Édition du mercredi 19 février 2003
Qualité des eaux de rivières : les pesticides sont présents sur 90% des points surveillés en rivière et sur 58% des points en eaux souterraines, s'inquiète l'Institut français de l'environnement
Les rivières et les nappes souterraines françaises sont largement contaminées par les pesticides utilisés dans l'agriculture, au point que 5% seulement des prélèvements faits dans les grandes rivières sont de très bonne qualité, selon un rapport publié mardi par l'Institut français de l'environnement (IFEN).
Ce quatrième bilan croise les données de 440 000 analyses faites en 1999 et 2000 sur 2 988 stations de surveillance.
Les pesticides (fongicides, herbicides, insecticides) sont présents sur 90% des points surveillés en rivière et sur 58% des points en eaux souterraines, révèle le rapport.
Seulement 5% des 397 points surveillés sur les grandes rivières françaises présentent une eau de très bonne qualité, compatible avec le développement sans risque de la vie aquatique et avec l'utilisation en eau potable sans traitement. Dans 40% des cas, la présence de pesticides entraîne une qualité moyenne, médiocre ou mauvaise des eaux, nécessitant des traitements spécifiques pour être utilisée en eau potable.
Pas moins de 148 pesticides différents ont été trouvés dans les eaux de surface (sur 320 recherchés) et 62 dans les eaux souterraines (sur 292 recherchés).
Les analyses confirment sans surprise la présence massive, dans les eaux de surface et les nappes souterraines, de triazines, une famille d'herbicides très utilisés dans la production du maïs. Leur présence chronique dans les eaux françaises a conduit le ministère de l'Agriculture à prononcer leur interdiction à partir de juin 2003, mais il faudra de nombreuses années pour les éliminer.
L'IFEN note que des substances interdites depuis plusieurs années, comme le lindane, le dinorterbe ou le dinosèbe, persistent dans les eaux, y compris souterraines, ce qui témoigne des délais d'élimination très longs des pesticides.
Il dresse aussi un bilan plus spécifique des eaux utilisées pour la production d'eau potable. 56% des 828 points surveillés de 1998 à 2000 présentent une "bonne aptitude à la production d'eau potable", c'est-à-dire qu'ils ne nécessitent pas de traitement spécifique pour les pesticides. 3% des prises d'eau étudiées présentent des concentrations de substances supérieures à 2 microgrammes par litre d'eau, ce qui les rend inaptes à la production d'eau potable.
Les eaux souterraines ne sont pas épargnées. Les mesures réalisées sur les bassins Rhin-Meuse, Artois-Picardie, Seine-Normandie et Rhône-Méditerranée montrent une présence de pesticides sur 78% des points surveillés. 45% des points sont contaminés à un niveau nécessitant de les traiter pour les rendre potables si ces nappes étaient utilisées pour la consommation humaine.
A noter que l'étude ne prend pas en compte le bassin Loire-Bretagne où l'eau est de très mauvaise qualité.
La France est le premier utilisateur européen de pesticides et le numéro trois mondial, derrière les Etats-Unis et le Japon. 103 000 tonnes de pesticides y ont été commercialisées en 2000.
Les effets des pesticides pour la santé (cancers, stérilité masculine, troubles du système endocrinien) sont suffisamment sérieux pour que la Commission européenne ait engagé la révision de la liste de toutes les substances anciennes. 320 substances utilisées dans la fabrication des pesticides doivent être retirées du marché en 2003.
La France va renforcer son diagnostic de qualité des eaux d'ici 2004, dans le cadre d'une directive européenne qui impose aux Etats membres de parvenir en 2015 à "un bon état écologique des eaux".c=http://www.
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