Édition du mardi 10 février 2004
Le gouvernement se fixe pour objectif de stabiliser les quantités de déchets ménagers produites d'ici à 2008
La production française d'ordures ménagères a franchi le cap symbolique d'un kilo par jour et par habitant et continue de croître de 1% par an. Un plan d'action devait être présenté mardi par le ministère de l'Ecologie, lors d'un colloque sur la prévention de la production de déchets.
217 kg par habitant en 1975, 373 kg en 2000, un quasi doublement en vingt-cinq ans : c'est le grand échec de la politique des déchets, entièrement axée sur le tri et le recyclage d'une partie des déchets.
Neuf ménages sur dix ont aujourd'hui la possibilité de trier leurs déchets, mais les quantités ne cessent d'augmenter, à raison de 1% de plus par an.
La société de consommation est gourmande en emballages. Même recyclés, ces emballages nécessiteront un traitement coûteux en énergie, eau, etc. Mieux vaut donc ne pas les produire, estime Nadia Boeglin, responsable de la cellule éco-produits à lAgence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), interrogée par lAFP.
Elle cite l'exemple du téléphone portable, dont l'emballage représente 25 fois le volume du produit : "Cela signifie 25 fois plus de camions pour les transporter au magasin". Un yaourt "saveur d'autrefois" en grès utilise deux fois plus d'emballage que de produit : 210 grammes pour 140 grammes de yaourt. Un ordinateur se renouvelle en moyenne tous les trois ans, et chaque génération technologique (CD, DVD, etc.) pousse la précédente à la poubelle.
Les "mini-doses", qui ciblent le consommateur pressé, ont fleuri dans les supermarchés. On en trouve désormais pour tout : le café, la soupe, le nettoyage du sol au plafond... Or, le café en minidose consomme 10 fois plus d'emballage qu'en paquet de 250 grammes, rappelle Nadia Boeglin.
Face à cette inflation, le ministère de l'Ecologie mise sur la bonne volonté des consommateurs, de la grande distribution et des industriels, contrairement à certains pays qui ont édicté des réglementations contraignantes.
"La prévention ne se décrète pas, il faut travailler dans la durée, sensibiliser et chercher à convaincre", estime-t-on dans l'entourage de Roselyne Bachelot.
Le ministère négocie des engagements volontaires avec les acteurs sur deux sujets phares : les sacs de caisse et les publicités dans les boîtes aux lettres.
Une charte de déontologie doit être prochainement signée avec le syndicat de la presse gratuite et la grande distribution pour que soit respecté l'autocollant "stop pub" apposé par le consommateur sur sa boîte aux lettres. L'enjeu : 40 kg de prospectus par an et par boîte.
Pour le sac de caisse, l'engagement de réduction de 20% en trois ans pris en novembre par la grande distribution "ne suffit pas", estime-t-on au ministère. Mais pas question pour l'instant de légiférer, comme en Irlande, où une taxe de 15 centimes a frappé les sacs de caisse. Efficace : 90% des sacs plastique ont été éliminés.
Une grande campagne de publicité sera lancée avant la fin de l'année pour inciter les Français à consommer mieux : acheter des produits dotés du label "NF environnement" ou de l'écolabel européen, réutiliser les sacs plastiques, développer le compost, "des gestes à la portée de tous", selon le ministère.
Le ministère promet également une norme sur la durée de vie des produits. Verra-t-on bientôt un produit électroménager afficher clairement qu'il ne saurait vivre au-delà de cinq ans ?
Prudent, le gouvernement se fixe pour objectif de stabiliser les quantités de déchets ménagers produites d'ici à 2008. Les administrations devront faire mieux, avec un plan de réduction de 5% par an pendant cinq ans.c=http://www.bigadn
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