En 2022, le covid-19 a fait monter la température de l'absentéisme territorial
Par Emmanuelle Quémard
En 2022, année marquée par l’impact de plusieurs vagues de covid-19 sur la santé de la population, le taux d’absentéisme global au sein de la sphère territoriale a de nouveau progressé. Il s’établit à 9,7% contre 9,6% un an plus tôt. Un niveau historique correspondant à l’absence de l’équivalent d’un agent sur dix tout au long de l’année. C’est ce qu’indique notamment le Panorama 2023 Qualité de vie au travail et santé des agents dans les collectivités territoriales publié le 2 octobre par le groupe Relyens (ex-Sofaxis).
L’analyse des données recueillies par le spécialiste européen en assurance et management des risques auprès de 462 000 agents affiliés à la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités territoriales (CNRACL) et répartis au sein de 15 835 entités territoriales, nécessite toutefois une double lecture. La réalité des absences liées au covid-19 peut, en effet, donner une représentation en trompe-l’œil de la santé au travail dans la fonction publique territoriale.
La maladie ordinaire, première cause de l’absentéisme territorial
Dans le détail, cette étude montre que la maladie ordinaire représente plus de huit arrêts maladie sur dix et concerne plus des trois quarts des agents absents au moins une fois dans l’année. Ainsi, si le nombre des arrêts est globalement en progression, la part des arrêts compris entre 3 et 7 jours (soit la durée d’absence prescrite pour les cas d’infection au covid-19) représente à elle seule 39,3 % (contre 27,9 % en 2021) du total des arrêts maladie. Dans le même temps, les arrêts les plus courts (moins de 2 jours) restent sur une tendance à la baisse observée depuis 2018. À noter que la proportion des arrêts de 16 à 90 jours connaît également un reflux (24,8 % contre 32,1 % un an auparavant).
Le Panorama 2023 présente en contre-point une analyse affinée de l’absentéisme dans les collectivités territoriales en « neutralisant » l’effet des arrêts spécifiques liés au covid-19 sur les absences enregistrées en 2022 et en rapportant le volume des arrêts maladie de 3 à 7 jours à leur niveau de 2021. Une opération qui met en évidence un impact inverse sur la fréquence (nombre d’arrêts) et la gravité (durée) des arrêts maladie.
« Sur cette base, la fréquence recalculée serait de 41 arrêts pour 100 agents employés et la gravité, ou durée moyenne d’arrêt, serait de 32 jours. Ce qui place les indicateurs d’absences dans la tendance des années précédentes » , souligne l’étude en rappelant que l’indice de gravité a progressé de 24 % en maladie ordinaire entre 2017 et 2022 et que le taux d’absentéisme a bondi de 17 % sur la même période.
Impact du vieillissement de la population territoriale et du demi-traitement
Principale explication de cette tendance de fond : la pyramide des âges de la territoriale qui impacte de plus en plus la santé des agents. « La hausse de la gravité des arrêts maladie reste portée principalement par le vieillissement de la population active des collectivités, sur des métiers considérés comme pénibles et exercés dans des conditions relativement contraintes » , indique l’étude en précisant que l’âge moyen des personnels des collectivités est de 48 ans (contre 44 ans pour l’ensemble des agents des trois versants de la fonction publique et 41 ans dans le secteur privé).
Autre élément mis en évidence dans l’étude : la progression des périodes d’absence à demi-traitement et les risques de perte de revenu qui en découle pour les agents absents. Ce dispositif, qui peut s’appliquer à la suite d’une maladie ordinaire, d’une longue maladie, d’une maladie de longue durée, mais également lors d’une disponibilité d’office, peut également survenir lors de l’accumulation de plusieurs arrêts en maladie ordinaire si la somme des absences est supérieure à 90 jours sur une année roulante. Selon le Panorama, le taux d’exposition au demi-traitement est de 3,3 % en 2022 (+ 5,7 % en 5 ans) et la part des agents absents à demi-traitement est de 18,3 % en 2022 (+3 % en 5 ans).
« L’augmentation de la gravité des arrêts, associée au fait que les agents les plus âgés tendent à s’arrêter plus longtemps, produit une hausse de la part de demi-traitement visible, avec des conséquences sociales sur les agents en termes de précarité » , précise l’étude.
Des coûts élevés pour les finances des collectivités
Si l’absentéisme fragilise la carrière des agents territoriaux, il pèse également lourdement sur le budget des collectivités. En 2022, les absences ont représenté un coût direct moyen de 2 288 euros par agent titulaire pour les employeurs publics territoriaux. « Ce coût moyen individuel, rapporté à l’effectif d’une collectivité, permet d’estimer le coût global annuel des absences pour raison de santé. Ainsi, une collectivité de 100 agents a en moyenne un coût direct de 228 800 euros » , observe le groupe Relyens. Les coûts les plus élevés pour la collectivité sont liés aux arrêts pour maladie ordinaire (1 132 euros en moyenne par agent en 2022). Viennent ensuite les coûts découlant des arrêts pour longue maladie et maladie de longue durée (604 euros), ceux concernant les accidents du travail (404 euros) et les coûts consécutifs aux congés maternité (148 euros).
Télécharger l’étude.
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