Édition du jeudi 8 février 2018
Emmanuel Macron favorable à « la reconnaissance constitutionnelle de la spécificité de la Corse »
À Bastia, hier, le président de la République a prononcé un long discours sur sa stratégie à l’égard de la Corse. Il a fermé la porte à l’essentiel des revendications mises en avant par les autonomistes depuis leur victoire aux élections locales de décembre dernier.
Au lendemain de cette victoire, lors de laquelle la liste conduite par Gilles Simeoni avait remporté 56,46 % des suffrages, le leader autonomiste avait déroulé son programme (lire Maire info du 11 décembre 2017) : pas de demande d’indépendance, mais « un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice », sur le modèle de celui qui a été imaginé pour la Nouvelle-Calédonie. Gilles Simeoni demandait également un pouvoir législatif pour la collectivité de Corse dans le domaine économique, sur la fiscalité, le foncier, l’éducation. Les autonomistes réclament la « co-officialité » de la langue corse, le rapprochement de ceux qu’ils considèrent comme des « prisonniers politiques » – dont Yvan Colonna, reconnu coupable de l’assassinat du préfet Érignac en 1998 – et une inscription de la Corse dans la Constitution.
Ce n’est finalement que sur ce dernier point – le plus symbolique – qu’Emmanuel Macron a ouvert la porte hier : « la reconnaissance constitutionnelle de la spécificité de la Corse », selon les mots du président. « Ce souhait, je l’entends et je le respecte, je le prends comme la volonté d’un ancrage fort dans la République. J’y suis favorable. » Des dispositions en ce sens seront donc intégrées au projet de loi constitutionnel qui sera dévoilé au printemps.
Reste à savoir dans quel article de la loi fondamentale sera mentionnée la Corse ? L’article 72, relatif aux collectivités dans leur ensemble ? L’article 73, qui touche aux collectivités d’outre-mer ? Ou encore, comme le souhaitent les autonomistes, dans l’article 74, relatif à la Nouvelle-Calédonie ? Ces questions seront discutées dans les mois qui viennent, mais le chef de l'Etat a clairement affiché sa préférence pour une modification de l’article 72.
Sur les autres sujets, c’est un fin de non-recevoir. Co-officialité de la langue corse ? Hors de question : « Dans la République française, il y a une langue officielle, le français. » Statut de « résidents », auxquels serait réservée la possibilité d’acheter un bien immobilier sur l’île ? « Pas la bonne réponse », selon le président, qui préfèrerait « favoriser la construction de logements et simplifier les règles d’urbanisme ». Autonomie fiscale ? Plutôt non, encore : « Comment souhaiter une autonomie fiscale et en même temps demander encore plus à la solidarité nationale ? Ça n’existe pas. Je ne connais pas de finances magiques. » Quant à la revendication de rapprochement des prisonniers, Emmanuel Macron ne l’a même pas évoquée dans son discours.
Le président de la République a fait en revanche un certain nombre d’annonces concrètes. Sur la violence et la délinquance d’abord : ce sera désormais « la tolérance zéro », qu’il s’agisse de violence « d’inspiration terroriste ou de droit commun ». Il y aura en Corse « des renforts d’équipement et de la police du quotidien ». La loi Littoral devrait « évoluer » pour la rendre « plus intelligente et mettre fin aux situations ubuesques », a aussi estimé le président, qui a promis de donner aux élus locaux des possibilité « d’adaptation » en la matière.
Emmanuel Macron s’est aussi engagé à améliorer l’offre de santé grâce à un développement des maisons de santé et un « plan d’infrastructures et d’équipement » pour les personnes âgées, qui sera présenté l’été prochain. En matière de téléphonie mobile, il a garanti un couverture « totale » de l’île en 2020, avec s’il le faut « des sanctions pour les opérateurs ».
En conclusion de son discours, Emmanuel Macron a invité les Corses à ne pas entretenir une logique de « face à face » : « La Corse est à l’heure du choix : entretenir avec la République un face à face qui a parfois été ruineux, et stérile, ou se tourner vers son avenir, qui dépasse de loin les rives de l’île. Faire partie intégrante de la cinquième puissance mondiale est un atout inouï. Faites-en le meilleur usage. »
Sans surprise, ces annonces ont déçu les leaders autonomistes de l’Assemblée de Corse, qui parlaient hier « d’occasion manquée » et d’un discours « très en-deçà des attentes et des enjeux ».
Au lendemain de cette victoire, lors de laquelle la liste conduite par Gilles Simeoni avait remporté 56,46 % des suffrages, le leader autonomiste avait déroulé son programme (lire Maire info du 11 décembre 2017) : pas de demande d’indépendance, mais « un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice », sur le modèle de celui qui a été imaginé pour la Nouvelle-Calédonie. Gilles Simeoni demandait également un pouvoir législatif pour la collectivité de Corse dans le domaine économique, sur la fiscalité, le foncier, l’éducation. Les autonomistes réclament la « co-officialité » de la langue corse, le rapprochement de ceux qu’ils considèrent comme des « prisonniers politiques » – dont Yvan Colonna, reconnu coupable de l’assassinat du préfet Érignac en 1998 – et une inscription de la Corse dans la Constitution.
Ce n’est finalement que sur ce dernier point – le plus symbolique – qu’Emmanuel Macron a ouvert la porte hier : « la reconnaissance constitutionnelle de la spécificité de la Corse », selon les mots du président. « Ce souhait, je l’entends et je le respecte, je le prends comme la volonté d’un ancrage fort dans la République. J’y suis favorable. » Des dispositions en ce sens seront donc intégrées au projet de loi constitutionnel qui sera dévoilé au printemps.
Reste à savoir dans quel article de la loi fondamentale sera mentionnée la Corse ? L’article 72, relatif aux collectivités dans leur ensemble ? L’article 73, qui touche aux collectivités d’outre-mer ? Ou encore, comme le souhaitent les autonomistes, dans l’article 74, relatif à la Nouvelle-Calédonie ? Ces questions seront discutées dans les mois qui viennent, mais le chef de l'Etat a clairement affiché sa préférence pour une modification de l’article 72.
Sur les autres sujets, c’est un fin de non-recevoir. Co-officialité de la langue corse ? Hors de question : « Dans la République française, il y a une langue officielle, le français. » Statut de « résidents », auxquels serait réservée la possibilité d’acheter un bien immobilier sur l’île ? « Pas la bonne réponse », selon le président, qui préfèrerait « favoriser la construction de logements et simplifier les règles d’urbanisme ». Autonomie fiscale ? Plutôt non, encore : « Comment souhaiter une autonomie fiscale et en même temps demander encore plus à la solidarité nationale ? Ça n’existe pas. Je ne connais pas de finances magiques. » Quant à la revendication de rapprochement des prisonniers, Emmanuel Macron ne l’a même pas évoquée dans son discours.
Le président de la République a fait en revanche un certain nombre d’annonces concrètes. Sur la violence et la délinquance d’abord : ce sera désormais « la tolérance zéro », qu’il s’agisse de violence « d’inspiration terroriste ou de droit commun ». Il y aura en Corse « des renforts d’équipement et de la police du quotidien ». La loi Littoral devrait « évoluer » pour la rendre « plus intelligente et mettre fin aux situations ubuesques », a aussi estimé le président, qui a promis de donner aux élus locaux des possibilité « d’adaptation » en la matière.
Emmanuel Macron s’est aussi engagé à améliorer l’offre de santé grâce à un développement des maisons de santé et un « plan d’infrastructures et d’équipement » pour les personnes âgées, qui sera présenté l’été prochain. En matière de téléphonie mobile, il a garanti un couverture « totale » de l’île en 2020, avec s’il le faut « des sanctions pour les opérateurs ».
En conclusion de son discours, Emmanuel Macron a invité les Corses à ne pas entretenir une logique de « face à face » : « La Corse est à l’heure du choix : entretenir avec la République un face à face qui a parfois été ruineux, et stérile, ou se tourner vers son avenir, qui dépasse de loin les rives de l’île. Faire partie intégrante de la cinquième puissance mondiale est un atout inouï. Faites-en le meilleur usage. »
Sans surprise, ces annonces ont déçu les leaders autonomistes de l’Assemblée de Corse, qui parlaient hier « d’occasion manquée » et d’un discours « très en-deçà des attentes et des enjeux ».
F.L.
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