Les piscines « libres » de rouvrir « dès lors qu'elles y seront prêtes », confirme Roxana Maracineanu
Comme les gymnases, les portes des piscines peuvent rouvrir, depuis hier, dès lors qu’elles sont implantées en zone verte (Mayotte, la Guyane et l’Île-de-France patienteront jusqu’au 22 juin). Dans les faits, après presque trois mois de fermeture, les réouvertures se faisaient, hier, au compte-gouttes (avant le 2 juin, seuls les passages de diplôme et les sportifs de haut niveau étaient autorisés). « La date du 2 juin est un top départ, anticipait, fin mai, le ministère des Sports. Toutes les piscines qui sont fermées, depuis deux mois et demi, ne pourront rouvrir ce jour-là. Leur mise en route nécessitera un peu de temps ».
« Les conditions imposées nous semblent bien compliquées à mettre en œuvre »
Les procédures de remise en route de ces équipements (vidange, analyse de la qualité de l’eau, contrôle d’hygiène et de sécurité…) sont, en effet, particulièrement lourdes, comme l’explique, à France Bleu Calvados, le président du groupe normand Récréa, qui gère 80 piscines et centres aquatiques dans toute la France. « Rouvrir une piscine, ce n'est pas appuyer sur un bouton pour que tout remarche. Il faut remettre à température les bassins qu'on avait baissé à 17 degrés et qu'il faut remonter à 28-30° suivant les bassins. Cela ne se fait pas en cinq minutes. »
Le protocole sanitaire du gouvernement retarde, lui aussi, quelque peu les choses. Le 28 mai, le Premier ministre, Edouard Philippe, annonçait que la réservation serait obligatoire et les créneaux limités dans le temps, que le nombre de nageurs dans les bassins serait limité, que le sens de circulation serait défini et que des règles d’hygiène devaient impérativement être respectées. « Les conditions imposées nous semblent bien compliquées à mettre en œuvre », déplore, dans Le Progrès, l’Association des maires de la Loire, bien en peine pour la plupart, pour annoncer une date précise de réouverture de leur piscine. Celles de Saint-André-des-Eaux et de Montoir-de-Bretagne, en Loire-Atlantique, n'ouvriront pas avant le 14 septembre, relate France 3 Pays-de-la-Loire. Ce qui peut devenir délicat quand l’été, que les prévisionnistes annoncent chaud et ensoleillé, s’installe partout dans le pays.
Les collectivités suggèrent un plan gouvernemental Piscine covid-19
« Les contraintes sont telles que je ne suis pas sûr qu’on pourra rouvrir », alerte, toujours dans Le Progrès, le président de Roannais agglomération (Loire), Yves Nicolin. « Il faut deux personnes pour 3 m² de bassin extérieur, désinfecter les douches et les vestiaires après chaque passage, mettre en place un système de bracelets pour faire sortir les gens quand le temps de baignade est écoulé », énumère-t-il.
« La décision, concernant (la piscine) Lucien-Zins, n’est pas prise, admet Frédéric Serra, maire-adjoint chargé des Sports à Troyes (Aube), dans L’Est éclair. Avec la direction des piscines et la direction sportive de la Ville, nous devons mesurer les enjeux. Il ne s’agit pas de rouvrir une piscine pour n’avoir que dix nageurs dans le bassin. » Avec une fréquentation limitée - la piste d’un accueil de publics différenciés avec la mise en place d’horaires fragmentés a été évoquée - les piscines, considérées comme des gouffres financiers en temps normal, pourraient, en effet, voir s’en aller de précieuses recettes.
« A la lumière des premiers retours, il est à craindre très sérieusement que des complexes aquatiques ne puissent rouvrir en France pour des raisons principalement budgétaires trop lourdes à supporter pour les exécutifs locaux », ont confirmé l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), l'AMF et France urbaine dans un courrier, que Maire info a pu lire, envoyé hier à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu. Les trois associations d'élus lui demandent, par conséquent, « une aide à titre exceptionnel, afin que les collectivités puissent assumer ce service public et ouvrent les complexes aquatiques durant la période estivale ». « Cette aide pourrait prendre la forme d'un plan gouvernemental Piscine covid-19 sur l'aide au fonctionnement des complexes aquatiques. Ce soutien pourrait se matérialiser par la prise en charge de la perte d'exploitation entre l'année N et l'année N-1 », suggèrent-elles.
Un accompagnement à la réouverture des piscines et un changement de pied du gouvernement
D'ores et déjà, afin de « faciliter la mise en route de ces équipements », Roxana Maracineanu, en visite cet après-midi à la piscine de Mercières à Compiègne (Oise), a lancé, hier, « une mission d’accompagnement à la réouverture des équipements aquatiques pour expérimenter les protocoles sanitaires et l’accueil des publics dans 26 équipements sélectionnés par le ministère (liste ci-dessous) avec le concours de l’Andes (Association nationale des élus en charge du sport), qui coordonne le dispositif national de l’expérimentation), de l’Andiiss (Association nationale des directeurs et intervenants des installations des services des sports), de l’AMF (Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité) et de France Urbaine », annonçait, hier, le ministère dans un communiqué.
Censée durer trois semaines, cette mission « permettra notamment de mettre à l’épreuve, sur le terrain, les recommandations quant à l’accueil du public, l’entretien et le nettoyage de l’équipement, la gestion des complexes, dans le respect du protocole sanitaire figurant dans le guide « Equipements » du ministère des Sports ». Un guide que l’AMF jugeait « inapplicable » (lire Maire info du 19 mai). Un référentiel de bonnes pratiques sera élaboré après le rendu des travaux du comité de suivi le 26 juin. En revanche, et c'est une information importante pour les maires, aucune réouverture ne sera conditionnée aux résultats de cette mission. Celle-ci « ne sera pas un préalable à l’ouverture générale des piscines qui sont bien évidemment libres de procéder à l’ouverture dès lors qu’elles y seront prêtes », soutient aujourd’hui le ministère. Avant le discours du Premier ministre du 28 mai, le gouvernement imaginait la réouverture généralisée des piscines après les trois semaines d’expérimentation.
La patience est aussi de mise pour les clubs de natation : dans un communiqué publié le 18 mai sur son site, la Fédération française de natation indiquait vouloir publier sous quinze jours « un document permettant de garantir une reprise progressive de la natation associative », estimant que « dans le contexte réglementaire évolutif et incertain qui est aujourd’hui le nôtre, les structures fédérales peuvent proposer aux directeurs d’installation les conditions d’une réouverture sereine dans un cadre maîtrisé ».
Ludovic Galtier
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