Populations étrangères et immigrées en France : les nouvelles statistiques de l'Insee
Par Lucile Bonnin
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié une étude statistique sur les personnes étrangères, c’est-à-dire les personnes résidant en France mais ne possédant pas la nationalité française. Selon les dernières statistiques, en 2024, 6 millions d’étrangers vivent en France dont une majorité d’entre eux (5,1 millions) sont nés à l’étranger et sont donc également immigrés.
Les personnes étrangères représentent donc 8,8 % de la population (6 millions sur 68,4 millions de personnes en France). Notons que l’Insee classe dans la catégorie population étrangère les immigrés de nationalité étrangère et les étrangers nés en France. La population immigrée, qui comprend à la fois les immigrés étrangers et ceux naturalisés français est de fait plus importante (7,7 millions au total).
On compte 5,1 millions de personnes en 2024 qui sont étrangers et immigrés soit 7,5 % de la population. Les personnes de nationalité étrangère nées en France sont beaucoup moins nombreuses : 0,9 million de personnes au total, dont la grande majorité sont âgés de moins de 13 ans.
Des chiffres inférieurs aux voisins de la France
Si l’on compare ces chiffres avec les statistiques européennes, il apparaît très clairement que la part des personnes étrangères dans la population en France est inférieure à la moyenne des pays de l’Union européenne.
« Selon les données d’Eurostat, sur les 449,3 millions de personnes habitant dans les 27 pays de l’Union européenne (UE) en 2024, 43,0 millions ne possèdent pas la nationalité du pays dans lequel elles résident » , indiquent les auteurs. Les personnes de nationalité étrangère représentent donc en moyenne 9,6 % de la population européenne, soit 0,8 % de plus que celle observée en France.
L’Insee remarque également une différence accrue avec les voisins de la France. Si l’Italie enregistre une part de population étrangère proche de celle de la France (8,9 %), les écarts se creusent avec l’Espagne (13,4 %), la Belgique (13,8 %), l’Allemagne (14,5 %) ou encore la Suisse (27 %) et le Luxembourg (47,2 %).
Il faut souligner cependant que les étrangers ayant une autre nationalité que celle d’un pays européen représentent un peu moins d’un tiers de l’ensemble des personnes étrangères vivant dans l’Union. Ainsi par exemple, si la part de population étrangère est très haute au Luxembourg, 36,5 % sont des étrangers ayant une nationalité européenne. A l’inverse, l’Espagne, l’Italie et la France comptent moins d’étrangers ressortissants d’un pays européen.
Selon l’Insee, depuis la fin des années 1990, « les nombres d’étrangers comme d’immigrés » augmentent d’abord à un rythme lent puis à un rythme plus soutenu entre 2009 et 2024 (+ 3,2 % en moyenne annuelle contre + 2,4 % pour les immigrés).
Rappelons qu’en septembre le Haut-commissariat à la stratégie et au plan a publié une note inquiétante sur la dénatalité qui menace l’économie de la France. Cet organisme rattaché à Matignon plaide « pour que la France, à l’instar de ce qu’a fait l’Allemagne depuis plus de 10 ans, se dote « d’une stratégie d’immigration de travail », seul moyen, juge l’auteur, pour que le pays conserve sa compétitivité » (lire Maire info du 5 septembre).
Une majorité d’immigrés avec des nationalités variées
L’Insee constate que « les nationalités des personnes étrangères résidant en France, comme les pays de naissance des immigrés, se sont diversifiées au fil du temps, reflétant l’évolution de la composition par origine des flux migratoires. »
Alors qu’en 1968, 72 % des étrangers en France possédaient la nationalité d’un pays européen et 25 % avait une nationalité africaine, en 2024, 46 % des étrangers vivant en France ont la nationalité d’un pays africain, 35 % celle d’un pays européen et 13 % d’un pays d’Asie. De la même manière, si 80 % des étrangers possédaient la nationalité d’un pays du Maghreb ou d’Europe du Sud en 1968, ils ne sont plus que 41 % résidant sur le territoire en 2024.
Une évolution s’observe aussi au fil des années concernant la part d’immigrés ayant acquis la nationalité française – population qui n’est par conséquent plus considérée comme étrangère.« Entre 1968 et 1982, la part d’immigrés ayant acquis la nationalité française diminue légèrement, passant de 32 % à 29 %. Puis, entre 1982 et 2009, elle augmente continûment pour atteindre 41 % en 2009 », indiquent les statisticiens. Finalement, depuis la fin des années 2000, « le nombre annuel d’acquisitions de la nationalité française baisse significativement ».
Soulignons aussi que tous les profils d’immigrés n’accèdent pas à la nationalité française dans les mêmes proportions et qu’une différenciation s’observe selon leur nationalité d’origine. Les immigrés européens demandent moins, depuis la mise en place de l’espace Schengen en 1995, à obtenir la nationalité française. D’autres particularités se ressentent dans les statistiques. Par exemple, le taux de naturalisation des immigrés chinois en France est relativement faible (autour de 20 %) en partie car la Chine ne reconnaît pas à ses citoyens le droit de posséder la double nationalité. Au total, 34 % des immigrés vivant en France en 2024 ont acquis la nationalité française et dont la plupart sont originaires d’Afrique (37 %), en particulier du Maghreb (41 %) ou d’Asie (35 %).
Consulter l'étude Insee Première.
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