Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 21 mars 2018
Emploi

Les missions locales plus fragilisées que prévu

La semaine des missions locales se tient pour la troisième année de suite, du 15 au 23 mars. L'occasion pour ce réseau spécialisé dans l'accompagnement « vers l'emploi et l'autonomie »  des jeunes de se faire un peu mieux connaître. L'ambiance aurait du être à la fête… mais quelques nuages assombrissent l'horizon, selon Jean-Patrick Gille, président de l'Union nationale des missions locales.
Côté finances, les missions locales avaient été rassurées par une loi de finances 2018 qui maintenait leurs crédits. Or, les missions constatent des baisses « entre 4 et 10 % de leurs moyens ». Ce que pour l'heure « personne n'est capable de nous expliquer », souffle Jean-Patrick Gille. L'allocation que peut percevoir un jeune dans le cadre du Pacea (parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie) signé avec une mission locale est, elle, « en forte régression ». Quant aux nouveaux emplois aidés, à savoir les Parcours emploi compétence (PEC), le réseau ne récupèrerait que 5 % des objectifs, soit à peine 10 000. Quand les anciens emplois d'avenir et contrats d'insertion se montaient à près de 100 000…
Reste la généralisation de la garantie jeunes. Les missions locales ont signé « entre 86 000 et 87 000 garanties jeunes »  l'an dernier. Le gouvernement dit qu'il est prêt à aller jusqu'à 100 000 cette année, voire plus. « Nous disons "pourquoi pas ?", sauf que les restrictions administratives font que tous les jeunes n'y sont pas éligibles et qu'une autre partie ne souhaite pas contractualiser », observe Jean-Patrick Gille. Certains jeunes « craignent l'engagement »  quand d'autres « préfèrent miser sur la solution de l'intérim ». L'objectif – ou « le défi »  comme l'avait signalé le délégué interministériel à la prévention à la pauvreté des enfants et des jeunes en décembre dernier aux missions locales (lire Maire info du 13 décembre 2017) – reste de ne pas d'éloigner du public cible, les jeunes de 16 à 26 ans, sans emploi ni formation.
Le plan d'investissement dans les compétences (PIC) 2018-2022, lancé par le gouvernement pour renforcer la formation, devrait apporter un souffle d'air. « Nous sommes dans la première étape avec la signature de conventions d'amorçage (signées entre l'État et les régions) pour définir notamment les orientations jeunesse et bas niveau de qualification. L'ambition est d'assurer un accompagnement renforcé d'un million de jeunes. Nous sommes cette fois associés au comité de pilotage, ce qui n'avait pas été le cas du précédent plan 500 000 formations, mais nous voulons être sûrs d'avoir notre mot à dire en tant qu'opérateurs de terrain », insiste Jean-Patrick Gille.
Paradoxalement, les missions locales se retrouvent donc dans une « situation tendue ». « 20 millions d'euros nous suffiraient pour passer de cette tension à une quasi-aisance »  reprend Jean-Patrick Gille qui met en avant les 15 milliards affichés du PIC : « il y a des moyens affichés, qu'on nous fasse signe rapidement… ».
Le réseau des missions locales (9 000 conseillers) accueille, chaque année, près d’un million et demi de jeunes de 16 à 25 ans (soit 39 % de la tranche d’âge).
E.S.


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