Emploi public local : France Stratégie défend « un débat sur l'équité dans l'accès à certains services »
À l’heure de la réorganisation des services publics dans les territoires, décidée par le gouvernement à l’issue du grand débat national, France Stratégie a publié, la semaine passée, une note sur la répartition territoriale de l’emploi public local, à travers les 320 zones d’emploi française. Sur les 5,8 millions d’emplois publics recensés en France, 4,5 millions sont dits « locaux », c’est-à-dire qu’ils produisent « un service uniquement ou très majoritairement en direction des usagers de sa zone d’emploi » (emplois des centres des impôts…). Parmi eux, 1,4 million sont employés par les communes et groupements de communes, 240 000 par les départements et 60 000 par les régions.
Ces premiers chiffres en tête, il reste encore à connaître la façon dont ils sont répartis sur le territoire. « Avec un taux d’administration de 10 emplois publics pour 100 habitants, l’Île-de-France arrive en tête du classement, à égalité avec la Corse. Toutes les autres régions ont un taux d’administration compris entre 7,5 et 9, les Pays de la Loire en dernière position », note France Stratégie, qui explique que ces écarts sont dus avant tout à « l’importance de l’emploi public non local », c’est-à-dire des emplois nationaux, régionaux ou départementaux. « De fait l’Île-de-France, région capitale, bénéficie d’un nombre très élevé d’emplois nationaux (hors défense), compte tenu de la concentration des services centraux des ministères. »
Une analyse dans 320 zones d’emplois françaises
L’analyse ne se limite pas aux zones géographiques. France Stratégies a observé la situation de l’emploi public local au sein de 320 zones d’emploi en fonction de leur population. Premier constat, plus l’agglomération principale est importante, plus le taux d’administration est élevé. Les grandes métropoles comptent ainsi près de 10 emplois publics pour 100 habitants ; ce chiffre monte à 12 pour la zone d’emploi de Paris. De leur côté, les zones rurales (moins de 2 000 habitants) ont un taux moyen d’administration inférieur de 30 % à celui des grandes métropoles, tandis que les autres zones urbaines se situent dans une position intermédiaire, avec un taux compris entre 7,7 et 8,5 pour 100 habitants. » En revanche, pointe France Stratégie, « on trouve des zones d’emploi rurales qui dépassent la moyenne des grandes métropoles : c’est vrai par exemple pour la Lozère, Corte, Digne-les-Bains, Sarrebourg ou Parthenay ».
Deuxième constat : « à caractéristiques comparables, le taux d’administration diminue lorsque le taux de chômage progresse. Passer de 10 % à 15 % de taux de chômage est ainsi associé à une baisse du taux d’administration de 8 %. »
Plus particulièrement, France Stratégie observe que « les emplois locaux de l’enseignement primaire et secondaire sont les plus homogènes sur le territoire. En revanche, les zones rurales et celles comprenant une agglomération de moins de 50 000 habitants ont significativement plus de postes en moyenne rapportés aux habitants de moins de 16 ans (respectivement 8,7 et 8,4) que les zones des grandes métropoles (7,6) et d’Île-de-France (7,2). »
S’agissant, enfin, de l’emploi local dans les collectivités territoriales, « un contraste important entre zones d’emploi du quart nord-est et celles situées au sud de l’axe Genève-Bordeaux » apparaît. L’emploi des collectivités semble par ailleurs plus développé en Île-de-France et dans de nombreuses zones du littoral. Ces écarts s’expliquent par les caractéristiques socio-économiques des zones d’emploi mais aussi la taille de l’agglomération.
En conclusion, France Stratégie indique que « le lien entre potentiel financier et développement de l’emploi public invite à ouvrir un débat sur l’équité dans l’accès à certains services locaux comme les crèches, le périscolaire ou les services sociaux. » Selon l’institution rattachée au Premier ministre, « une politique de réallocation ne saurait se limiter à puiser dans le vivier francilien, mais concerner l’ensemble des grandes métropoles fortement dotées en emploi public non local et en emploi public en général. La réflexion sur l’allocation des emplois doit également tenir compte des opportunités liées au développement du numérique : s’il est un facteur susceptible de réduire la présence de l’emploi de proximité, du fait du remplacement de l’accueil physique par des téléprocédures, il peut également être un levier de soutien à des territoires en di culté, en déconnectant le lieu de localisation de l’emploi de celui où le service est rendu. »
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