Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 28 juin 2023
Mobilité durable

Développer le vélo dans les quartiers prioritaires : une politique publique sur mesure

Un guide à destination des collectivités ayant des quartiers prioritaires sur leur territoire a été publié hier par le Club des villes et territoires cyclables et marchables. Conseils, exemples de terrain, données nationales : plusieurs pistes sont données aux élus pour encourager la pratique du vélo et de la marche à pied.

Par Lucile Bonnin

Selon la dernière enquête mobilité des personnes réalisée en 2018 et 2019, la population des quartiers prioritaires de la politique de la ville marche davantage mais pédale moins qu'en dehors de ces quartiers. 

« Alors que la part modale de la marche s’élève à 45,7 % dans les quartiers de la politique de la ville contre 22 % en dehors, la part modale du vélo est inférieure à la moyenne nationale (1,9 % contre 2,8 %) » . C’est notamment ce que met en avant le Club des villes et territoires cyclables et marchables dans son guide publié hier intitulé À pied et à vélo 2023 dans les quartiers prioritaires ». 

Contexte à prendre en compte

L’enjeu, dans un contexte où les collectivités encouragent de plus en plus les mobilités douces, est de comprendre comment encourager ce type de mobilité en fonction de la réalité des habitants et de leurs pratiques. Le guide rappelle à juste titre les particularismes à prendre en compte : les administrés sont moins mobiles et surtout moins motorisés (44,6 % des ménages ne possèdent pas de véhicule). De plus, si la pratique de la marche peut être perçue positivement, elle traduit aussi dans ces quartiers le fait qu’une grande partie des activités des résidents se font à proximité de chez eux. « Cela renforce l’idée que les résidents des quartiers prioritaires sont en quelque sorte captifs à leur quartier » , peut-on lire dans le guide. 

Actuellement, on compte 1 514 quartiers prioritaires situés dans 859 communes. Parmi leurs 4,8 millions d’habitants, plus de 44,7 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit trois fois plus important que la moyenne nationale de 14,6 %. Ainsi, « les QPV concentrent certaines contraintes »  qu’il faut prendre en compte pour améliorer l’accessibilité et l’équité, agir pour l’environnement, favoriser l’insertion professionnelle et la création d’emplois, encourager une pratique bonne pour la santé et contribuer à la cohésion sociale au sein des QPV. 

Un système marche et vélo adapté 

Plusieurs postes sont à explorer dans ce guide d’une centaine de pages. D’abord, « le développement de services solidaires et inclusifs et d’opération de sensibilisation »  constitue une première piste à explorer. La fragilité économique des habitants des QPV fait que le coût d’achat ou de location d’un vélo peut représenter un frein majeur à la pratique. 

Les auteurs du guide relèvent que « de plus en plus de collectivités développent des aides et des dispositifs permettant de renforcer l’accès au vélo pour les plus modestes et les personnes en parcours d’insertion : aides à l’achat, prêt, don, location etc. Le nombre de collectivités proposant des aides à l’achat a été multiplié par 5 depuis 2015 et par 3,5 pour les services de vélos en libre-service ». 

Il est avant tout conseillé dans la guide d’accompagner les habitants avant de mettre en place l’aide financière. Par exemple, « les régies de quartier de Stains et de Saint-Denis (93) emploient un conseiller en mobilité qui accompagne les habitants »  dont l’objectif « est de renseigner au mieux les bénéficiaires sur le sujet et les accompagner vers une solution adaptée ». 

Partant du constat qu’une méconnaissance persiste au sujet de ces mobilités, il est également conseillé de miser sur l’apprentissage des jeunes et des adultes. Le Savoir rouler à vélo (lire Maire info du 21 juin) destiné aux enfants de 6 à 11 ans est identifié comme un vrai biais de sensibiliser des plus jeunes. D’autres initiatives assez nouvelles émergent aussi comme le vélobus ou le pédibus qui fonctionnent : « il s’agit de parcourir le trajet à pied ou à vélo en rassemblant les enfants d’un quartier encadrés par un ou plusieurs adultes ». 

Enfin, d’un point de vue plus technique, « pour favoriser l’utilisation de ces modes de transport, il est essentiel de proposer des itinéraires aménagés, sécurisés et adaptés aux cyclistes et aux piétons ».  

Plus indispensable encore : développer massivement le stationnement sécurisé pour les vélos. Selon l’Ademe, les solutions de stationnement sécurisé pour les vélos manquent dans le parc de logement social. En 2020, 1 493 900 logements sociaux constituaient le parc locatif dans les QPV. Ainsi, « le développement du stationnement, au sein des ensembles d’habitation est impératif pour développer la pratique et permettre aux habitants de s’équiper sans crainte » . Pour le moment, 55 % des collectivités interrogées dans le cadre de l‘élaboration de ce guide déclarent ne pas collaborer directement avec des bailleurs pour la mise en place de stationnements vélos dans les quartiers. Une piste importante est donc à explorer sur le sujet. 

Télécharger le guide. 

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