Édition du vendredi 27 mai 2005
L'avenir des services publics devrait peser sur le vote de dimanche
L'avenir des services publics, auxquels les Français se disent attachés, devrait peser dans leur vote dimanche sur le Traité constitutionnel européen, alors que les syndicats sont divisés sur les garanties données par ce texte sur leur pérennité, estime lAFP.
Plusieurs sondages ont confirmé ces derniers mois cet attachement. Et à Guéret (Creuse), le 5 mars, plusieurs milliers de personnes avaient défilé pour défendre leurs services publics dans un département devenu le symbole de leur déclin. Le 23 octobre dernier, 263 maires de toutes les tendances politiques avaient présenté leur démission de manière spectaculaire pour s'élever contre la disparition de maternités, écoles ou bureaux de poste dans leurs régions.
Dans le canton rural de Saint-Martin-de-Valamas, en Ardèche, 11 maires, toutes nuances politiques confondues, ont menacé conjointement d'observer une grève administrative lors du référendum de dimanche. Ils se plaignent de la disparition programmée des services publics dans le canton, ainsi que de la pénurie médicale, mais assurent ne pas vouloir faire d'obstruction au bon déroulement du scrutin. Ils devraient cependant être, comme agent de l'Etat, réquisitionnés par le préfet.
Jeudi, un sondage TNS Sofres/Unilog a révélé que 46% des Français pensaient qu'une victoire du "oui" mettrait en danger les services publics en France.
"Le service public, élément fondamental de la solidarité sociale, pilier de l'Etat social, est une partie essentielle" du débat sur le Traité constitutionnel, estime Yves Salesse, co-président de la fondation (de réflexion politique) Copernic.
"Non seulement le Traité n'est pas capable de les préserver, mais il organise le maintien et la consolidation de la machine de guerre contre les services publics", affirme-t-il.
Or, ces services "sont au coeur de l'enjeu de société qu'il y a derrière la discussion d'aujourd'hui sur le Traité" et "dans les débats, en ville, à la campagne ou à Guéret, cette question revient en permanence", souligne-t-il auprès de l'AFP.
Les articles 122 et 166 du Traité traitent des "services d'intérêt économique général" (SIEG) et précisent que les entreprises chargées de leur gestion sont "soumises aux règles de concurrence".
Toutefois, cette disposition ne dérange pas Hervé Morland, secrétaire général de la CFDT-Postes et Télécoms. Le Traité "aurait pu aller plus loin, mais en reconnaissant l'existence des SIEG, il affirme qu'il y a des espaces correspondant à des besoins des populations qui peuvent échapper aux lois de la concurrence", estime-t-il.
Selon lui, "on n'est plus dans la libéralisation totale et inéluctable. On a un levier et des points d'appui permettant de maintenir un service réservé et de bénéficier de financements garantis, notamment pour les services publics en réseaux (télécoms, postes, chemins de fer, électricité-gaz, eau)", ajoute M. Morland.
Arnaud Bousquet (CFE-CGC des industries électriques et gazières), juge de son côté que le Traité "est un non événement", puisque les directives européennes qui ouvrent le marché de l'électricité des gros industriels et des professionnels ont déjà été prises et transposées en droit français, en février 2000, janvier 2003 et juillet 2004.
A l'opposé, Force ouvrière, la CGT ou Sud ont exprimé leurs craintes d'une "liquidation" ou d'un "démantèlement" des services publics" si le oui l'emportait.
La confiance en l'avenir n'est pas non plus complètement évidente chez le Premier secrétaire du parti socialiste François Hollande, pourtant favorable au "oui". Si le oui l'emporte au référendum du 29 mai, "nous, les socialistes européens, déposerons une pétition qui exigera de la Commission qu'elle inscrive une loi européenne sur les services publics", a assuré M. Hollande le 18 mai devant 2 000 militants, comme soucieux de lever des craintes qu'il affirme par ailleurs infondées.c=http://www.bigad
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