Rentrée scolaire : « 99,9 % des postes pourvus » dans le primaire, 2 500 enseignants manquants dans le secondaire
Par A.W.
Pour la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, ce lundi fut une rentrée scolaire sous le signe « des moyens et un nombre de postes de professeurs constants ». Pour les syndicats, la réalité révèle, au contraire, une série de problèmes causés par des moyens jugés insuffisants.
« Une rentrée de la pénurie », a même dénoncé la secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré, Sophie Venetitay, alors que le Premier ministre, François Bayrou, souhaite 3 000 postes publics en moins l’an prochain… mais dont le gouvernement, désormais en sursis, a toutes les chances de tomber le 8 septembre lors d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale.
De nombreux établissements touchés
Alors que plus de 850 000 enseignants ont repris le chemin des classes, la ministre de l’Éducation nationale a voulu rassurer, sur RTL, en se félicitant d’avoir « 99,9 % des postes qui sont bien pourvus dans le premier degré » et « quasiment pas de postes non pourvus dans le second degré ». « L’équivalent » tout de même de « 2 500 enseignants » manquants dans les collèges et lycées le jour de la rentrée.
Un chiffre « moins élevé que l’année dernière », a fait valoir l’ancienne Première ministre, quand le Snes-FSU a plutôt évalué le déficit de professeurs entre 5 000 et 6 000 professeurs. « 2 500 ETP [équivalent temps plein], c’est peut-être 5 000 enseignants à mi-temps », a ainsi expliqué Bruno Bobkiewicz, du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des personnels de direction des collèges et lycées.
D’autant que cette vacance est répartie dans de nombreux établissements. Plus de la moitié des collèges et des lycées manquaient ainsi d'au moins un enseignant l’an dernier, selon les enquêtes du Snes-FSU et du SNPDEN (respectivement 56 % et 60 %). La répartition de la pénurie étant très hétérogène sur le territoire, on pouvait recenser des académies, comme celles de Versailles et Lyon, qui se retrouvaient avec « respectivement 72 % et 68 % des établissements dans lesquels il manque au moins un professeur ». Pour 2025, le SNES-FSU annonce qu’il présentera les résultats de sa nouvelle enquête demain.
Reconnaissant que, « comme chaque année, des heures d’enseignements ne sont pas totalement couvertes » (représentant « 0,7 % des heures d’enseignements » ), la ministre de l’Éducation nationale a annoncé qu’elle demanderait aux rectorats de « renforcer les équipes de remplaçants, avec non seulement un professeur pour la rentrée, mais aussi tout au long de l’année un professeur devant chaque classe ».
Crise du recrutement
Si le nombre de postes de professeurs manquants est, certes, « moins élevé que l’année dernière », comme l’a rappelé Élisabeth Borne – d’autant qu’il y a également « 100 000 élèves de moins » cette année - , il rappelle que l’Éducation nationale est frappée par une grave crise du recrutement (avec 2 000 postes non pourvus en 2025 et autour de 3 000 postes ces dernières années). Le métier n’attire plus et les enseignants en poste se disent à 86 % « désabusés », selon une enquête du Snes-FSU réalisée en juin 2025. Près des deux tiers déclarent même avoir envisagé de démissionner depuis 2023 à cause notamment d’un niveau trop bas de rémunération.
Pourtant « cette année, ce sont 16 milliards d’euros de plus que nous investissons dans l’école par rapport à 2017 », a rappelé Elisabeth Borne, lors de sa conférence de presse de rentrée.
Mais, dans ce climat, les appels à une journée de mobilisation sur l’ensemble du territoire se multiplient. Des enseignants, et certains membres de l'administration, ont d’ailleurs d’ores et déjà fait grève ce lundi.
Parmi les différents maux qui frappent le monde de l’éducation : les classes surchargées, la pénurie de personnel, et notamment d'accompagnants pour les élèves handicapés (AESH), des rémunération trop faibles… Les syndicats d'enseignants sont notamment vent debout contre les suppressions de postes.
« Pour nous, l’école doit bénéficier d’un plan d’urgence pour la laisser au rang des standards internationaux », a estimé la co-secrétaire de la FSU-SNUipp, Sandrine Monier, lors de sa conférence de presse de rentrée, le 25 août. Le premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires a ainsi réclamé « l’ouverture de postes de titulaires remplaçants, d’enseignants spécialisés […] des moyens pour l’école inclusive, la défense de l’éducation prioritaire, l’amélioration des conditions d’emploi des AESH », faute de quoi « la situation de l’école publique va continuer de se dégrader pour les élèves comme pour les personnels ».
Intelligence artificielle et interdiction du portable
En attendant, cette rentrée s’est accompagnée de quelques nouveautés. Outre l’arrivée des nouveaux programmes d'éducation à la vie affective et sexuelle (Evars), de nouveaux programmes de mathématiques et français dans le premier degré, une réforme du contrôle continu pour le bac, l’interdiction réelle du portable au collège devra être mis en œuvre.
Si la loi prévoit depuis 2018 que l'utilisation du téléphone portable (mais aussi des tablettes ou des montres connectées) est interdite à l'école primaire et au collège, celle-ci est loin d’être effective puisque de nombreux élèves parviennent à utiliser leurs smartphones.
Élisabeth Borne a ainsi annoncé que « d’ici la fin de l’année, chaque collège doit avoir trouvé la bonne réponse » pour y parvenir, que cela passe par la mise en place d’un « casier, une pochette, une mallette » pour que « les élèves ne sortent pas leur portable au collège ».
En parallèle, les enseignants des écoles et établissements du second degré devront s’initier à l’intelligence artificielle et pourront désormais être « accompagnés » d'une IA, qui les aidera à « préparer leurs cours ».
Celle-ci pourra « permettre de mieux comprendre ce qu'un élève a compris, ce qu'il n'a pas compris et quels sont ses blocages. On peut en faire un vrai levier pour faciliter l'apprentissage », a expliqué l’ancienne Première ministre au média Brut. En commentaire de la vidéo, un internaute se disant « prof » assure que les enseignants ne « veulent pas de cette aide. On veut des classes moins chargées, des programmes stables qui ne changent pas tous les quatre matins et qui ont du fond, des infirmières scolaires pour nos élèves. Le dégel du point d'indice… »
Toujours en lien avec le numérique, on peut noter la tribune signée hier par plus de 500 éditeurs, enseignants et écrivains qui s’opposent à la numérisation des manuels scolaires en Ile-de-France qui mènerait à une « école sans boussole, réduite à du scroll », en rappelant que « la Suède a fait marche arrière après dix ans de tout-numérique : résultats en baisse, surcharge cognitive, recul du niveau de lecture ».
Le coût de la rentrée universitaire en hausse
Du côté des étudiants, on peut aussi noter la présentation ce matin, sur Franceinfo, du nouveau baromètre annuel du premier syndicat étudiant (la Fage) sur le coût de la rentrée universitaire. Celui-ci révèle que celui-ci a encore progressé de 2 % cette année, et s'élève à près de 3 227 euros (contre 3 024 euros en 2023 et 3 157 euros en 2024).
Le syndicat a ainsi alerté d’une précarisation toujours plus grande des étudiants et pointe des inégalités selon les territoires, avec « une rentrée universitaire qui atteint 4 503 euros pour un étudiant ultramarin, soit 108,25 euros de plus qu'en septembre 2024 ».
Le logement reste ainsi le premier poste de dépense dans le budget étudiant et représente la moitié du budget mensuel que consacre un étudiant pour ses dépenses courantes, explique Franceinfo, qui note que « de nombreux étudiants doivent sacrifier d’autres postes essentiels, comme l’alimentation ou les soins, devenus des variables d’ajustement budgétaire ».
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