Maire-info
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Édition du lundi 11 avril 2022
Disparition

Décès de Michel Delebarre, ancien baron PS du Nord et pilier de la Mitterrandie

« Grand serviteur de l'État », au « panthéon des socialistes du Nord »: Michel Delebarre, sept fois ministre et maire pendant 25 ans de Dunkerque, est décédé samedi à Lille à 75 ans, salué par une pluie d'hommages.

Par AFP

Le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, a annoncé son décès survenu le matin sur Facebook. Il « aura mené de nombreux projets qui marquent encore notre quotidien », et « su tisser un lien de confiance et d’estime réciproque avec les Dunkerquois », a relevé l’édile divers gauche, ancien adjoint de Michel Delebarre, à qui il avait ravi la ville en 2014. « En sa mémoire, les drapeaux de Dunkerque seront mis en berne. » 

Michel Delebarre était depuis plusieurs mois « très affaibli »  notamment par un grave diabète, a précisé à l’AFP le sénateur PS du Nord, Patrick Kanner. Ce « bon vivant »  qui avait « personnifié Dunkerque », « fait partie du panthéon des socialistes du Nord », « fidèle jusqu’au bout », a-t-il salué. 

La maire PS de Lille Martine Aubry a pour sa part rendu hommage sur Twitter à une « grande figure de la gauche du Nord, qui a (...) porté avec conviction les valeurs du socialisme ». 

« Chaleur humaine » 

Sénateur du Nord de 2011 à 2017 à l’issue d’une longue carrière à l’Assemblée nationale et sept portefeuilles ministériels sous François Mitterrand, Michel Delebarre a fait son entrée en politique au côté de Pierre Mauroy.

Né à Bailleul (Nord) le 27 avril 1946, il devient directeur de cabinet de l’ancien maire de Lille, qu’il suit à Matignon, avant d’être nommé ministre du Travail en 1984 à l’arrivée de Laurent Fabius comme Premier ministre.

Ce gros travailleur enchaînera six autres portefeuilles ministériels jusqu’en 1993 (Affaires sociales et Emploi, Transports, Équipement ou encore le premier ministère de la Ville, sous Michel Rocard).

Président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais de 1998 à 2001, il a également assumé des responsabilités au sein de l’Union européenne, en tant que président du Parti socialiste européen de 2003 à 2006, et du Comité des régions. Il a été président du CNFPT de 1998 à 2004. 

Michel Delebarre « aura servi de manière exemplaire la République française sa vie durant, à tous les échelons et dans tous nos hémicycles, municipaux, régionaux, nationaux et européens », a réagi dans un communiqué Emmanuel Macron.

La mairie de Paris a salué pour sa part « ce grand serviteur de l’État et de ses concitoyens »  qui a « toujours défendu l’intérêt général ».  

Ce « farouche décentralisateur », « conjuguait ses éminentes compétences avec une inépuisable chaleur humaine », a twitté François Hollande, saluant un « authentique social-démocrate européen ».

David Lisnard, président de l'AMF, a également rendu hommage à Michel Delebarre, sur Twitter : « Nous n’avions pas les mêmes convictions, hormis sur la décentralisation, (mais) je me souviens de nos échanges stimulants et respectueux ». Se rappelant de sa venue à Cannes pour le congrès des HLM, en 2008, David Lisnard se rappelle que l'ancien maire de Cannes l'avait « impressionné par son talent d’orateur ». 

« Propension à cumuler » 

Diplômé de géographie, Michel Delebarre avait été mis en examen en janvier 1997 dans l’affaire des écoutes de l’Élysée, en tant que directeur de cabinet de Pierre Mauroy et à ce titre responsable du groupement interministériel de contrôle (GIC), chargé des « interceptions de sécurité ». Il avait reconnu dans ce cadre avoir autorisé certaines écoutes illégales. Condamné en 2005, il a été dispensé de peine.

Ses opposants à Dunkerque pointaient aussi lors de sa défaite en 2014 « l’usure du pouvoir »  de cet incontournable responsable politique et sa « propension à cumuler mandats et fonctions diverses »  et à « tout contrôler ». « Peut-être que le pouvoir m’a rendu un peu autiste », concédait-il en 2015 sur France 3, reconnaissant avoir « peut-être abusé »  de l’accumulation de fonctions.  

Il s’était progressivement retiré de la vie publique, s’en effaçant tout à fait en 2017 à son départ du Sénat. Selon l’entourage du défunt, qui laisse son épouse et une fille, les obsèques auront lieu vendredi en l’église Saint-Éloi de Dunkerque.

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