Édition du mercredi 14 novembre 2007
Déchets électroniques: la filière a décollé mais reste en butte aux pillards
La jeune filière de recyclage des vieux ordinateurs, réfrigérateurs et téléviseurs mise en place il y a un an a réussi son décollage, mais se heurte au pillage des déchetteries, alors que les prix des métaux s'envolent.
On collecte en France trois fois plus de déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) en vue du recyclage depuis un an, soit 3,4 kg/habitant/an en août 2007 contre 1,36 kg/habitant/an au début de l'année, selon les chiffres du ministère de l'Ecologie. «Après 12 mois de fonctionnement, le bilan est vraiment positif», s'est félicité mardi Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'état à l'Ecologie. «L'objectif de collecte des DEEE ménagers de 4 kg par an et par habitant fixé par la directive européenne devrait pouvoir être atteint très prochainement», a-t-elle estimé.
Ordinateurs obsolètes ou consoles vidéo dépassées, réfrigérateurs hors d'âge et télés à bout de souffle doivent être envoyés dans des centres spécialisés pour y être désossés et recyclés proprement. Il s'agit d'éviter qu'ils ne finissent en décharge avec tous les risques de pollution inhérents à leurs composants - métaux, plastiques, gaz à effet de serre, piles et accumulateurs, tubes cathodiques, écrans à cristaux liquides.
Les déchets d'équipements électriques et électroniques ménagers représentent environ 1,3 million de tonnes par an en France.
Depuis le 15 novembre 2006, les producteurs de ces équipements ont l'obligation de prendre en charge l'élimination de leurs produits une fois hors d'usage, le distributeur étant tenu de reprendre gratuitement l'ancien appareil lors de la vente d'un nouvel équipement.
A l'approche des fêtes de fin d'année, la ministre a exprimé l'espoir «qu'on ne se retrouve pas au lendemain de Noël avec sur les trottoirs tous les vieux trucs qui finiraient dans des incinérateurs, remplacés par des cadeaux».
Quelque 10.300 points de collecte ont été mis en place en France auxquels s'ajoutent 2.000 points de collecte sélective installés par des collectivités locales, sur une base volontaire.
Reste «un problème non résolu», a commenté Nathalie Kosciusko-Morizet, celui du «vandalisme et le pillage des déchetteries, une pratique qui a une origine structurelle dans le coût élevé des matières premières». Pour la ministre, «c'est une nouvelle délinquance qui est en train d'émerger, qui pose un problème environnemental car elle peut déboucher sur des pollutions locales», la protection de l'environnement ne figurant pas parmi les priorités des pillards. Dopés par les très fortes hausses des prix du plomb, de l'étain ou du cuivre, les vols de métaux ont augmenté de 144% entre 2005 et 2006, selon les chiffres de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI). Ces vols ont cependant diminué de 27 % au cours des dix premiers mois de 2007, à la suite d'un plan d'action national lancé en janvier 2007.
Pour endiguer les vols de ferraille dans les déchetteries, «les solutions ne sont pas évidentes», a souligné la ministre, le gardiennage coûte cher et la sécurité des gardiens peut être mise en cause. «Or, ce sont les collectivités locales qui payent les gardiens», a fait remarquer Michel Bourgain, vice-président de l'Association des maires de France et président de la commission de suivi des DEEE.
«Ce genre de délinquance est mal prise en compte. La police de l'environnement est très éclatée», a reconnu la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.c=http://www.advabn
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