Édition du mardi 30 mars 2004
L'examen du projet de loi constitutionnelle relatif à la Charte de l'environnement repoussé au 28 avril prochain
Sujet à nombre de réticences, enjeu politique mais aussi économique, le projet de loi constitutionnelle relatif à la Charte de lenvironnement que propose le président de la République débouchera-t-il avant longtemps ? On sait dores et déjà que le débat en première lecture du projet a été repoussé au 28 avril prochain. Et pour cause : tant dans son principe que dans son contenu, la charte ne fait pas vraiment lunanimité. Les désaccords portent essentiellement sur linscription du principe de précaution à larticle 5 du projet de texte. Pour tenter de lever certaines ambiguïtés, un nouvel examen du texte par la Commission des lois le 14 avril prochain est annoncé.
A lavenir, la constitutionnalité du principe de précaution le placerait au dessus des normes internes : aucun texte ne pourrait être rendu exécutoire sil allait à lencontre de ce principe. Doù limportance de la définition que lon en fait.
Quatre principes devraient en effet être inscrits dans la charte : le principe de précaution, le principe de prévention, le principe pollueur-payeur, le principe de participation. Dautres problématiques ont été soulevées. Tout dabord, la préoccupation environnementale dans toutes les politiques publiques est le principe le plus mentionné. De plus, le principe de responsabilité en matière de réparation des dommages à lenvironnement recueille une adhésion quasi unanime des élus.
Certains parlementaires et, par ailleurs, le monde économique, «craignent que le principe de précaution ne soit à lorigine de dérives contentieuses et constituent un handicap pour léconomie de notre pays» sur la scène internationale, a indiqué la ministre de lEcologie Roselyne Bachelot.
Linscription du principe de précaution inquiète certains acteurs de la société civile qui dénoncent le flou juridique de cette notion et le risque de contentieux, sans fin, qui peut suivre puisque chaque citoyen pourrait attaquer lEtat.
Le monde économique redoute, quant à lui, le «climat de précaution» qui porterait préjudice à «un climat dinnovation». LAcadémie de médecine et celle des sciences ont exprimé leurs réticences, voyant là un frein à la recherche. Les assureurs également craignent «la prolifération de risques réels ou supposés» quil faudrait indemniser.
A toutes ces critiques, les partisans du principe de précaution font remarquer que cette notion est déjà inscrite dans les droits communautaires et dans la loi «Barnier» de 1995 sur le renforcement de la protection de lenvironnement. Elle a été utilisée pour suspendre lautorisation de mise en culture du maïs OGM ou pour demander au ministre de lAgriculture de retirer du marché linsecticide «Gaucho», considérant que les risques ont été insuffisamment analysés.
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