Édition du jeudi 22 février 2001
Lionel Jospin : “ Beaucoup de juristes pensent que la possibilité d’adapter des normes législatives à titre expérimental peut aussi être offerte aux collectivités locales ”
“Rien dans le projet de loi (sur la Corse) ne contredit nos principes constitutionnels”, a affirmé mercredi en Conseil des ministres le Premier ministre Lionel Jospin, qui répondait ainsi aux réserves exprimées par le chef de l'État. “ Le projet du gouvernement pour la Corse est parfaitement conforme aux principes du nouveau pacte républicain que j'ai proposé dans ma déclaration de politique générale du juin 1997 ”, a assuré le Premier ministre, selon le texte de son intervention diffusé par Matignon.
“ Il reconnaît (...) les spécificités de la Corse, mais rien dans le projet ne distend ses liens avec la République ”.
Lionel Jospin a alors répondu point par point aux critiques émises par le président Jacques Chirac sur la constitutionnalité du projet de loi sur la Corse.
Concernant le pouvoir d'adaptation des lois accordé à l'Assemblée territoriale de Corse, le Premier ministre a rappelé que ''le Conseil constitutionnel a admis pour des établissements publics la possibilité d'adapter des normes législatives à titre expérimental'' et que “ beaucoup de juristes pensent donc que cette possibilité peut aussi être offerte aux collectivités locales ”.
Quant au pouvoir réglementaire, les collectivités locales en disposent déjà et “ il est donc susceptible d'être élargi ”.
Répondant aux réserves exprimées par le chef de l'État sur l'enseignement obligatoire de la langue corse dans les écoles, le Premier ministre a affirmé que cette disposition s'inspirait “ de la formule validée par le Conseil constitutionnel pour la Polynésie en 1996 ”.
Au sujet des droits sur les successions, Lionel Jospin a enfin souligné que “ le gouvernement prévoit un retour progressif vers le droit commun, après deux siècles de dispense de déclaration et donc d'exonération totale de fait ”.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a tenu à évoquer les réserves également exprimées sur le texte par le Conseil d'État et sur lesquelles s'étaient appuyé Jacques Chirac pour refuser, la semaine dernière, d'inscrire le projet de loi à l'ordre du jour du Conseil des ministres. Cet avis “ne lie pas le gouvernement ”, a rappelé Lionel Jospin. “ Le gouvernement en a tenu compte pour une part ” et “ il reviendra au Parlement, dans le débat démocratique, d'apporter les modifications qui lui paraîtront utiles à ce projet ”.
Pour le reste, “ il ne serait pas conforme à nos institutions de prendre cet avis pour un jugement sur la conformité du projet de loi à la Constitution, qui revient au Conseil constitutionnel ”, a-t-il glissé au passage.
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