Édition du mardi 14 janvier 2003
« La décentralisation n'est pas une manÅ“uvre anti-Etat (...) Mais l'Etat ne doit pas être l'albatros de Baudelaire, dont les ailes sont trop lourdes pour décoller », dit Jean-Pierre Raffarin
Jean-Pierre Raffarin a voulu se montrer rassurant lundi avec les fonctionnaires, inquiets des conséquences des réformes des retraites, de la décentralisation et de l'Etat, en promettant qu'elles ne seraient pas "l'occasion d'un règlement de comptes".
Dans une répartition des rôles bien ordonnancée avec le président Jacques Chirac - qui a fait la leçon mercredi à l'administration en l'appelant "solennellement" à plus "d'audace"-, le Premier ministre s'est attaché à cajoler les fonctionnaires, "premiers militants du pacte républicain".
L'une des "missions" qu'il a assignées à son gouvernement, a-t-il dit lors d'un déplacement à Arras et Bapaume la commune de Jean-Paul Delevoye qui laccompagnait -, est de ne pas "opposer un secteur privé qui serait dynamique et un secteur public qui serait peu efficient", une distinction "inexacte et injuste".
"Je suis irrité quand on s'attaque à la fonction publique, colonne vertébrale de la cohérence nationale, garant de l'intérêt général", a dit M. Raffarin en se présentant comme "l'ennemi du lobbying, de tous ceux qui défendent un intérêt particulier".
Le chef du gouvernement, qui a notamment visité les guichets de la préfecture, a exprimé son "respect" pour les fonctionnaires qui sont entrés dans la fonction publique avec des "convictions" et salué la "qualité" du service public, en particulier à l'occasion des intempéries du Gard ou sur les rivages souillés de l'Atlantique.
Regrettant la "discordance" entre l'image des fonctionnaires auprès des Français et la réalité de leur travail, le chef du gouvernement a estimé que cette inadéquation pourrait être corrigée en donnant un rôle plus important aux territoires, grâce à la décentralisation.
Dans la ville natale du jacobin Robespierre, le girondin Raffarin a demandé aux fonctionnaires de ne pas avoir "peur" de sa réforme fétiche. "Les fonctionnaires n'ont pas à être malheureux", a-t-il dit en réponse au préfet Cyrille Schott qui s'interrogeait sur "la place pour l'administration de l'Etat" avec la décentralisation.
"La décentralisation n'est pas une manuvre anti-Etat (...) Mais l'Etat ne doit pas être l'albatros de Baudelaire, dont les ailes sont trop lourdes pour décoller", a-t-il lancé.
Le Premier ministre a également promis que les fonctionnaires pourraient conserver leur ancien statut en changeant de fonction publique et que les transferts de compétences s'accompagneraient de transferts de personnel.
M. Raffarin a insisté sur la nécessaire "simultanéité" de la décentralisation et de la modernisation des services publics. Il a annoncé qu'il recevrait, fin mars, l'ensemble des directions des administrations centrales, épinglées au passage : "Elles sont assez discrètes mais assez puissantes".
Il a rappelé que le gouvernement allait prochainement légiférer par ordonnances pour simplifier notamment les démarches administratives.
Sur la réforme majeure du premier semestre, les retraites, M. Raffarin s'est également voulu rassurant : "Je ne souhaite pas mettre en accusation la fonction publique". Le problème des retraites, a-t-il dit, "ce n'est pas celui du secteur privé et du secteur public, c'est celui de la France" et cela nécessite "un jugement équitable". S'il existe actuellement des "statuts différents", c'est qu'il y a des "histoires différentes".
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