Dépistage : le gouvernement déploie près de 500 000 autotests pour les publics précaires
Par A.W.
Dans une instruction interministérielle publiée vendredi et adressée aux préfets et aux directeurs généraux des Agences régionales de santé (ARS), les ministres des Solidarités et de la Santé et de l'Intérieur, Olivier Véran et Gérald Darmanin, ont présenté leur plan de déploiement d’autotests « issus du stock de l’État » auprès des « publics précaires ».
Personnes en grande précarité et résidant en bidonville
Ce nouvel outil, qualifié d’« opportunité de santé publique » par le Conseil scientifique, dans son avis du 19 avril, doit venir compléter les dispositifs de dépistage (tests PCR et antigéniques) jusqu’ici disponibles en permettant le « dépistage régulier en population générale », mais également d’« atteindre les publics [qui en sont] les plus éloignés ». Ceci, bien que ces autotests restent moins sensibles qu’un test PCR classique, notamment chez les asymptomatiques.
Ce sont ainsi « 475 000 tests » qui ont commencé à être déployés dans l’ensemble des départements métropolitains (les départements d'outre-mer disposant de « dotations spécifiques » ) depuis la semaine du 3 mai, dans le cadre d’une « opération spécifique » à destination de ces publics précaires.
Pour l’heure, cette opération s’adresse « principalement » à deux types de publics : les « personnes résidant en camp, en squat ou en bidonville » et les « personnes en grande précarité (sans domicile stable), ce qui revient en termes administratifs aux secteurs AHI (Accueil hébergement insertion, regroupant diverses structures d’hébergement et les accueils de jour, relevant du ministère chargé du logement) et éventuellement DNA (Dispositif national d’asile, relevant du ministère de l’intérieur) », détaillent les deux ministres.
Cet outil de surveillance épidémiologique devant être « utilisé de manière itérative » (une à deux fois par semaine, selon l’instruction), une telle « contrainte rend difficile le déploiement de ces tests auprès des publics sans domicile fixe ou par le biais des dispositifs d’aide alimentaire, d’accueils de jour... », a expliqué récemment dans un communiqué l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopps), à la suite d’une réunion avec le cabinet d’Olivier Véran sur le sujet, précisant que c’est « ce qui explique que le gouvernement privilégie pour l’instant les publics hébergés et accompagnés au long terme, ou en squats et bidonvilles ».
« Une attention particulière » pour les quartiers
Une « seconde phase » est d’ores et déjà prévue en élargissant l’opération aux « personnes recourant à l’aide alimentaire » et aux « personnes précaires et/ou éloignées du système de santé résidant en quartiers prioritaires de la politique de la ville », avec « une attention particulière » pour ces quartiers « dans le courant du mois de mai 2021 ».
A noter que ces 475 000 autotests doivent être répartis sur l’ensemble des départements métropolitains « selon une clé de répartition fondée sur des indicateurs de population et de pauvreté (population, population sous le seuil de pauvreté, nombre de places d’hébergement) », indiquent les deux ministres.
Pilotage territorial
Mais, « étant donné l’hétérogénéité des publics concernés et des situations locales », Olivier Véran et Gérald Darmanin ont convenu que ce déploiement nécessitait un « pilotage territorial ». Les ARS et les préfectures ont ainsi été chargées d’organiser la distribution « en concertation avec les élus » afin de déterminer localement la liste des associations et acteurs chargés du déploiement, les volumes associés à chaque public, quel public est prioritaire parmi les personnes en grande précarité et celles résidant en bidonvilles, squats ou camps… « En fonction des circonstances locales, d’autres publics en situation de précarité [peuvent] être intégrés dans le déploiement », indiquent toutefois les deux ministres.
Pour réaliser ces choix, ARS et préfectures doivent « tenir compte des publics cibles potentiels et des indicateurs territoriaux permettant d’identifier les bassins de vie qui connaissent la circulation épidémique la plus active ». Ainsi, les préfets doivent notamment s’appuyer sur « les opérateurs de l’hébergement, les associations et les acteurs sociaux du territoire pour organiser le déploiement, ainsi que sur les collectivités territoriales (centres communaux d'action sociale [CCAS], centres intercommunaux d'action sociale [CIAS], services sociaux des conseils départementaux, etc.) » alors que les délégués territoriaux des ARS doivent « mobiliser également, dans la mesure du possible, les médiateurs de lutte anti-covid [LAC] pour appuyer les actions des acteurs sociaux et territoriaux identifiés ».
Dans le courant de la semaine du 3 mai, les préfets ont dû organiser « une concertation, copilotée avec l’unité territoriale de l’ARS, avec les élus locaux du territoire, les opérateurs de l’hébergement et les têtes de réseaux associatifs accompagnant les publics concernés, afin d’expliquer les lignes directrices de l’opération, les caractéristiques des autotests et les modalités de déploiement envisagées ». A cette occasion, un kit de déploiement des autotests visant à accompagner les acteurs publics et un guide autotest, annexés à l'instruction interministérielle, ont dû être fournis aux acteurs mobilisés.
Alors qu’une grande partie des autotests destinés à dépister les lycéens n'avaient pas encore été livrés aux établissements en début de semaine dernière, les préfets vont devoir rendre compte aujourd’hui des premiers déploiements effectués (volumes en cause, éléments d’appréciation qualitative) et de la liste des acteurs mobilisés concernant le déploiement du dispositif pour les publics précaires.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Réouvertures, mariages, pass sanitaire... : les dernières précisions du gouvernement
Santé : les conditions d'octroi du label des hôpitaux de proximité
CPTS, MSP... Comment le gouvernement encourage l'exercice coordonné des soins
Stationnement et handicap : deux jurisprudences du Conseil d'État