Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 16 juillet 2021
Politique de la ville

Deux milliards d'euros en plus pour le renouvellement urbain

Le programme national de renouvellement urbain avance à un rythme accéléré depuis le début de l'année sous le double effet d'une rallonge budgétaire et de procédures d'instruction améliorées. Olivier Klein, président de l'Anru, maire de Clichy-sous-Bois, fait le point pour Maire info.

Par Emmanuelle Stroesser

Fin juin, près de 90 % des projets de quartiers étaient validés, soit 411 sur les 450 concernés (1). Surtout, les chantiers ont démarré dans 291 d'entre eux. Autrement dit, l'objectif fixé par le Premier ministre lors du comité interministériel des villes (CIV) de janvier 2021 (le démarrage des travaux dans 300 quartiers au moins avant fin 2021) est atteint.  Avec six mois d'avance, s'est même félicité Jean Castex lors du comité de suivi du CIV, samedi à Clichy-sous-Bois. « Nous sommes en avance », confirme Olivier Klein, le président de l'Anru (Agence nationale du renouvellement urbain). « Mais ce n'est pas une fin en soi. Et nous allons continuer à aider les collectivités locales à accélérer leurs projets », indique le maire de Clichy-sous-Bois. 

Le but est que les chantiers démarrent vite « sitôt le projet validé en comité d'engagement ». Au 14 juillet, le chiffre de 300 quartiers validés a été atteint. Il reste surtout des « gros projets »  à valider, complexes, comme celui de Marseille.

La relance des 2 milliards

Cette accélération a plusieurs causes. C'est notamment l'effet de procédures revues, à l'aune des critiques remontées par les élus locaux. C'est aussi, clairement, l'impact du plan de relance. Le président de l’Anru avait plaidé pour une rallonge budgétaire auprès de Matignon, avec la proposition d'ajouter 2 milliards d'euros au budget de l'Anru (de 10 milliards). « On aurait bien sûr su quoi faire de plus mais c'était la jauge jugée de part et d'autre comme la plus réaliste… », explique Olivier Klein. De fait, ce coup de pouce annoncé en janvier vient de se concrétiser avec la signature, samedi 10 juillet, de l'avenant à la convention tripartite entre l’État, l’Anru et Action logement (2).

« Cette capacité était connue depuis janvier et a permis aux porteurs de projet et au comité d'engagement de l'agence d'avoir une vision plus ambitieuse »  lors de l'examen des projets depuis le début de l'année, poursuit Olivier Klein. Cela concerne déjà 20 projets qui n'étaient pas passés en comité d'engagement, comme 28 autres qui ont pu être « amplifiés »  dans le cadre de leur clause de revoyure.

L'effet covid-19

Sans cette aide, la voilure aurait dû être revue. « Sur les dix ans que dure un projet de renouvellement urbain, on sait qu'on peut redistribuer des sommes car certains projets ne dépensent pas tout le budget prévu. Mais on aurait eu des difficultés à accompagner les derniers projets, et on aurait dû en revoir d'autres à la baisse dans leurs ambitions, à cause des surcoûts liés à la crise du covid-19 », précise Olivier Klein. Ces surcoûts résultent de « la hausse des prix de matériaux », « des effets des gestes barrières sur les chantiers »  mais aussi des réflexions nées des périodes de confinement sur la nécessité de nouveaux aménagements de balcons, d'espaces publics, etc.  C'est aussi une leçon de la crise. « Partout où l'on peut créer des espaces extérieurs agréables, il faut le faire »  acquiesce Olivier Klein. 

L'école, l'équipement phare des quartiers

Dans ces projets, les opérations sur des équipements comptent pour environ 20 %. Parmi ces équipements, l'école est particulièrement chère au président de l'Anru. Il reste persuadé que « faire le mur ne suffit pas », comme un atelier des journées de la rénovation urbaine l'avait titré début juillet. Pour Olivier Klein, « l'inscription et l'ouverture de l'école sur la ville, en dehors du temps de l'école, devrait presque devenir la règle ». Il se « désespère »  de voir des écoles « barricadées le week-end et les vacances », alors qu’elles devraient au contraire « s'ouvrir sur la ville ». L'Anru a d'ailleurs rédigé un cahier pratique sur le sujet (3).

Dans le baromètre diffusé lors de ces journées, 69 % des habitants interrogés estiment qu’il est prioritaire de rénover ou construire des équipements publics (écoles, médiathèques, crèches…). « Le renouvellement urbain, c'est un tout », défend Olivier Klein. « Si on veut réussir l'objectif de mixité, c'est en créant des quartiers où il fait bon vivre, cela commence par y garder la population qui va bien. » 

L'autre constat, c'est aussi qu'il y a moins de reconstructions (72 900) que de démolitions (93 000) sur les projets jusque-là validés. Mais Olivier Klein l'assure, « il peut y avoir des exceptions en zones détendues où la reconstruction est inférieure au ‘’un pour un’’, mais le principe reste celui de la reconstruction de l'offre ». 

Comme il le rappelle enfin, l'Anru n'est « que le bras de levier »  du renouvellement urbain. Les 12 milliards d'euros de l'Anru investis dans les quartiers, entrainent au total 48 milliards d'euros en additionnant les bailleurs, les promoteurs, les collectivités locales.

(1) Ce bilan date du dernier conseil d'administration de l'Agence de renouvellement urbain (Anru), du 30 juin.
(2) Action logement participe à hauteur de 1,4 milliard d'euros sur les 2 milliards
(3) En téléchargement sur son site (www.anru.fr)

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