Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 19 juin 2002
Eau et assainissement

Cession de Vivendi Environnement : quelles conséquences pour les communes ?

Vivendi Universal (VU), qui va abandonner le contrôle majoritaire de sa filiale "environnement", vise à satisfaire les tenants d'un maintien du groupe dans le giron national grâce à un montage prévoyant que 10 à 12% du capital sera acquis par des banques françaises. Afin de poursuivre un désendettement jugé indispensable à la remontée de son cours de bourse, le géant des médias a officialisé lundi, après des semaines de rumeurs en ce sens, le projet de céder 15% du capital de sa filiale Vivendi Environnement (eau, énergie, déchets et transports). Combinée à une augmentation de capital du groupe de services collectifs, cette opération, dont la date dépendra des "conditions de marchés", conduira VU à réduire sa participation de 63% actuellement "à légèrement plus de 40%". Pour répondre aux inquiétudes de la classe politique française, à commencer par celle du président Jacques Chirac, Vivendi Universal va céder une partie du capital de sa filiale à des banques françaises, avec lesquelles le groupe conserverait le contrôle majoritaire de l'ex-Compagnie générale des eaux (CGE). Ainsi ces banques seront-elles amenées à détenir de 10 à 12% du capital de Vivendi Environnement, selon l’AFP, bien que le montage de l'opération ne soit pas totalement bouclé. La Société générale, la Caisse des dépôts et consignations, BNP Paribas ou encore Dexia seraient sur les rangs. Après s'être inquiété au printemps des projets du PDG de VU, Jean-Marie Messier, sur une cession partielle de Vivendi Environnement, le président du Syndicat des eaux d'Île-de-France, André Santini, s'est déclaré mardi "plutôt favorable" au montage trouvé. "Les entrées de la Caisse des dépôts, de BNP Paribas ou de la Société générale au capital de Vivendi Environnement ne sont encore que des rumeurs, mais nous anticipons cela et pensons donc que notre réclamation a été entendue", a déclaré André Santini, dont le syndicat représente 144 communes. Le désengagement partiel de Vivendi Universal "ne peut aucunement être analysé comme une première étape vers un désengagement complet", a par ailleurs assuré mardi un porte-parole de VU. Le passage sous la barre fatidique des 50% devrait permettre à Vivendi Universal de ne plus comptabiliser la dette de sa filiale dans la sienne propre, selon les normes comptables américaines. Mais il revêt surtout en France une charge symbolique forte, compte tenu de l'histoire qui lie le pays à l'ex-Compagnie générale des eaux. Fondée en 1853 sous Napoléon III, la société dessert aujourd'hui 26 millions de personnes, soit près d'un Français sur deux. Des responsables politiques français, au premier rang desquels Jacques Chirac, ont publiquement manifesté leur opposition à ce que Vivendi Environnement puisse tomber dans l'escarcelle d'un opérateur étranger. L'approvisionnement en eau "implique une vraie responsabilité de service public, ce qui exclut toute possibilité que cette entreprise puisse ne pas rester française", avait déclaré Jacques Chirac à quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle. A Bercy, on se contentait mardi de déclarer que, Vivendi Universal étant "une entreprise privée", le gouvernement n'avait "pas à s'en occuper".

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