École : après les promesses d'Emmanuel Macron, les syndicats enseignants sceptiques
Par Sophie Laubie et Anne-Sophie Morel (AFP)
« L'Éducation nationale doit renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe » , a déclaré lundi soir le président de la République lors de son allocution télévisée. « Dès la rentrée, notre école va changer à vue d'oeil : pour les enseignants qui seront mieux rémunérés, pour les élèves qui seront davantage accompagnés en français, en mathématiques, pour leurs devoirs et pratiqueront plus de sport à l'école, pour les parents qui verront le remplacement systématique des enseignants absents ».
Emmanuel Macron a ainsi résumé en quelques mots ses ambitions pour l'école.
« Assez vide, sans surprise » , pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré (collèges, lycées), l'allocution ne comportait « rien de nouveau, si ce n’est la confirmation que le président fait le choix de s'enfoncer dans des annonces qui ne vont pas résoudre le principal problème : la crise d'attractivité de nos métiers ».
« Il y a un côté qui relève de la pensée magique » , estime Catherine Nave-Bekhti du Sgen-CFDT. Pour Stéphane Crochet, du SE Unsa, « le président ressasse toujours les mêmes choses, avec une vision de l’école assez superficielle ».
Concernant la rémunération des enseignants – des annonces sont attendues jeudi –, « le président ne bouge pas d'un iota » , regrette Stéphane Crochet, alors que « le Pacte ne devrait pas être très bien reçu » . Les syndicats ont claqué la porte des négociations début mars sur cette partie de la revalorisation, conditionnées à de nouvelles missions pour les enseignants.
Les syndicats jugent peu crédible la promesse du « remplacement systématique des enseignants absents » . Dans le Pacte, les enseignants devront s'engager sur les remplacements de courte durée dans le second degré.
Pour Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, il faudrait « que l’État s'engage à avoir des viviers de remplaçants. Et pour cela, il faut plus de moyens sur la table ».
Pas réalisable
« Comment Emmanuel Macron peut-il arriver à remplacer (les enseignants absents) dès la rentrée, sans plus de moyens et plus de professeurs ? » , renchérit le président de la fédération d'élèves FCPE, Grégoire Ensel. « Cette promesse n'est pas réalisable ».
Ni Emmanuel Macron ni le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, n'ont abordé le sujet des remplacements en maternelle et élémentaire. Or « on va supprimer des postes à la rentrée, ce n’est pas comme ça qu’on pourra assurer les remplacements » , relève Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Les syndicats doutent également que l'école changera beaucoup pour les élèves.
Emmanuel Macron a assuré que les enfants seraient « davantage accompagnés en français, en mathématiques, pour leurs devoirs ». Une référence à des mesures annoncées en janvier, dont la création à la rentrée d'une heure hebdomadaire de renforcement ou d'approfondissement en français ou en mathématiques en classe de 6e, et la généralisation, toujours en 6e, du dispositif « Devoirs faits » , qui permet d'effectuer le travail scolaire au collège.
Mais pour Stéphane Crochet, « ce ne sont pas ces 36 heures qui vont révolutionner les difficultés de fond de notre système scolaire » . Il regrette notamment que le chef de l'État « refuse d'ouvrir des sujets tels que l'intervention d'enseignants spécialisés » dans l'accompagnement des enfants en grande difficulté au primaire, qui existe, certes, mais de manière trop réduite selon lui.
Quant au lycée professionnel, le président a dit « vouloir désormais engager la réforme » annoncée depuis sa campagne présidentielle, avant de préciser qu'il souhaitait « accélérer » avec un projet de loi d'ici à l'été.
Mais là encore, cette réforme, qui a donné lieu à des concertations houleuses avec les syndicats entre septembre et janvier, est loin de remporter leur adhésion. Pour Sigrid Gérardin, à la tête du syndicat Snuep-FSU, « un passage par un projet de loi est le risque d'une transformation majeure de la voie professionnelle ».
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2