2S2C : une expérience modeste et « inégalitaire » selon les députés
167 000 élèves, soit 2,5 % des enfants du premier degré ont fréquenté les activités mises en place par le dispositif 2S2C (santé, sport, culture et civisme) à partir du 11 mai. Pour rappel, ce dispositif a été lancé par le ministère de l’Éducation nationale pour accompagner la sortie du déconfinement et le retour à l’école de tous les élèves malgré les contraintes du protocole sanitaire. L’idée étant de proposer des activités pendant le temps scolaire, complémentaires des apprentissages, à une partie des élèves ne pouvant être accueillis en classe. Le dispositif devait être porté par les collectivités locales, sur la base du volontariat.
Très peu de communes engagées
En tout, seules 8 % des communes – 2940 – ont signé une convention, ce qui a représenté 5 846 écoles du premier degré. Ces chiffres font partie des rares données récupérées par les rapporteurs de la mission flash de la commission des Affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale consacrée à ce sujet (à laquelle l'AMF n'a pas été associée). Il n’y a par exemple aucun bilan possible sur l’impact du 2S2C dans les quartiers prioritaires de la ville, confirme à Maire info la députée du Nord Béatrice Descamps (UDI), co-rapporteure de la commission avec le député du Cher François Cormier-Bouligeon (LaREM). Si l’expérience a donc concerné peu de territoires, elle n’a pas non plus été de même qualité partout. Les députés dressent le tableau d’un dispositif très disparate, sur le fond et la forme, avec très peu d’activités civisme notamment, et inégalitaire. C’était l’une des craintes majeures de l’AMF. Elle se confirme.
Rapport « à charge et à décharge »
Les raisons de ce « maigre bilan » sont multiples. En premier lieu, parce que le dispositif a eu peu de temps pour se déployer, et les collectivités locales encore moins de temps pour s’y préparer. Ce sont celles qui en avaient les moyens (financiers, humains, en locaux et équipements ou en tissu associatif) qui se sont lancées. Très souvent, elles avaient un PEdT (projet éducatif territorial), des accueils de loisirs, « un réseau solide avec le tissu associatif », etc. « Beaucoup de communes, et notamment des petites, auraient eu envie de le faire, mais n’ont pas pu », assure la députée. Les communes rurales se sont heurtées aux mêmes difficultés que sur les temps d’activités périscolaires(Tap/Nap) issus de la réforme des rythmes scolaires en 2013.
Le premier frein a été financier : l’aide de 110 euros par jour par groupe de 15 enfants était insuffisante. « 100 euros, c’est le tarif d’une heure d’intervention dans le secteur culturel », rappelle Béatrice Descamps. Il a aussi fallu du temps pour vérifier les antécédents judiciaires des intervenants (surtout dans une période où le service du casier judiciaire était fermé pour cause de confinement). Il a fallu encore lever les réticences – celles des maires, au regard des responsabilités pénales encourues, celles des enseignants aussi.
Et si…
« Nous voulions faire ce travail d’évaluation car c’est notre mission de contrôler le gouvernement. Mais surtout parce que quand on amène de la culture, du sport et de la citoyenneté à l’école, cela mérite qu’on réfléchisse à une suite possible car cela participe de l’épanouissement des enfants », explique Béatrice Descamps. Elle prend garde de préciser que la mission n’a pas calé sa réflexion sur la question « comment prolonger le dispositif ? » mais plutôt celle-ci : « Que retenir et sur quoi travailler si un tel dispositif devait se pérenniser en temps normal ? ». L’idée même d’un possible redéploiement à la rentrée en cas de reconfinement n’était pas non plus, pour les députés, une option de travail.
Les rapporteurs posent quelques recommandations pour qu’un tel dispositif à l’avenir soit accepté et soit déployé partout, sans rupture d’égalité. La première est impérieuse : laisser le temps aux acteurs de terrain de penser l’organisation. Les deux députés sont très clairs et fermes sur ce point. « Cela mérite au moins une année de réflexion », a insisté François Cormier-Bouligeon face à ses collègues de la commission Éducation, réunis mercredi 15 juillet. « Il y a certainement une opportunité pour repenser le temps périscolaire mais il faut à tout prix éviter d’ajouter un dispositif et de nouvelles instances de coordination. Et le 2S2C ne peut certainement pas être déployé dans ces conditions à la rentrée », affirme Béatrice Descamps. Pour elle, ce bilan montre combien les inégalités d’équipements (locaux, infrastructures sportives, établissements culturels) sont aussi « le sujet » à prendre à bras le corps.
Emmanuelle Stroesser
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