Après un reflux durant le covid, les crimes et délits racistes continuent de progresser
Par A.W.
Les services de police et de gendarmerie nationales ont enregistré, l’an passé, 12 600 infractions « à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux » sur l’ensemble du territoire, ce qui a représenté une « légère » baisse de 4 % par rapport à 2021, selon une note statistique publiée par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Après une hausse régulière des infractions depuis 2017, « freinée en 2020 en raison de la crise sanitaire » (- 2 %), ce sont près de 6 000 contraventions et près de 6 600 crimes ou délits commis « en raison de l’ethnie, de la nation, d’une prétendue race ou de la religion » qui ont ainsi été recensés en 2022 dans l’Hexagone.
Injures, provocations et diffamations pour l’essentiel
Bien que les contraventions (essentiellement des injures non publiques) aient diminué de 12 %, les crimes et délits ont, eux, progressé de 5 % par rapport à 2021. Une année durant laquelle ils avaient déjà repris leur tendance à la hausse (+ 19 %).
Mais, « comme les années précédentes, la majorité des crimes et délits […] enregistrés par les forces de sécurité sont des injures, provocations ou diffamations », celles-ci représentant 65 % des infractions en 2022, avec un peu plus de 4 200 délits ou crimes de ce type recensés. En légère hausse (+ 4 %) par rapport à 2021.
Suivent ensuite les « menaces et chantages » (1 103, en baisse de 8 % après avoir fortement progressé en 2021), les « atteintes à la vie et violences » (368, en forte augmentation de 31 %), les « discriminations » (278, en hausse de 22 %) et les « atteintes aux biens » (175, quasiment stable), ces dernières restants toutefois « rares », selon le SSMSI.
Dans la majorité des cas, les violences n’ont entraîné aucune interruption temporaire de travail (ITT), mais « dans 32 % des cas, elles ont été suivies d’une ITT n’excédant pas 8 jours, et dans 7 % des cas, d’une ITT supérieure à huit jours », détaillent les auteurs de la note.
Et si les atteintes « à caractère raciste » sont en augmentation régulière depuis plusieurs années, « cela peut à la fois relever d’une hausse du phénomène mais également d’une meilleure prise en charge de ces actes par les services de sécurité et d’une plus grande sensibilisation de la société notamment à travers des plans nationaux de lutte contre toutes les formes de racisme », avance le SSMSI, sans trancher.
Paris, très loin devant les communes rurales
Reste que derrière ces statistiques se révèlent des disparités territoriales. Sur la période 2020-2022, le nombre de crimes ou délits à caractère raciste enregistrés par habitant a ainsi été plus important en Île-de-France que dans le reste de la France, notamment à Paris avec 2,4 infractions pour 10 000 habitants.
Dans une moindre mesure, on peut également citer la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise ainsi que le Bas-Rhin, les Alpes-Maritimes et le Rhône (entre 1,3 et 1,7 infraction pour 10 000 habitants). À l’inverse, ces taux chutent à moins de 0,5 infraction pour 10 000 habitants dans le Gers, en Ardèche, en Vendée, à La Réunion ou à Mayotte, notamment.
Le SSMSI constate également que « les taux de crimes et délits à caractère raciste par habitant augmentent en fonction de la taille des communes, variant ainsi de 0,3 victime pour 10 000 habitants dans les communes rurales à 1,6 victime pour 10 000 habitants dans l’unité urbaine de Paris ».
S’agissant des contraventions, le pays est clairement divisé en deux avec des taux qui sont plus élevés sur toute la partie est de la France.
Seules 5 % des victimes d’injures « racistes » enregistrées
Les hommes, les personnes âgées de 25 à 54 ans et les étrangers ressortissants d’un pays d’Afrique sont surreprésentés parmi les victimes de crimes ou délits à caractère raciste enregistrées.
Dans le détail, les hommes représentaient 59 % des victimes (alors qu’ils sont 48 % dans l’ensemble de la population) et les personnes âgées entre 35 et 44 ans 28 % des victimes (alors qu’ils ne constituent que 13 % de la population). S’agissant de la part des personnes étrangères ressortissantes d’un pays d’Afrique, elles représentaient à elles seules 12 % des victimes, contre 4 % de l’ensemble de la population.
À l’inverse, « les mis en cause pour crime ou délit "à caractère raciste" ont des caractéristiques sociodémographiques beaucoup plus proches de la population générale que les mis en cause pour crimes ou délits pris dans leur ensemble », indiquent les auteurs de la note.
Ceux-ci rappellent, enfin, que les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentent « qu’une faible part des personnes ayant subi des atteintes à caractère raciste ». Ainsi, selon l’enquête Cadre de vie et sécurité, sur la période 2013-2018, « 25 % des victimes de menaces ou violences physiques "racistes" et 5 % des victimes d’injures "racistes" ont, en moyenne, fait le déplacement en commissariat de police ou brigade de gendarmerie et seules 14 % et 2 % de ces victimes ont déclaré avoir formellement déposé plainte ».
Télécharger la note de la SSMSI.
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