, les investissements devraient au contraire accélérer. Avec pour résultat que « 45 % des petites villes jugent leurs investissements insuffisants ou très insuffisants ».
Par ailleurs, nombre de petites villes sont contraintes de puiser dans leur trésorerie pour faire face : ce sera le cas pour 83 % d’entre elles cette année. Par ailleurs, « face à la difficulté d’équilibrer la section d’investissement, et pour concrétiser leurs investissements lorsqu’elles ne peuvent les reporter, nombreuses petites villes expliquent également avoir dû recourir à l’emprunt ».
On semble donc assez loin de la vision idyllique donnée par le gouvernement et ses députés d’une santé financière insolente du côté des communes, avec une trésorerie abondante et des dépenses qui explosent. Bien au contraire, les difficultés des petites villes à financer l’investissement devrait être un signal d’alarme extrêmement clair pour le gouvernement – notamment parce qu’elles impliquent des conséquences en cascade sur l’activité économique et l’emploi.
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