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Édition du jeudi 24 septembre 2020
Emploi

Chômage partiel : la baisse s'est poursuivie en août, mais les incertitudes planent sur la fin d'année

Près de 1,3 million de salariés étaient encore « effectivement »  en activité partielle au mois d’août, selon une estimation de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée hier. Si le nombre d’entreprises ayant recours à cette forme de chômage a ainsi continué de baisser ces derniers mois, leurs perspectives restent toutefois marquées par de fortes incertitudes.

Des arrêts de travail réduits de près de la moitié
Alors que la crise regagne en intensité en septembre (lire article ci-dessus), cette sixième édition de l’enquête Acemo (Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre) spéciale crise sanitaire, réalisée par la Dares avec l’appui de l’Insee, révèle que le nombre de salariés en chômage partiel n’a jamais été aussi bas depuis le début de la crise entraînée par la pandémie de covid-19 en France.
Le mois dernier, 1,3 million de salariés auraient donc été en activité partielle, après 1,9 million en juillet et 3,5 millions en juin, selon des chiffres révisés à la baisse. Ils étaient 7,3 millions en mai, 7 millions en mars et jusqu’à 8,6 millions, en avril, au plus fort de la crise. Ainsi, en août, 7 % des salariés étaient encore dans une entreprise dont l'activité était arrêtée ou avait diminué de plus de moitié, contre 9 % en juillet, 13 % en juin, 27 % en mai et jusqu’à 45 % en avril, selon la Dares.
En outre, le nombre d’arrêts de travail lié au coronavirus a également encore chuté de près de moitié. Parmi les 1,3 million de salariés placés en activité partielle, ce sont environ 70 000 salariés qui auraient été en activité partielle pour situation de vulnérabilité/fragilité (des arrêts de travail qui étaient encore assimilés à des arrêts maladie jusqu’en avril) alors qu’ils étaient encore 120 000 en juillet, précise le service de statistiques du ministère du Travail qui a interrogé, pour réaliser cette enquête, les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé non agricole entre le 31 août et le 11 septembre 2020.

Hébergement et restauration toujours les plus touchés
En août, les réductions des débouchés et les salariés en situation de garde d’enfants ou considérés comme fragiles sont toujours les principales raisons de recours au chômage partiel. Au total, le montant d'allocation des salariés au titre des heures chômées pris en charge par l'État et l'Unédic est estimé, pour le mois dernier, à 800 millions d'euros (après 1,4 milliard en juillet, et 2,4 en juin).
Reste que les secteurs de l'hébergement et de la restauration restent en proportion les plus touchés, avec 21 % de salariés à l'arrêt ou en baisse d'activité de plus de moitié (contre 35 % en juillet et 57 % en juin). « Le secteur des « autres activités de service »  reste également particulièrement affecté (14 %), bien qu’en nette amélioration (...) du fait notamment des arts, spectacles et activités récréatives », estime la Dares qui note que, à l’inverse, le secteur qui accuse la plus faible baisse d’activité par rapport à la normale est celui de la construction (86 % des entreprises déclarant que leur activité est restée inchangée ou a augmenté).

La reprise s'essouffle
« Le recours à l'activité partielle recule à nouveau en août. (...) La reprise de l'activité économique se poursuit ! », s’est dès lors réjouit sur twitter la ministre du Travail, Elisabeth Borne, à l’annonce de ces chiffres. Des baisses « sans doute pour partie liées à des phénomènes saisonniers », ont toutefois noté les auteurs de l’étude. D’autant que, selon eux, si la reprise de l’activité se poursuit, elle « semble légèrement  s’essouffler ». En effet, « la situation ne s’améliore que très légèrement par rapport au mois précédent : la part des salariés qui sont employés dans des entreprises où l’activité a augmenté par rapport à ce qui était prévu est en baisse de 3 points par rapport au mois précédent (8 % après 11 % en juillet) », constatent-ils.
Bien que la part des entreprises qui n’anticipent aucune difficulté pour la reprise de leur activité reste stable par rapport à juillet (20 % en août après 21% en juillet), de manière générale les perspectives des entreprises sont marquées par une forte incertitude qui « atteint son plus haut niveau »  depuis le début de la crise. Celles qui ne peuvent dater le retour à la normale représentent ainsi 32 % des salariés (contre 30 % fin juillet et 27 % fin avril).
« Peu d’entreprises dont les effectifs ont diminué anticipent un retour à la normale de ces derniers », observent par ailleurs les auteurs de l’étude. « Près de la moitié (44%) des entreprises dont les effectifs ont diminué anticipe que ces derniers ne retrouveront pas leur  niveau normal. Pour 24 % de ces entreprises, et notamment pour 61 % de celles de la fabrication de matériel de transports, la situation va même se dégrader : les effectifs continueront de baisser ». Parmi ces dernières, celles-ci sont principalement des grandes entreprises (29 % des entreprises de 250 salariés ou plus contre 16 % des entreprises de 10 à 19 salariés). Plus globalement, 33 % des entreprises ne se prononcent pas sur les évolutions de leurs effectifs.
Toutefois, on peut retenir que deux tiers des entreprises qui n’ont pas encore vu leurs effectifs diminuer du fait de la crise n’envisagent pas, pour l’heure, de les baisser au cours des trois prochains mois (elles ne sont que 5 % à anticiper une telle baisse). Les secteurs les plus optimistes étant ceux de l’énergie et des activités financières et d’assurance. 

A.W.

Consulter l’étude.

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