Prévention des risques incendie : le gouvernement dévoile sa stratégie face au changement climatique
Par A.W.
Les ministres de l’Intérieur et de la Transition écologique, Bruno Retailleau et Agnès Pannier-Runacher, ont signé, hier, à l’occasion d’un déplacement dans les Pyrénées-Orientales, la « Stratégie nationale de défense des forêts et des surfaces non boisées contre les incendies ». Après plusieurs mois de concertation.
S’adapter au changement climatique
Prévue par la loi du 10 juillet 2023 visant à « renforcer la prévention et la lutte contre l’intensification et l’extension du risque incendie », cette stratégie vise à adapter l’action de l’Etat et des acteurs locaux en matière de prévention des risques face aux effets du changement climatique qui provoque une saison des feux à la fois plus précoce et plus longue, renforce l’intensité des incendies et étend le risque à de nouveaux territoires.
« Avec le dérèglement climatique, le risque d’incendie s’amplifie, s’étend progressivement à la quasi-totalité du territoire métropolitain (comme ce fut le cas en 2022 avec 90 départements touchés par au moins un feu) », rappellent les deux ministères, dans un communiqué publié hier dans lequel ils soulignent qu’il « faut également se préparer à l’augmentation de feux de végétation ou de terres agricoles (feux de friches, de récoltes et de chaumes) [alors que] l’augmentation des interfaces entre milieux urbains et forestiers du fait de l’urbanisation est également propice aux départs de feux ».
Pour se préparer à l’augmentation attendue des incendies de forêt et de végétation, il est prévu de développer une « culture du risque » et de « fédérer l’ensemble des acteurs » en faisant reposer cette stratégie sur trois axes : « éviter l’éclosion des feux par une gestion résiliente des territoires » (connaissance du risque, maîtrise de l’urbanisation, surveillance et dissuasion, réhabilitation des territoires post-incendie…), « réduire les superficies brûlées » (renforcement de la prévision et de la détection, déploiement préventif de moyens de lutte…) et « limiter les conséquences humaines, matérielles, environnementales et économiques » des incendies (planification urbaine, préparation à une gestion de crise interservices…).
Rôle « primordial » des maires
Bien que la stratégie nationale repose sur une politique publique associant l’État, les collectivités territoriales et de nombreux opérateurs locaux ou nationaux, le choix a été fait de « mettre en valeur des synergies à différents niveaux (commune, massif, département, région, zone de défense, national) », est-il expliqué dans le document décrivant la stratégie de défense.
La mise en œuvre dans les territoires de cette politique publique implique ainsi que « la responsabilité partagée de l’État avec les partenaires locaux [doive] se traduire par une gouvernance intégrant de multiples acteurs à différents échelons ». Et le gouvernement de lister « les régions, les départements, les EPCI, les communes mais également les services d’incendie et de secours (SIS), les propriétaires fonciers et leurs groupements, les gestionnaires de milieux agricoles, naturels ou forestiers, les gestionnaires d’aires protégées, les professionnels des filières agricoles et forêt-bois ainsi que leurs représentants (entreprises privées, coopératives, experts forestiers), les associations de protection de l’environnement et d’usagers (sportives, de chasse...), les bénévoles de réserves communales de sécurité civile, comités communaux feux de forêt... ».
Dans ce cadre, si « les préfets sont les catalyseurs de la création des plans de protection des forêts contre l’incendie » (PPFCI), les maires doivent jouer « un rôle primordial s’agissant de la mise en œuvre de la stratégie au regard de leurs compétences : prévention du risque (information préventive à destination de leur population, maîtrise de l’urbanisation entre autres), prise en compte du risque dans l’aménagement et l’équipement du territoire (notamment création et entretien des équipements de défense des forêts contre les incendies - DFCI), préparation à la gestion de crise (plans communaux et intercommunaux de sauvegarde) pouvoir de police et de contrôle (notamment les OLD) », indique le document.
Réserve citoyenne civique
Afin d’anticiper les événements, trois types de territoires ont été définis : « les départements situés dans des zones historiquement exposées aux incendies et concernés par une aggravation du danger » ; les « nouveaux territoires du feu », qui « regroupent les départements au sein desquels le risque d’incendie est constaté et dans lesquels la fréquence des feux va augmenter à moyen terme entre 2035 et 2050 » ; et enfin les « territoires d’extension future, qui rassemblent les départements encore peu concernés mais qui sont susceptibles d’être de plus en plus concernés par les incendies au regard des projections concernant les indices météorologiques ».
En début d’année, le gouvernement avait expliqué que la stratégie nationale permettra « de coordonner l’action de Météo France, qui met en place une météo des forêts pendant la saison des incendies, la communication sur les obligations légales de débroussaillement [dont les maires doivent faire respecter l’application], la carte des massifs classés ou encore le renforcement du nombre de colonnes de sapeurs-pompiers pouvant être mobilisés ».
Agnès Pannier-Runacher avait dit vouloir « lancer une réserve citoyenne civique, des sentinelles sur le territoire, pour faire face à l'impact des aléas climatiques ». Elle avait également annoncé sa volonté de « mutualiser le plus efficacement possible les moyens de secours » pour « les projeter plus rapidement d'une zone à l'autre ».
Sur ce point, on peut rappeler qu’un texte des députés Horizons – adopté le 3 avril à l'Assemblée – prévoit de développer les réserves communales de sécurité civile. Les sénateurs écologistes ont, de leur côté, porté une proposition de loi portant « création d'un groupe de vacataires opérationnels et encourageant le volontariat pour faire face aux défis de sécurité civile ». Ce texte vise à expérimenter la mise en place, sur deux ans et dans cinq départements, d'un groupe de vacataires opérationnels, « à l'image des réserves opérationnelles des autres corps de sécurité ouvert aux seuls citoyens engagés comme volontaires ». En cause, un modèle français qui est désormais « en tension » bien qu’il s’appuie aujourd'hui sur près de 240 000 sapeurs-pompiers, dont 80 % de volontaires.
Consulter la stratégie nationale de défense.
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