Édition du jeudi 4 octobre 2018
Pollution par les mégots : le gouvernement hausse le ton face aux industriels
À la veille d’une rencontre avec les représentants de l’industrie du tabac, la secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, a publié hier un communiqué assez sec pour demander aux entreprises de mettre de l’argent dans la réduction de la pollution due aux mégots.
Brune Poirson dit avoir déjà rencontré les industriels en juin « pour les mettre face à leurs responsabilités » sur la question de la lutte contre la pollution liée aux mégots. Elle leur avait alors demandé « des propositions d’engagement » sur ce sujet. Aujourd’hui, « force est de constater que le compte n’y est pas », déplore-t-elle. Les industriels ont certes fait des propositions, mais uniquement sur le terrain de « l’information » : « Manifestement, les industriels considèrent que la lutte contre la pollution par les mégots de cigarette passe par la seule éducation des consommateurs et leur sanction. Seuls les fumeurs et leurs incivilités sont montrés du doigt. » Les industriels se refusent donc, pour l’instant, à mettre de l’argent dans ce dossier.
Pour Brune Poirson, « il est temps que l’industrie du tabac fonctionne comme l’ensemble des filières de gestion des déchets en France », c’est-à-dire selon les principes de la REP, la responsabilité élargie du producteur. Autrement dit, un système dans lequel les producteurs doivent se sentir responsables de l’avenir des déchets qu’ils produisent – en finançant directement des filières de collecte, de tri et de recyclage.
Il faut maintenant « dépasser le constat et proposer des actes », écrit Brune Poirson, qui pose une forme d’ultimatum aux industriels : lors de la réunion prévue aujourd’hui, ils devront arriver avec « de réels engagements chiffrés ». Faute de quoi, le gouvernement s’engagera dès 2019, dans le cadre de la future loi économie circulaire, dans la création d’une filière REP dans ce secteur.
La REP, une fausse bonne idée ?
Reste à savoir si la mise en place d’une filière REP « mégots » serait une solution réellement efficace. Interrogée ce matin par Maire info, Sylviane Oberlé, responsable du département Prévention des pollutions à l’AMF, souligne qu’une telle mesure ne fournit qu’un cadre administratif et financier et ne préjuge pas des solutions opérationnelles mises en œuvre. Elle se montre, d’une part, « extrêmement prudente » sur l’idée d’un recyclage des mégots : « Il s’agit de produits qui présentent une certaine toxicité, et cela peut poser problème de les remettre d’une façon ou d’une autre sur le marché. Il faut au minimum des informations sur le risque ou non de répandre des toxiques dans l’environnement. » Par ailleurs, Sylviane Oberlé se dit plus que réservée sur l’idée d’une collecte séparée des mégots, qui serait « hors de prix » : les mégots constituent en effet un type de déchets très particulier, dans la mesure où ils sont à la fois extraordinairement nombreux et très petits et légers : il est délicat de chiffrer leur tonnage, mais il représente à peine quelques dizaines de milliers de tonnes (dont seule une partie arrive sur la voie publique), ce qui est dérisoire par rapport aux déchets des autres filières. À titre de comparaison, rappelons que selon l’Ademe, la production de déchets en France est d’environ 345 millions de tonnes par an dont 30 millions de tonnes de déchets ménagers ou 247 millions de tonnes de déchets de construction (chiffres 2012). « Il est donc impératif de continuer à mutualiser la collecte des mégots avec les autres déchets. Il est toujours possible ensuite de déterminer des ratios. »
La spécialiste de l’AMF estime donc qu'il ne faut pas négliger l'impact des mesures de prévention et de sensibilisation des consommateurs, d'autant plus qu'elles sont susceptibles de diminuer les mégots à collecter sur la voie publique. « Une bonne partie des fumeurs qui jettent leurs mégots dans les caniveaux croient bien faire, explique-t-elle, parce qu’ils ignorent que les mégots qui vont à l’égout polluent l’eau. » L’AMF avait d’ailleurs déjà proposé dans ce domaine, il y a plusieurs mois, de demander aux industriels d’apposer, sur les paquets de cigarettes, des messages en ce sens. « Toutes ces opérations nécessitent un financement, qui sera d’autant plus facile à évaluer que le plan d’actions sera précis », conclut Sylviane Oberlé.
Brune Poirson dit avoir déjà rencontré les industriels en juin « pour les mettre face à leurs responsabilités » sur la question de la lutte contre la pollution liée aux mégots. Elle leur avait alors demandé « des propositions d’engagement » sur ce sujet. Aujourd’hui, « force est de constater que le compte n’y est pas », déplore-t-elle. Les industriels ont certes fait des propositions, mais uniquement sur le terrain de « l’information » : « Manifestement, les industriels considèrent que la lutte contre la pollution par les mégots de cigarette passe par la seule éducation des consommateurs et leur sanction. Seuls les fumeurs et leurs incivilités sont montrés du doigt. » Les industriels se refusent donc, pour l’instant, à mettre de l’argent dans ce dossier.
Pour Brune Poirson, « il est temps que l’industrie du tabac fonctionne comme l’ensemble des filières de gestion des déchets en France », c’est-à-dire selon les principes de la REP, la responsabilité élargie du producteur. Autrement dit, un système dans lequel les producteurs doivent se sentir responsables de l’avenir des déchets qu’ils produisent – en finançant directement des filières de collecte, de tri et de recyclage.
Il faut maintenant « dépasser le constat et proposer des actes », écrit Brune Poirson, qui pose une forme d’ultimatum aux industriels : lors de la réunion prévue aujourd’hui, ils devront arriver avec « de réels engagements chiffrés ». Faute de quoi, le gouvernement s’engagera dès 2019, dans le cadre de la future loi économie circulaire, dans la création d’une filière REP dans ce secteur.
La REP, une fausse bonne idée ?
Reste à savoir si la mise en place d’une filière REP « mégots » serait une solution réellement efficace. Interrogée ce matin par Maire info, Sylviane Oberlé, responsable du département Prévention des pollutions à l’AMF, souligne qu’une telle mesure ne fournit qu’un cadre administratif et financier et ne préjuge pas des solutions opérationnelles mises en œuvre. Elle se montre, d’une part, « extrêmement prudente » sur l’idée d’un recyclage des mégots : « Il s’agit de produits qui présentent une certaine toxicité, et cela peut poser problème de les remettre d’une façon ou d’une autre sur le marché. Il faut au minimum des informations sur le risque ou non de répandre des toxiques dans l’environnement. » Par ailleurs, Sylviane Oberlé se dit plus que réservée sur l’idée d’une collecte séparée des mégots, qui serait « hors de prix » : les mégots constituent en effet un type de déchets très particulier, dans la mesure où ils sont à la fois extraordinairement nombreux et très petits et légers : il est délicat de chiffrer leur tonnage, mais il représente à peine quelques dizaines de milliers de tonnes (dont seule une partie arrive sur la voie publique), ce qui est dérisoire par rapport aux déchets des autres filières. À titre de comparaison, rappelons que selon l’Ademe, la production de déchets en France est d’environ 345 millions de tonnes par an dont 30 millions de tonnes de déchets ménagers ou 247 millions de tonnes de déchets de construction (chiffres 2012). « Il est donc impératif de continuer à mutualiser la collecte des mégots avec les autres déchets. Il est toujours possible ensuite de déterminer des ratios. »
La spécialiste de l’AMF estime donc qu'il ne faut pas négliger l'impact des mesures de prévention et de sensibilisation des consommateurs, d'autant plus qu'elles sont susceptibles de diminuer les mégots à collecter sur la voie publique. « Une bonne partie des fumeurs qui jettent leurs mégots dans les caniveaux croient bien faire, explique-t-elle, parce qu’ils ignorent que les mégots qui vont à l’égout polluent l’eau. » L’AMF avait d’ailleurs déjà proposé dans ce domaine, il y a plusieurs mois, de demander aux industriels d’apposer, sur les paquets de cigarettes, des messages en ce sens. « Toutes ces opérations nécessitent un financement, qui sera d’autant plus facile à évaluer que le plan d’actions sera précis », conclut Sylviane Oberlé.
F.L.
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