Face au « choc conjoncturel », les petites villes demandent au gouvernement d'organiser une « conférence des exécutifs locaux »
Par A.W.
Des dépenses générales qui bondissent de 20 % et celle de l’énergie qui progressent de plus de 50 %... Dans un communiqué publié hier, l’Association des petites villes de France (APVF) alerte à son tour le nouveau gouvernement sur les « risques » qui menacent les exécutifs locaux « si la conjoncture économique devait perdurer ». D’un côté, une « dégradation du service public de proximité » et, de l’autre, une « contraction de l’investissement local », prévient-elle, alors que la suppression de la CVAE et un effort de 10 milliards d’euros d’économies annoncés pour les collectivités pourraient encore compliquer la situation.
Visibilité financière « incertaine »
Si les budgets locaux ont jusqu’ici été « résilients » - notamment ceux des petites villes - malgré la crise sanitaire, l’association présidée par le maire de Barentin, Christophe Bouillon, s’inquiète d’une « visibilité financière désormais beaucoup plus incertaine sur le moyen et long terme ».
Elle rappelle, d’abord, que « les budgets des petites villes demeurent encore marqués par la crise sanitaire » et connaissent « une hausse assez soutenue des dépenses de personnel ».
En outre, le point le plus préoccupant du moment est bien « la hausse généralisée des prix » qui a déjà « marqué » les collectivités, notamment, ces derniers mois.
Cette hausse spectaculaire de l’inflation se fait ainsi ressentir sur les dépenses à caractère général, que ce soit les denrées alimentaires dans la restauration scolaire, le matériel informatique, le carburant ou encore le fonctionnement des équipements, celles-ci pouvant augmenter dans certaines petites villes « jusqu’à + 20 % », souligne l’association, qui constate que certaines d’entre elles voient « leurs dépenses d’énergie bondir parfois de plus de 50 % ». Un surcoût qui renchérit de très nombreuses dépenses, telles que les réseaux de transport, l'éclairage public, le chauffage des bâtiments et des équipements... Un « choc conjoncturel » qui « ne sera pas facile à absorber malgré la réalisation d’économies d’énergies ou le report, voire l’annulation, de certains investissements », assure l’APVF.
De nombreuses petites villes ont d’ailleurs vu leur épargne et leur capacité d’autofinancement « diminuer en 2021 et en 2022 », entraînant « un vrai risque de dégradation des services publics de proximité et, par conséquent, d’accroissement des fractures territoriales et sociales ».
D’autant que le gouvernement n’a toujours pas prévu d’aider les collectivités, à la différence des ménages et des entreprises, et alors que le prix du pétrole a déjà augmenté de 30 % depuis 2021 et celui du mégawatt-heure d’électricité a quintuplé en un an. Une indifférence de l’exécutif qui perdure donc, malgré les requêtes des différentes associations d’élus et de la FNCCR depuis plusieurs mois.
Réduction des dépenses : « Plus de marges suffisantes »
Sans compter que les collectivités devront probablement faire face aux promesses électorales d’Emmanuel Macron, qui a annoncé un effort de 10 milliards d’euros d’économies imposé aux finances locales et une suppression de la CVAE estimée à environ 9,5 milliards d’euros, pour laquelle l’AMF demande sa substitution par un autre impôt et non une dotation.
On peut également citer les mesures récentes prises par le gouvernement concernant l’exécution des marchés publics et susceptibles de surenchérir le coût des contrats pour les collectivités, dont cinq associations d’élus ont dénoncé les « écueils » .
Des mises à contribution des budgets des collectivités qui pourraient être « très préjudiciables », estime l’APVF. « D’une part les collectivités territoriales ne disposent plus de marges suffisantes pour réduire encore leurs dépenses de fonctionnement sauf à remettre en cause le bon fonctionnement des services publics et, d’autre part, parce que ces décisions ne permettraient pas aux collectivités territoriales de participer efficacement au plan de relance et au soutien de l’activité économique, alors même que la croissance est en train de fléchir très nettement », explique-t-elle.
Face à « la gravité des enjeux », les Petites villes demandent donc au nouveau gouvernement de réunir « sans tarder » une « conférence des exécutifs locaux avec les principales associations d’élus » afin « d’établir, pour la législature, les conditions d’un véritable pacte de confiance et définir les grands objectifs des politiques d’avenir comme la santé, le grand âge et la transition écologique, ces défis ne pouvant pas être relevés sans la forte implication des collectivités territoriales ».
L’association profite, au passage, de l’occasion pour inviter le nouveau gouvernement, comme l'AMF et l'AMRF avant elle, à « tirer les leçons de la fracture politique territoriale nettement apparue au cours du scrutin présidentiel ».
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