Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 6 novembre 2013
Métropoles

Des élus franciliens de toutes tendances critiquent la future métropole du Grand Paris

Des élus du syndicat mixte Paris Métropole ont donné hier une conférence de presse lors de laquelle, toutes tendances politiques confondues, ils ont fustigé le projet de Métropole du Grand Paris tel qu’il existe en l’état. Paris Métropole, qui regroupe 207 collectivités d’Ile-de-France, n’est pas hostile au principe d’une métropole, puisque son objectif est précisément d’œuvrer à la construction de celle-ci. Mais le projet de loi tel qu’il a émané du vote du Sénat début octobre et avant un retour à l’Assemblée fin novembre (lire Maire info du 7 octobre 2013) provoque la colère des élus du syndicat.
« Machin », « ovni », « confiscatoire des libertés », « inacceptable sur le plan fiscal » … les élus de Paris métropole ont eu des mots très durs pour le projet du gouvernement, qu’ils jugent susceptible de « casser les dynamiques territoriales »  créées ces dernières années. Ils rappellent que 75% des 207 collectivités adhérentes au syndicat mixte se sont prononcées contre le projet du gouvernement. Et ce, indépendamment des clivages politiques : à la conférence de presse d’hier se sont exprimés successivement et avec la même virulence le communiste Patrick Braouzec, l’UDI Philippe Laurent, le socialiste Daniel Breuiller, l’UMP François Kosciusko-Morizet ou le MRC Jean-Luc Laurent (respectivement maires de Saint-Denis, de Sceaux, d’Arcueil, de Sèvres et du Kremlin-Bicêtre).
Ce qui fâche le plus ces élus est la disparition programmée des intercommunalités franciliennes dans cette future métropole : « Le projet confisque les libertés héritées des lois Defferre, juge par exemple Jacques Jean-Paul Martin, maire de Nogent-sur-Marne, et constitue un retour à l’administration des années 1960 ». Les maires des communes n’auraient selon ces élus quasiment plus de pouvoir – « à part celui d’un maire d’arrondissement parisien ». Ils dénoncent également le flou qui règne sur l’avenir des fonctionnaires territoriaux et la manière dont vont s’opérer les transferts des personnels lors des transferts de compétence vers le Grand Paris – rappelons que celui-ci devrait récupérer des compétences majeures telles que l’habitat, l’environnement ou la politique de la ville.
Philippe Laurent a quant à lui regretté qu’il n’y ait « pas la moindre étude d’impact », allant dans le même sens que l’Association des maires de France qui manifestait, début octobre, son « incompréhension face à l’absence d’éléments financiers et fiscaux »  dans le projet de loi.
En fin de semaine dernière, Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et défenseur du projet de loi du gouvernement, s’était exprimé dans une interview au journal Metro, notamment sur cette crainte de certains élus face à la disparition des intercommunalités. « Nous cherchons une solution juridique, a-t-il concédé, qui permettrait de maintenir le statut de ces territoires »  (les intercommunalités). Il a par ailleurs déclaré qu’en revanche, « la question de la suppression des départements en Ile-de-France serait abordée lors du débat à l’Assemblée nationale. »  Rappelant que, dès 2020, un président de la métropole sera élu au suffrage universel, Jean-Marie Le Guen estime que celle-ci sera « une sorte de Sénat de Paris et de la petite couronne », et qu’elle « mettra fin à 150 ans de coupure entre Paris et sa banlieue ».

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