Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mardi 26 avril 2005
Emploi

En Bretagne, le succès sur le front de l'emploi a été acquis au prix d'une modération des salaires, indique l'INSEE

Dans un contexte de chômage persistant en France, l'économie bretonne se distingue par d'importantes créations d'emplois, grâce à la croissance de la construction, de l'industrie automobile et des services, soulignent des experts de l'Insee. En 2004, la Bretagne a créé 15 000 emplois salariés dans le secteur privé non agricole, contre 20 000 pour l'ensemble de la France, selon le Bilan économique et social de l'Insee Bretagne, publié en avril. La région se distingue par un taux de chômage de 8%, de deux points inférieur à la moyenne nationale. Cette bonne performance s'explique par une croissance de plus de 4% du nombre d'emplois dans la construction, alors que les lancements de logements neufs explosent (+19% de mises en chantiers en 2004). Elle tient aussi au succès de la Peugeot 407, produite sur le site PSA de Rennes, dont la montée en cadence à partir d'avril 2004 a permis une hausse de plus de 10% des emplois du groupe automobile et de ses sous-traitants dans la région. De nombreux emplois ont aussi été créés dans les services (+3,1% contre 2,3% en moyenne en France). La meilleure santé du marché de l'emploi breton par rapport au reste du pays est une constante depuis une quinzaine d'années, note Bernard Le Calvez, directeur régional de l'Insee. "La force de la Bretagne est qu'elle dispose à la fois d'une industrie importante et diversifiée et d'une économie résidentielle forte liée au tourisme", estime-t-il. La répartition des emplois industriels sur trois principaux secteurs (agroalimentaire, technologies de l'information et de la communication, automobile) permet d'amortir les cycles économiques. De plus, l'agroalimentaire ou l'hôtellerie-restauration sont de gros pourvoyeurs d'emplois peu qualifiés, qui "permettent à tout le monde de trouver du travail", explique-t-il. Selon M. Le Calvez, la Bretagne est engagée dans un cycle vertueux de croissance de l'emploi et de croissance démographique. "La population augmente parce que les créations d'emplois attirent de la main d'oeuvre d'autres régions. Mais la hausse de la population crée à son tour des emplois dans les services" en plus de son impact sur l'immobilier, explique-t-il. De 1999 à 2004, la population a augmenté de 21 400 personnes par an et 115 000 logements ont été construits, dont 80% de résidences principales. Si les groupes étrangers et les grandes entreprises sont faiblement implantés en Bretagne, la région bénéficie d'un tissu dense de petites et moyennes entreprises, dont les dirigeants, essentiellement bretons, sont attachés à l'implantation locale, souligne aussi M. Le Calvez. Pour Laurence Luong, rédactrice en chef de l'Octant, la revue d'études et de statistiques de l'Insee Bretagne, le succès sur le front de l'emploi a été acquis au prix d'une modération des salaires. "Les salaires en Bretagne sont bas, car on a privilégié l'emploi au détriment des salaires", selon elle. Pour M. Le Calvez, le nombre d'emplois peu qualifiés est un motif d'inquiétude pour l'avenir. Ainsi, "on peut se demander comment vont évoluer certains emplois de l'agroalimentaire (...) face à la concurrence d'autres pays", s'interroge-t-il.<scr

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