Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 28 juin 2017
Développement économique

Développement économique : les SRDEII prennent leurs marques

Les schémas régionaux de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), prévus par la loi Notre, renforcent le rôle des régions en matière économique. Fin 2016, elles avaient toute adopté cette feuille de route pour cinq ans qu’il s’agisse des aides aux entreprises, du soutien à l'investissement immobilier ou des orientations sur l'attractivité territoriale. Après les SRDE créés par la loi du 13 août 2004, c’est donc la troisième génération de documents régionaux de ce type, mais avec deux différences de taille : un champ d’action beaucoup plus large et une valeur prescriptive à l’égard des autres collectivités. « Il manquait un rendez-vous pour dresser un premier bilan de ces SRDEII », a expliqué Frédéric Cuvillier, président du Cner (Fédération des agences de développement et des comités d'expansion économique) qui organisait hier un colloque sur le sujet. L’occasion aussi pour le maire de Boulogne et le président de la communauté d’agglomération du Boulonnais de dire que « les agences de développement économique, inquiètes et bousculées par la loi Notre, en sortent finalement renforcées grâce à leur diversité et à leur travail de mise en réseau entre toutes les collectivités ».
Jugeant indispensable de disposer d’un cadre de travail solide, Frédéric Cuvillier considère « le SRDEII comme un bon outil mais à condition de rester souple pour s’adapter aux opportunités qui peuvent se présenter ». Une souplesse également revendiquée par Marc Abadie, directeur du réseau et des territoires à la Caisse des dépôts : « Le SRDEII est une feuille de route et doit le rester. Il ne doit surtout pas être un super Scot ! ». Il plaide pour un « travail en mode partenarial »  avec au final « une vraie stratégie de territoire et non pas un inventaire à la Prévert ». A cette fin, « les SRDEII ne doivent pas être un document de plus mais permettre de la complémentarité avec les contrats de plan Etat-régions ou les pactes Etat-métropoles ».
Pour sa part, Michel Guillot, vice-président de l’Adit (Agence pour la diffusion de l'information technologique), s’est réjoui que l’outil ait « obligé tout le monde à travailler sur le même sujet. Il lui faut être une machine à décloisonner ». Selon lui, le SRDEII présente le gros avantage de traiter de tous les sujets, y compris de l’aménagement du territoire même si le Sradett existe parallèlement. Et d’ajouter : « Avec sa double approche sur l’emploi et la croissance, il apporte une valeur ajoutée pour le soutien des différentes filières économiques ». Pour le faire vivre à présent sur la durée, « il faut se mettre en mode projet », a insisté l’ancien préfet de la région Champagne-Ardenne et de la Marne.
Dans les régions agrandies et dans celles ayant changé de majorité politique, le chantier du SRDEII n’a pas forcément été aisé. « Mais aujourd’hui, il y est plus utile en ayant contribué à créer une identité régionale », a constaté Mathieu Lacave, directeur de Technopolis France qui a accompagné plusieurs régions dans leurs démarches. Il donne également une bonne note à « l’ingénierie financière beaucoup plus présente qu’avant dans les schémas ». En revanche, Mathieu Lacave se montre plus sceptique sur le volet innovation des SRDEII qui ne présente « rien de nouveau et se contente de recycler les grandes orientations déjà arrêtées précédemment ».
Tout en reconnaissant le SRDEII « utile pour fédérer tous les acteurs autour d’un projet », Sébastien Pilard, vice-président de la commission économie de la région Pays de la Loire, lui-même chef d’entreprise, voit la région comme « un facilitateur »  en faveur des filières économiques.
Philippe Pottiée-Sperry

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