Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 28 février 2025
Emploi

Les missions locales sonnent l'alarme sur les conséquences des baisses de crédits

L'Union régionale des missions locales Sud-Provence-Alpes-Côte-d'Azur publie des chiffres très inquiétants sur les conséquences des diminutions de crédits votées en loi de finances. Elle confirme les inquiétudes exprimées par l'Union nationale des missions locales au mois de janvier

Par Emmanuelle Stroesser

Puisqu’il est trop tard pour espérer que le budget soit revu à la hausse, les présidents d’une 28 de missions locales de la région veulent témoigner de incidences directes de la baisse de leurs financements, actée par l’adoption de la loi de finances. Soit une baisse de crédits de près de 10 % en comptant celle de l’État (de près de 6 %) cumulée à celle de la région Paca (- 30 %).

« Chaque jour, 350 jeunes pourraient ne plus bénéficier d’un accompagnement personnalisé vers l’insertion et l’emploi », prévient le président de l’Association régionale des Missions locales Sud-Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Claude Fournet. Et ce, pour la simple raison que les missions locales vont devoir licencier des conseillers. L’union régionale évalue les dégâts à 120 emplois menacés, soit près de 10 % des salariés des 28 missions locales (et 429 lieux d’accueil dans les six départements de la région). « Avec un risque d’effet domino sur le financement des communes et départements qui pourrait porter ce nombre à 150 ».

Concrètement, il y aura « moins d’actions concrètes pour lever les freins à l’insertion professionnelle (mobilité, logement, santé, accès à la formation, aller-vers, etc.) », explique Claude Fournet. Les actions mises en place pour réussir à repérer les jeunes dits « invisibles »  risquent elles aussi de disparaître, et donc de laisser un peu plus de jeunes sans appuis. Ce sont encore tous les projets et animations menées autour de la santé notamment, des violences sexistes ou de la citoyenneté qui vont forcément être impactées, continue Claude Fournet. Alors que les missions locales font face à « une demande croissante d’appui et de suivi des jeunes en lien direct avec la mise en œuvre de la loi pour le Plein emploi ».

Perte en qualité

Outre la réduction de la voilure en quantité, les missions locales craignent une perte de qualité de l’accompagnement. Le nombre de Contrats d’engagement

jeunes (CEJ) est par exemple maintenu, « mais avec une baisse des moyens financiers, cela signifie une dégradation de la qualité de l’accompagnement. Ce qui est en totale contradiction avec la loi pour le Plein emploi qui s’est inspirée du travail des Missions locales », fustige l’association. « Quand vous accompagnez un jeune sans diplôme ni formation, très éloigné de l’emploi, si vous le lâchez dans une entreprise sans accompagnement, vous pouvez être quasi sûr que l’entreprise vous appelle dans les trois jours car il n’est pas revenu. Il ne suffit pas de placer ».

Heureusement, les communes n’ont, elles, pas réduit leurs participations, note le vice-président de la mission locale et adjoint au maire de la ville de Grasse, Cyril Dauphoud, lors d’une conférence de presse ce jeudi 27 février. Et ce malgré le contexte budgétaire aussi tendu pour elles. Mais la part des communes ne permet pas de compenser et les marges de progression sont presque nulles. « Nous faisons déjà un effort en choisissant de ne pas baisser nos subventions », remarque l’association régionale. Selon l’UNML, le financement des missions locales provient, en moyenne, de 70 % de l’État, de 15 % des régions, de 10 % du bloc communal et de 5 % des départements.

Pour les présidents de missions locales, c’est l’ensemble du réseau d’accompagnement des 16-25 ans vers l’emploi et l’autonomie qui se trouve « fragilisé ». Un réseau pourtant d’autant plus essentiel « en période de remontée du chômage, qui frappe en priorité les jeunes », et particulièrement ceux qui n’ont pas de réseau familial ou professionnel. Or, dans cette région, 62 % des jeunes accueillis ont un niveau inférieur au bac dont 50 % sans aucun diplôme, indique l’association régionale des missions locales. « Si on ne peut plus les accueillir, qui le fera ? », apostrophe un acteur.

S’ajoute « l’effet dévastateur sur la santé financière des structures », qui doivent faire face à l’augmentation mécanique des charges (évolution de carrière et hausses des salaires garanties par la convention collective) couplée à la diminution des subventions.

Conditions de travail

Dernière conséquence, l’impact sur les conditions de travail des conseillers, tenus de suivre plus de jeunes, en ayant moins de temps pour chacun d’eux. Les présidents de missions locales redoutent des « risques psychosociaux accrus pour les salariés »  en raison de « la mise en œuvre chronophage de la loi pour le Plein Emploi (LPE) qui s’appuyait sur une augmentation de moyens annulés ».

Pour donner un ordre de grandeur de l’impact, les Missions locales de la région rappellent qu’elles accompagnent chaque année 110 000 jeunes, en ont accueillis 163 706 en 2024, dont 34 105 nouveaux, parmi lesquels près d’un tiers (27%) de mineurs. Elles collaborent également avec 12 300 entreprises.

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