Écoles : deux expérimentations autour de l'éducation prioritaire et de l'école rurale
Dans la perspective d'une « nécessaire évolution » de l'éducation prioritaire, le ministère a décidé de lancer une expérimentation. L'enjeu est de « gommer les imperfections » du système actuel, constitué de REP et REP+, afin que certains publics notamment de lycées professionnels ne soient pas mis de côté (or 70 % de leurs élèves viennent de territoires prioritaires), résoudre le problème des écoles dites « orphelines », ou intégrer des écoles « socialement proches » de l'éducation prioritaire ou « ayant des besoins d’accompagnement particuliers identifiés ». Le ministère s'inspire, notamment, du rapport Azéma Mathiot rendu à l'automne 2019.
Contrat local d'accompagnement : trois académies tests
L'expérimentation va prendre la forme de contrats locaux d'accompagnement (CLA), à ne pas confondre avec les CLAS (pour l'accompagnement scolaire). La secrétaire d’État à l'Éducation prioritaire, Nathalie Elimas, les avait annoncés en novembre. C'est maintenant que leur mise en place se précise. Cette expérimentation doit être opérationnelle à la rentrée prochaine, en septembre 2021. Trois académies sont concernées : Aix-Marseille, Lille, Nantes. Elles ont des « caractéristiques sociales, géographiques et économiques très différentes » (zones haute montagne, territoires ruraux isolés, et zones urbaines denses). Cela permet de représenter l'ensemble des écoles et leurs territoires de rattachement explique le cabinet de la secrétaire d'Etat. Ce qui sera utile en cas de généralisation, envisagée à la rentrée suivante (en 2022).
Du « sur-mesure » sous conditions
Le contrat sera passé entre un établissement et l'Éducation nationale. En pratique, cela pourra débloquer ici un poste dédié pour l'accueil d'enfants de saisonniers sur un temps limité, là des temps de décharge, cite, en guise d'exemples, le ministère.
« C'est donc plus un outil au service des enseignants et du projet d'établissement que du territoire », pointe Delphine Labails, maire de Périgueux, et co-présidente de la commission éducation de l'AMF. « Mais tout ce qui permet de maintenir un tissu d'écoles en proximité est une bonne mesure ».
Son alter ego à la présidence de la commission éducation de l'AMF, le maire d'Arras, Frédéric Leturque, est ravi, « car je dénonçais depuis longtemps ce système qui écartait certains établissements ». Il apporte toutefois quelques réserves : il ne faudrait pas « que cela remette en cause la carte de l'éducation prioritaire ». « Le ministère nous a rassuré sur ce point, mais nous resterons vigilants ».
Autre point souligné par l'élu : « Ce sera à nous de nous mobiliser pour défendre des moyens supplémentaires ». Car la question des moyens reste encore la grande inconnue. Seule promesse du ministère : ils ne seront pas pris sur le budget actuel de l'éducation prioritaire. L'autre « rôle de l'AMF et dans les départements, sera de veiller à ce que cela n'entraine pas de concurrence entre les territoires », ajoute Delphine Labails.
Les « territoires éducatifs ruraux », l'autre proposition
Une autre expérimentation touche cette fois spécifiquement la ruralité. Elle a été présentée lundi 18 janvier par les ministres comme le pendant des cités éducatives développées dans les quartiers politique de la ville. L'objectif affiché est d'offrir « un égal accès d’un service public de grande qualité pour tous ». Les enfants réussissent bien dans les écoles rurales, « même mieux » relève le ministère, « mais ils n’enclenchent pas d’études », par manque d'ambitions et en raison des contraintes de mobilités. Il s'agit donc de redonner de l' « ambition scolaire » et de « l'attractivité » en créant des « alliances éducatives territoriales » autour des jeunes (de 3 à 25 ans). Voilà pour le jargon.
En pratique, là encore, trois académies serviront de test. 23 territoires y ont été identifiés au sein desquels, notamment, 155 écoles. Des objectifs pédagogiques et éducatifs vont être définis sur chacun. Le calendrier est serré, car si l'expérimentation doit démarrer en février, un premier bilan est attendu pour juin afin d'envisager un premier déploiement à la rentrée prochaine.
L'investissement des maires
Delphine Labails et Frédéric Leturque insistent d'ores et déjà pour que les maires puissent être, « dès le départ », « dans la boucle », de la conception à l'évaluation. Au niveau national comme au niveau local. « Parce que nous pouvons apporter l'ingénierie que les petites écoles ne pourront pas mobiliser » pointe la maire de Périgueux. Frédéric Leturque compte s'appuyer sur la communauté urbaine pour accompagner la trentaine de communes rurales également membres à s'engager sur ces projets. In fine, ce qu'il faudra aussi, relèvent les deux élus, c'est de « la clareté », et « faire attention à l'effet millefeuille », au risque de rendre le paysage, à terme, un peu plus illisible.
E.S.
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