En congrès, les CCAS demandent « un nouveau pacte social »
Par Emmanuelle Stroesser
L’action sociale est plutôt bien perçue par l’échantillon de Français interrogés par l’Ifop (1), selon l’enquête commandée par l’Unccas présentée hier à Bourges par Frédéric Dabi, directeur de l’institut de sondage.
Même si le baromètre révèle une connaissance peu précise du rôle de chacun, l’État apparait aux sondés le mieux placé « pour mener une action sociale efficace » (39 %), devant la commune (21 %), la région (16 %), avant même les départements (15 %), pourtant chefs de file de l’action sociale locale… Une fois encore, la commune est l’échelon « qui incarne le mieux le service public au quotidien », pour 48% des sondés, devant là encore la région (23 %) et le département (20 %).
Sans surprise, c’est la santé qui constitue la première préoccupation de neuf sondés sur dix. Deuxième préoccupation, l’alimentation (74 %) dans un contexte où l’inflation accentue les difficultés de certains – ce qui se traduit dans certains CCAS par des demandes en hausse de 20 à 30 %.
Deux annonces inattendues et bienvenues
À défaut de ministre des Solidarités en chair et en os à Bourges, pour cause « d’évènements » (les manifestations contre la réforme des retraites), les maires et directeurs de CCAS ont pu entendre Jean-Christophe Combe leur annoncer deux nouvelles, via un message enregistré : l’appel à projet pour les territoires « zéro non-recours » sera ouvert « dans les prochains jours », et il « s’adresse particulièrement à vous » leur a lancé le ministre.
Deuxième annonce, plus chaudement accueillie : « Les crédits en faveur de la domiciliation sont augmentés » et seront désormais « ouverts aux CCAS ». « C’était une demande importante pour vous », ajoute le ministre, provoquant les applaudissements de la salle. « Tout ce qui vient nous aider, on prend ! », réagit une congressiste à la sortie. Plusieurs nous le confirment : les CCAS enregistrent un nombre sans cesse plus élevé de personnes venant se domicilier. « Ruptures familiales, sans domicile, étrangers… », détaille la responsable du pôle social d’un CCAS où le nombre de domiciliés a bondi de 34 % en deux ans.
Mais passée la surprise, chacun s’interroge sur le côté pratique. Le président de l’Unccas, Luc Carvounas, confie à la presse n’avoir pas plus de détail sur le montant ou les modalités de cette aide.
L’Unccas, sur ce sujet, a annoncé qu’elle préparait une enquête sur la domiciliation, qui sera dévoilée en septembre prochain.
Lobbying politique
Il n’y aura pas de nouvelles non plus sur « la société du bien-vieillir ». « Le ministre nous avait prévenus en début d’année qu’il n’y aurait pas de loi Combe sur le grand âge », rappelle Luc Carvounas. Cela ne l’empêche pas d’en faire toujours une priorité. L’Unccas « soutiendra » donc « toute initiative parlementaire qui ira dans le bon sens », prévient-il, citant plus précisément la proposition de loi à venir du député Jérôme Guedj.
Autre priorité : obtenir un traitement spécifique pour les difficultés rencontrées par les ultramarins. Le président de l’Unccas revient d’une tournée en Guyane et en Guadeloupe. « Ce que les ultramarins comme l’Hexagone réclament, c’est une politique globale. Nous en avons marre des appels à projets ! Nous ne voulons pas plus d’une politique du chèque comme avec le chèque-alimentation », raille l’élu, en référence au projet du ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
« Ce que nous voulons, c’est un nouveau pacte social ». Avec une méthode revendiquée : celle du « lobbying parlementaire ». « Je préside une association transpartisane, si nous ne sommes pas tous d’accord sur la réforme des retraites, nous pouvons l’être sur le problème des carrières hachées » justifie-t-il. C’est ce qui a conduit l’Unccas à porter des amendements « sur la pénibilité » ou « la pension de 1 200 euros pour toutes les carrières » dans le cadre de l’examen du projet de loi.
Ce qui l’amène à ne plus vouloir rester sur le strapontin des concertations. C’est aussi le sens de l’appel lancé l’an dernier aux autres associations d’élus pour un « G9 des Solidarités ». Luc Carvounas l’assure, cette « alliance sociale des territoires » à laquelle l’AMF « a été la première à répondre » se met en place.
Et dans l’éventualité « d’une grande loi sur la décentralisation », il prévient : l’Unccas militera pour que l’action sociale du bloc communal soit reconnue à sa juste place…
(1) Sondage sur « Le regard des Français sur l’action sociale », mené les 1er et 2 février, sur un échantillon de 1012 personnes
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