Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 21 mars 2013
Eau et assainissement

Veolia Eau annonce la suppression de 1500 emplois

Le groupe Veolia environnement a annoncé hier son intention de supprimer 1 500 postes – soit 10% des effectifs de sa filiale Eau. Le groupe, qui a longtemps réalisé ses plus importants bénéfices dans cette branche, affirme aujourd’hui devoir faire face à une détérioration de ses marges, due à « une transformation profonde du marché de l’eau en France ».
Cette « transformation » tient pour beaucoup à une évolution dans l’attitude des communes, de plus en plus nombreuses à choisir la remunicipalisation des services d’eau et le retour à une gestion en régie, soutient Veolia Eau. La plus emblématique de ces décisions a été celle de Paris, en 2008, qui avait alors mis fin à des décennies de délégation avec Veolia et Suez et repris la main sur la distribution de l’eau. Depuis, bien d’autres communes grandes ou petites ont imité la capitale (comme récemment Nice, la communauté urbaine de Bordeaux, les agglomérations d’Évry ou de Montbéliard, la ville de Muret… ) et d’autres, comme Montpellier, y réfléchissent.
De nombreuses collectivités et associations de consommateurs dénoncent en effet les marges souvent jugées « exorbitantes » des gestionnaires privés – une enquête de 2006 chiffrait la marge nette sur chiffre d’affaires de ces entreprises à « 26 à 42% ». À Paris, le passage en régie a fait économiser à la ville quelque 30 millions d’euros par an, correspondant « à la marge des distributeurs », expliquait alors la mairie.
Bien des maires reprochent aussi aux gestionnaires d’avoir laissé le réseau se dégrader et de leur laisser la facture des travaux de rénovation.
D’autres communes, si elles n’ont pas choisi la solution de la remunicipalisation, ont imposé, après négociations, des conditions moins avantageuses pour les gestionnaires privés : elles ont ainsi obtenu des baisses de prix importantes, un raccourcissement des durées de concessions (naguère dépassant couramment les 25 ans), une obligation d’investir dans le réseau.
Ces exigences nouvelles des élus et la baisse des marges qui en découle justifient donc, pour Veolia, une coupe claire dans ses effectifs – ce que les organisations syndicales dénoncent en estimant que « cela va dégrader la qualité du service public » (CGT).
Au même moment où le groupe annonce cette réduction de la voilure dans son activité Eau en France, il communique sur la signature d’un contrat géant au Canada pour l’alimentation en eau de mines de potasse. Pour les spécialistes, la concomitance ces deux informations n’est pas une coïncidence et illustre un basculement de l’activité du groupe.

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