Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 14 février 2022
Environnement

Protection des océans : les engagements de Brest pour passer un nouveau cap

Du 9 au 11 février s'est tenu le sommet mondial sur l'océan (One ocean summit). Le dernier jour de cet évènement, une quarantaine de chefs d'État se sont réunis dans le but de se mettre en ordre de marche pour prendre des engagements communs en faveur de la préservation des océans.

Par Lucile Bonnin

Le premier sommet international pour les océans a eu lieu la semaine dernière à Brest. Entre sensibilisation et prises de décisions politiques communes, la protection de la haute mer et la lutte contre la pollution, notamment liée à l’invasion du plastique et à la pêche illégale, étaient les sujets phares de ces quelques jours. 

C’est le 11 février que, pendant plusieurs heures, « 41 États »  et « des représentants de la société civile et des entreprises »  se sont retrouvés pour se fixer des engagements mutuels et décider de mesures diverses pour le bien-être des océans, qui représentent pas moins de 70 % de la surface terrestre. Selon Emmanuel Macron, ce rendez-vous aura « permis de concrétiser beaucoup d'engagements, des coalitions nouvelles d'acteurs privés et publics, d'États » 

13 engagements internationaux

Si Emmanuel Macron espère « des décisions historiques » , il semblerait à l’issue de cette journée qu’aucun raz-de-marée politique n’est encore en vue. En revanche, plusieurs mesures sont à attendre dans les prochains mois. Les annonces concernent plusieurs priorités : la protection de la biodiversité et des ressources, l’action face au changement climatique, la lutte contre la pollution plastique, et l’installation de l’océan « au cœur de l’agenda politique international » .

Pour accélérer le mouvement de protection des océans, l’union semble faire la force. Ainsi, la plupart des engagements sont des ralliements de pays à des mesures déjà existantes. De nouveaux partenaires ont ainsi rejoint « l’engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques »  comme l’Italie, la Colombie, la Corée du Sud, la région maritime de Grèce-centrale et la Ville de Paris. L’objectif : atteindre 100 % de réutilisation ou de recyclage des matières plastiques. Autre exemple, pour lutter contre la pêche illégale, deux nouveaux pays ratifieront l’accord relatif aux mesures de l’état du port de la FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture), qui permet de mieux contrôler les activités de pêche au niveau des ports de débarquement.

De nouvelles mesures ont aussi été dévoilées. Par exemple, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé depuis la ville du Finistère le lancement d'une coalition comptant les 27 États membres de l'UE et 16 autres pays pour conclure un traité destiné à protéger la haute mer, qui n'est sous la juridiction d'aucun État. Autre annonce importante et nouvelle en terme de politique publique : L’Unesco s’est engagé de son côté à ce qu’au moins 80 % des fonds marins soient cartographiés d’ici 2030. L’Organisation maritime internationale (OMI) s’engage aussi dans la création d’une zone à faibles émissions de soufre sur toute la Méditerranée au 1er janvier 2025.

Une mesure peut aussi intéresser les élus des villes portuaires : 35 acteurs dont 18 grands ports européens et mondiaux se sont aussi engagés pour accélérer la fourniture d’électricité aux navires en escale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et réduire la pollution atmosphérique dans des métropoles portuaires souvent denses.

La France à la barre 

Ce sommet, il faut le rappeler, a été souhaité par Emmanuel Macron dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Le chef de l’État a rappelé l’importance de la coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples. La semaine dernière, 33 pays l’ont rejointe pour « soutenir l’adoption d’une cible visant à protéger 30 % des terres et des mers d’ici à 2030 » 

La France a déjà dépassé cet objectif cette année car, « 33 % de la superficie française est classée en aire protégée » , comme le rappelle le président de la République. 
Emmanuel Macron a également profité du sommet pour officialiser l’extension de la réserve naturelle des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), dans le sud de l’Océan indien, abritant des populations importantes de mammifères marins et d’oiseaux marins. Un décret à ce propos a été publié dans le JO du 11 février. Le but est d’accélérer ce progrès relatif aux aires protégées. 

Les zones de protection forte toujours dans le viseur

Le gouvernement a aussi réaffirmé son désir d’atteindre une protection forte pour 10 % des espaces protégés. En effet, Maire info le rappelait mercredi dernier, l’article 227 de la loi Climat et résilience, qui est depuis devenu l’article L110-4 du Code de l’environnement, prévoit que les « zones de protection forte » , doivent couvrir « 10 % de l'ensemble du territoire national et des espaces maritimes sous souveraineté ou sous juridiction française ». La progression est plus complexe pour ces espaces protégés, comme l’a reconnu le chef de l’État qui reste cependant confiant face au fait que la France « va passer de 2 à 4 %. On est sur le bon chemin pour atteindre les 10 % en 2030. » 

Reste à savoir comment. Et sur cette question, on sait que le Conseil national d’évaluation des normes et le Conseil national de la mer et des littoraux ont été convoqués en urgence la semaine dernière pour examiner un décret qui définirait les zones de protection forte. La situation laissait supposer une publication expresse du décret pour donner l’exemple pendant ce sommet. Or il semblerait que le gouvernement en ait décidé autrement, puisqu’aucun décret à ce sujet n’est paru au JO à ce jour. Espérons que cet allongement dans le délai de publication permettra de relancer la concertation avec les élus locaux de manière plus approfondie. 

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