Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du jeudi 8 février 2024
Social

Face à la progression de la pauvreté, les élus locaux et les associations appellent l'État au « sursaut »

Sous l'égide de l'Unccas, plusieurs associations et représentants d'élus locaux viennent de se rassembler et réclament au gouvernement, dans un contexte inflationniste, des « mesures concrètes et pragmatiques » rapides afin de soutenir les Français les plus en difficulté. 

Par A.W.

Face à la situation sociale « alarmante »  dans laquelle se trouve le pays, une douzaine de représentants des grands acteurs associatifs et d’élus locaux* viennent d’écrire, sous l’égide de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Uncass), à la nouvelle ministre des Solidarités, Catherine Vautrin, dans le but d’être reçus par elle. 

En cause, la situation dans laquelle se retrouve une partie de la population et qui suscite « la plus vive inquiétude »  des élus locaux et du monde associatif. Les signataires se disent ainsi confrontés « quotidiennement »  à une « accentuation des situations de précarité ». Dans ce contexte, ils appellent « à un véritable sursaut ».

« Aggravation de la pauvreté » 

Associations et élus locaux se sont ainsi réunis, le 24 janvier dernier, pour « évoquer les perspectives d’une mobilisation dont nous aspirons à ce qu’elle permette de préserver une cohésion sociale mise en danger par l’aggravation de la pauvreté pour une part croissante de nos concitoyens ».

Car la situation se dégrade dans tous les territoires du pays, que ce soit « en zone rurale comme dans nos villes, villages et quartiers, dans l'Hexagone et dans les outre-mer », constatent-ils. Ils déplorent ainsi que « la précarité gagne du terrain »  aussi bien chez les « jeunes », les « enfants »  que les « personnes âgées aux petites retraites », mais aussi les « travailleurs pauvres », les « familles monoparentales », les « personnes isolées »  ou encore les « bénéficiaires de minima sociaux par ailleurs trop souvent stigmatisés ». Des profils qui peuvent aller « de la précarité à la très grande pauvreté ».

Alors que, durant ces 25 dernières années, jamais autant de personnes n’avaient vécu sous le seuil de pauvreté (plus de 9 millions, soit 1,5 million de plus que 20 ans plus tôt), la Fondation Abbé-Pierre s'est dernièrement inquiétée du nombre de personnes à la rue en constante augmentation, en particulier celui d'enfants. Plus de 8 300 personnes ont ainsi été refusées chaque soir par le 115 à l'automne dernier, contre 6 300 un an plus tôt. En outre, « il y avait 920 demandes d’hébergement émanant d’enfants non pourvues chaque soir à l’automne 2020, 1 700 en 2022 et plus de 2 800 en octobre 2023 », constatait la Fondation, rappelant que « cette situation a conduit des maires de grandes villes à attaquer l’État en justice pour les carences de son action ».

Bien que les bénévoles et les travailleurs sociaux tentent d’apporter des réponses à ces personnes, les signataires rappellent que leurs « marges s’amenuisent »  et qu’ils sont « eux aussi confrontés à une forme d’épuisement ».

D’autant que le Pacte des solidarités, qui vise à lutter contre la pauvreté et vient d’entrer en vigueur en 2024, met encore trop de temps à produire ses effets. Élus locaux et associations réclament donc des « mesures fortes à la hauteur des enjeux »  et ont donc proposé à la nouvelle ministre des Solidarités « une rencontre »  afin de, « mettre en œuvre rapidement des mesures concrètes et pragmatiques au profit de nos concitoyens les plus en difficulté ».

À noter, par ailleurs, que le collectif d'associations Cause Majeur! – qui regroupe 24 associations dans la protection de l'enfance (Cnape, Apprentis d'Auteuil, SOS Villages d'enfants...) – a demandé, hier, que l'accompagnement des jeunes issus de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) par les services sociaux se poursuive jusqu'à 25 ans, quelle que soit leur nationalité.

Pour rappel, les départements doivent accorder des « contrats jeune majeur »  (CJM) aux jeunes issus de l'ASE à leur majorité, y compris les mineurs étrangers non accompagnés (MNA). Mais la loi immigration, promulguée fin janvier, vient de priver ces derniers du bénéfice des contrats s'ils font l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

 

* Les présidents du collectif Alerte, l’AMF, la Fédération des acteurs de la solidarité, Régions de France, le Secours catholique, Intercommunalités de France, France urbaine, Villes de France, l’Association des petites villes de France (APVF), l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ainsi que Villes et Banlieues
 

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