Édition du lundi 21 juillet 2008
Le Conseil national du tourisme évalue à 4 milliards d'euros par an le montant des dépenses (hors transport) des quelque 8 millions de touristes étrangers «low cost» atterrissant en France
A l'heure où le recours aux compagnies aériennes à bas coûts explose en Europe, la France accuse du retard par rapport à ses voisins, alors que le gouvernement table sur la clientèle «low cost» pour doper le tourisme dans les régions.
Le Conseil national du tourisme a évalué à 4 milliards d'euros par an le montant des dépenses (hors transport) des quelque 8 millions de touristes étrangers «low cost» atterrissant en France, dans un rapport au gouvernement publié vendredi dernier.
Les retombées économiques des «low cost» sur le tourisme dans les régions sont «unanimement reconnues» au point de conduire les collectivités et gestionnaires d'aérodromes à leur donner un coup de pouce financier.
La ville de Bergerac, prisée par les visiteurs anglais, évalue à 73 millions d'euros par an la manne touristique pour la Dordogne liée aux passagers «low cost», sans tenir compte des achats immobiliers.
Les rapporteurs du Conseil national du tourisme prônent la création d'un nouvel aéroport à bas coût dans la région parisienne, après celui de Beauvais (Oise), et l'ouverture d'aérogares spécifiques dans les aéroports provinciaux.
Mais la conquête du touriste «low cost» est loin d'être gagnée: si «les régions se plaignent de ne pas avoir assez de compagnies aériennes, celles-ci regrettent de ne pas avoir un produit touristique suffisamment attractif dans les régions», prévient Didier Bréchemier, consultant du cabinet Roland Berger.
Les freins au développement des «low cost» en France sont multiples: position dominante de la compagnie aérienne nationale, Air France, niveau trop élevé des taxes aéroportuaires et manque de créneaux horaires en région parisienne.
Cependant, Air France risque de voir de nouveaux concurrents surgir dans le ciel français: Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé du Tourisme, a prôné en juin l'ouverture de nouvelles dessertes «low cost», afin de «faciliter l'arrivée» des touristes «sur l'ensemble du territoire».
Si les compagnies à bas coûts représentent environ un quart des vols réguliers en Europe, leur part dans l'activité des aéroports français n'a été que de 15,7% en 2007.
«La France se fait doubler par l'Espagne qui mise sur les low cost pour devenir la première destination touristique en Europe», a commenté à l'AFP Jacques Sabourin, délégué général de l'Union des aéroports français et président du groupe de travail en charge du rapport.
Les «low cost» n'ont pris leur envol en France qu'à partir de 2001: quatre compagnies desservaient alors 15 aéroports métropolitains, contre 23 compagnies et 38 plate-formes en 2007.
Dans le même temps, le nombre de passagers est passé de 2 à 23 millions par an. Près de 70% d'entre eux ont été transportés en 2006 par les deux principales compagnies, Easyjet (40%) et Ryanair (27%).
Pour M. Sabourin, «la France n'est pas compétitive en termes de taxes imposées aux passagers, nettement plus élevées qu'ailleurs en Europe».
Selon les calculs de Ryanair, les charges pour un billet de 44 euros sont de 25 euros sur un aéroport français, contre 7 euros sur l'ensemble de son réseau.
Le retard de la France est surtout sensible sur le réseau intérieur: le rapport évoque la «position ultradominante d'Air France», qui a bénéficié «pendant longtemps du soutien des pouvoirs publics soucieux de disposer d'un champion national», avant de lancer en 2007 sa propre «low cost», Transavia.
Quant au trafic aérien entre la France et le reste de l'Europe, ce retard est moins prononcé: entre 2001 et 2006, la part des «low cost» a bondi de 4,4% à 21,6% sur ce créneau.
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